Interrogé par les sénateurs, ce jeudi matin, le contrôleur général Christian Nussbaum a confirmé qu’une nouvelle unité, de « 50 fonctionnaires », intègre la police de Mamoudzou pour lutter contre les violences urbaines, accompagnés « d’unités canines ». Ils auront pour objectif d’aller plus rapidement au contact pour appréhender les auteurs. Un sujet de notre partenaire Mayotte Hebdo.
Constatant « qu’il y a un espace » entre le Raid et la Bac (brigade anti-criminalité), la police nationale crée à Mayotte une nouvelle force intermédiaire. C’est ce qu’a assuré le chef de la mission outre-mer au sein de la police nationale, Christian Nussbaum, lors d’une audition au Sénat, ce jeudi matin.
Au cours des échanges qui ont beaucoup porté sur l’insécurité à Mayotte, il a donné quelques détails aux sénateurs mahorais, Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili, car le premier a noté « un changement de doctrine » chez les forces de l’ordre qui vont « chercher les voyous où il se cachent ». Le contrôleur général a répondu qu’un appel ponctuel à candidatures est en cours pour recruter « 50 fonctionnaires » destinés à rentrer dans la nouvelle unité.
Voulue par le directeur départemental de la police nationale, le commissaire Hervé Derache, celle-ci va « pouvoir maintenir le dispositif sur le barrage et partir derrière les gars pour les attraper », poursuit Christian Nussbaum. En outre, ces nouveaux policiers seront équipés d’unités canines. « On se rend compte que les chiens peuvent être très utiles dans les violences urbaines qu’on connaît à Mayotte », ajoute le directeur, promettant des effectifs sur place « entre le 1er mars et le 1er mai ».
Ce nouveau dispositif s’ajoute à la pérennisation, l’année dernière, de l’antenne du Raid à Mayotte. Alors qu’un chef vient d’être installé à sa tête, cette unité d’élite de la police nationale sort de son rôle à Mayotte, reconnaît le chef de la mission outre-mer. Celle-ci vient normalement en soutien de collègues pris à partie. Mais les affrontements à Mayotte entre bandes et forces de l’ordre, qui se démarquent davantage par leur fréquence que leur durée, rendent les interventions du Raid caduques. « Ce qu’on fait, avec l’accord du chef de Raid, on pré-positionne le Raid sur le dispositif pour intervenir plus rapidement », révèle le policier auditionné ce jeudi.
Autre annonce, la création d’un groupe d’une dizaine de personnes au sein de la police judiciaire spécialisée dans le phénomène de bandes « avec des spécialistes de l’exploitation de vidéos par drones » et des améliorations en matière de renseignement. Il annonce une opération Wuambushu 2 avec moins de policiers que la première version. Les renforts serviront à identifier les chefs de bande et démanteler les réseaux de l’immigration illégale. Sur ce point, il promet d’être « plus efficaces » sur le volet judiciaire. En effet, parmi ceux qualifiés de « chefs de bande » en 2023, il apparaît que certains n’étaient connus que pour quelques faits de délinquance.
Des effectifs à plus de 50% mahorais
C’est une demande également des sénateurs mahorais, que la police nationale à Mayotte comprenne davantage d’agents mahorais. Le policier indique que des efforts vont être faits avec un temps de présence obligatoire dans l’Hexagone diminué. « On va pouvoir recruter de jeunes mahorais qui nous seront très utiles eu égard de la typologie des lieux », fait-il remarquer. A la même demande formulée par les élus réunionnais, la commissaire Céline Personeni répond que beaucoup de Réunionnais ont pu revenir sur leur île et qu’il y a justement un contrecoup puisque les postes ouverts se raréfient ensuite.
Sur la situation à Mayotte, Christian Nussbaum rappelle que des GPO (groupes de partenariat opérationnel) vont voir le jour pour davantage sécuriser les sorties d’établissement. Il s’agit d’une demande du nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Parmi les objectifs de ce moyen de lutte contre la délinquance, le policier veut davantage « responsabiliser les parents ». « Je pense qu’il y a beaucoup de parents qui ne savent peut-être pas que leurs progénitures sur le chemin de l’école jettent des pierres et participent à des violences urbaines. Si les parents sont au courant, ça changera peut-être la donne pour certains », espère le contrôleur général.
Alexis Duclos pour Mayotte Hebdo