Pacifique : Un accord-cadre « historique » signé entre les Îles Cook et la Polynésie pour « renforcer la connectivité aérienne régionale »

©Présidence de la Polynésie française

Pacifique : Un accord-cadre « historique » signé entre les Îles Cook et la Polynésie pour « renforcer la connectivité aérienne régionale »

Actuellement aux Îles Cook, invité pour participer aux 60 ans du statut de libre association entre Avarua et Wellington, le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a signé avec le Premier ministre de l’État insulaire voisin, Mark Brown, un accord-cadre « historique » visant à « renforcer la connectivité aérienne régionale et les liens historiques » entre ces deux « peuples polynésiens », voire à termes, relancer la Route du Corail.

Plus précisément, « l’accord vise à encadrer juridiquement les liaisons aériennes entre la Polynésie française et les Îles Cook, en permettant notamment la désignation réciproque de transporteurs aériens autorisés à opérer des vols réguliers ; la mise en place d’accords commerciaux entre compagnies (partages de code, interlines, etc.) ; un cadre clair en matière de sécurité, de sûreté, et de supervision technique ; des dispositions favorables à la coopération entre autorités de l’aviation civile ».

Malgré son libellé, il a des visées plus larges que l’aérien, précisent nos partenaires de Radio 1 Tahiti. « En plus de formaliser les liaisons aériennes entre nos pays, l’ASA sert de catalyseur pour renforcer encore la coopération entre les acteurs publics et privés et ouvre de nouvelles opportunités pour le commerce, l’investissement et les échanges humains », expliquait fin avril le secrétaire aux Affaires étrangères des Cook, Tepaeru Herrmann.

L’accord doit surtout permettre aux deux pays « d’étendre leur accès à d’autres destinations ». Actuellement, la Polynésie et les Îles Cook sont reliées par les compagnies Air Tahiti et Air Rarotonga, du nom de l’île principale de l’État-associé. Air Rarotonga a aussi conclu un partage de code avec Air Tahiti Nui, permettant l’ouverture des Îles Cook avec l’Amérique du Nord.

Pour la Polynésie française, cet accord permettra « une meilleure intégration dans son environnement régional », et de la « réancrer durablement dans le Grand Pacifique ». « Vous savez il y a des circuits touristiques avec des gens qui viennent sur Tahiti et qui poursuivent vers les Cook », rappelle-t-il. « Et à l’inverse, parce que les Cook sont mieux reliées à l’Australie par exemple, il y a des gens qui peuvent venir d’Australie aux Cook et ensuite faire un ‘leg’ de plus vers la Polynésie ».

Un traité international inédit pour la Polynésie

Pour le gouvernement polynésien, « ce texte marque une avancée majeure dans la consolidation d’un espace aérien pacifique plus intégré, durable et solidaire. Ce traité international formel remplace en effet les échanges de lettres antérieurs par une base juridique robuste et durable, fondée sur le respect des normes internationales ».

Cet accord de services aériens en discussion depuis 2022 est une première pour la Polynésie. « Ça fait usage des articles 38 et 39 du statut : j’ai eu une délégation de pouvoir de la part du ministre des Affaires étrangères pour pouvoir signer en tant que président de la Polynésie cet accord », a abondé Moetai Brotherson, président polynésien, qui a paraphé le document en présence de l’Ambassadrice de France en Nouvelle-Zélande, aux Îles Cook et aux Samoa, Laurence Beau.

Les articles 38 et 39 du statut d’autonomie prévoient en effet la possibilité pour le président de négocier des accords internationaux, à condition de s’en tenir aux compétences du Pays ou aux pouvoirs spécifiquement confiés par l’État, de respecter les engagements internationaux antérieurs de la France, de tenir informé le ministère des Affaires étrangères, voire, de l’inclure dans les négociations, et donc d’obtenir une autorisation de signer du Quai d’Orsay. Ces accords doivent ensuite être soumis à l’Assemblée de Polynésie et ratifiés côté État, comme n’importe quel traité.

En attendant, et à travers cet accord, le gouvernement Brotherson espère développer des connexions et participer au tissage d’un réseau régional d’échanges aériens -et donc économiques- sur le modèle de la Route du Corail. Un parcours mythique qui était suivi, dans les années 50 par les hydravions de la Teal, ancêtre d’Air New Zealand, entre les différents archipels océaniens : Fidji, Tonga, Samoa, Cook, puis Tahiti…

La « start-up aérienne » FlyCoral Way, promue par l’homme d’affaires wallisien Louis Alphonse, et un temps pilotée depuis Papeete, avait déjà tenté cette résurrection, à partir de 2019. Le Covid et le manque d’investisseurs avaient définitivement eu raison du projet quatre ans plus tard. Du côté du gouvernement polynésien, on cherche, plus qu’à faire décoller des avions, à intensifier les échanges entre petits états insulaires. La présence à Rarotonga d’une bonne partie des dirigeants des pays de la région devrait permettre d’avancer dans les discussions.

Avec Radio 1 Tahiti