Pour la première fois, l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) dresse un état des lieux du monde des startups à La Réunion. Avec un peu plus de 70 startups identifiées en 2024, l’étude met en lumière un écosystème de start-ups en construction. Jeunes, enthousiastes, mais fragiles, ces structures ont besoin d’un accompagnement plus fin, d’un accès simplifié au financement et d’un modèle économique plus axé sur la rentabilité pour transformer leur potentiel en succès durable, explique le communiqué de l’Institut.
À La Réunion, on compte un peu plus de 70 start-ups en 2024, soit un poids relativement modeste dans le tissu économique local. Une dizaine de ces entreprises peut être considérée comme « scalables », c’est-à-dire capables de croître rapidement tout en maîtrisant cette croissance. Les autres se situent principalement en phase d’idéation (étude de faisabilité d’un projet) ou de création. Logiquement, elles génèrent peu de chiffre d’affaires et d’emplois : 80 % déclarent un chiffre d’affaires inférieur à 100 000 euros et près des deux tiers emploient moins de cinq personnes, souvent les seuls fondateurs.
Les start-ups réunionnaises se répartissent dans plusieurs secteurs, avec une dominance notable du domaine de la santé (17 %). Viennent ensuite les activités liées à la transition écologique et au développement durable (16 %) ainsi que les technologies numériques comme les big data, le cloud ou la cyber-sécurité (13 %). Ces choix traduisent un ancrage dans des problématiques contemporaines, locales comme globales, mais la jeunesse des structures limite encore leur impact économique réel.
Le rôle clé du porteur de projet
Interrogés par l’IEDOM, les dirigeants de start-ups insistent sur un point central : la réussite d’un projet dépend avant tout de la personne qui le porte. Le chef d’entreprise représente une figure-clé, à la fois moteur, garant du projet et premier interlocuteur des investisseurs. Ce constat plaide pour un accompagnement managérial plus personnalisé. Les entrepreneurs demandent l’appui de mentors ou de comités d’experts locaux pour renforcer leurs compétences de gestion et de développement stratégique.
Des aides financières jugées utiles, mais difficilement accessibles
Si les aides publiques ou privées sont perçues comme un levier de croissance, elles restent souvent complexes à mobiliser pour des structures encore en construction. Le manque d’expertise spécifique au sein des réseaux bancaires ou investisseurs traditionnels locaux freine les projets de passage à l’échelle. Depuis 2020, la Banque de France et l’IEDOM ont mis en place un dispositif baptisé « correspondants Start-up ». Il vise à mieux accompagner les jeunes entreprises dans leur recherche de financement et dans l’attribution d’une cotation bancaire adaptée à leur profil.
Un modèle économique à réinventer... ou à recentrer
Au-delà des discours innovants, les dirigeants réunionnais semblent converger vers une vision pragmatique du succès entrepreneurial : il reposerait sur un modèle d’affaires similaire à celui d’une entreprise « traditionnelle », avec une priorité donnée à la rentabilité.