Chikungunya, piste longue, lutte contre l’immigration : Les principales annonces d’Emmanuel Macron au Conseil départemental de Mayotte

Chikungunya, piste longue, lutte contre l’immigration : Les principales annonces d’Emmanuel Macron au Conseil départemental de Mayotte

Le président de la République s’est entretenu ce lundi avec les élus de Mayotte, dans l’enceinte du Conseil départemental. Entretien à l’issue duquel le chef de l’État a prononcé un discours, annonçant l’abandon du projet de rallongement de l’actuelle piste de l’aéroport Marcel Henry, préférant un nouvel aéroport sur Grande-Terre, une nouvelle opération de lutte contre l’immigration illégale, le lancement d’une campagne de vaccination contre le chikungunya et surtout, la reconstruction fixée à 3,5 milliards d'euros.

Piste longue : Grande-Terre privilégiée

« Il faut qu’on tire les enseignements du passé, on ne va pas continuer à mentir et pousser des choses telles qu’elles ne se sont pas faites auparavant », a confié Emmanuel Macron, reconnaissant l’échec d’une promesse faite en 2019 : l’agrandissement de l’actuelle piste de l’aéroport Marcel Henry, situé sur Petite-Terre, en la rallongeant sur le lagon.

Or, après de nombreux rapports, le projet initial s’est avéré être soumis à des « risques », notamment « de submersion marine, de destruction de l’environnement, de risques sismiques », sans compter l’impossibilité d’exploiter l’aéroport pendant plusieurs années durant les travaux. Emmanuel Macron a donc dit sa préférence pour le projet de nouvel aéroport sur Grande-Terre, à Bouyouni, un site au nord de l’île, entre Longoni, Dzoumogné et M’tsangamouji.

Le président de la République est donc, ici, en désaccord avec les élus du Département qui ont voté une délibération, mi-avril, pour l’option d’un rallongement de la piste de Petite-Terre. « Si je veux faire plaisir à la majorité, je peux réitérer ma promesse de 2019 », et poursuivre le projet initial, quitte à se heurter à de nouvelles difficultés. « Cela n’est pas l’idée que je me fais de la sincérité et de la responsabilité qui est la mienne », a toutefois déclaré Emmanuel Macron.

Le déplacement de l’aéroport de Petite-Terre à Grande-Terre doit aussi s’accompagner d’un projet de développement économique des communes de Dzaoudzi et Pamandzi, qui perdront leur statut de porte d’entrée de l’archipel.

Lutte contre l’immigration illégale : 35 000 reconduites d’ici fin 2025

« L’immigration a changé, l’immigration qui existait, comorienne, s’est doublée d’une immigration qui vient du continent africain, qui accroît nos difficultés » a expliqué le chef de l’État sur le sujet de la lutte contre l’immigration illégale. Emmanuel Macron a ainsi annoncé le lancement ce lundi d’une nouvelle opération baptisée « Uhura wa Shaba », pour « mur de fer ».

Cette nouvelle opération vise notamment les 35 000 reconduites à la frontière par an et ce, dès cette fin 2025, moyennant le déploiement de nouveaux intercepteurs et radars, la montée en puissance du groupe d’appui opérationnel, le partage d’informations avec les pays de la région ou encore, la création « d'une zone d'attente pour les immigrés en situation irrégulière ». Le chef de l’État a aussi reconnu « l’anomalie » du titre de séjour territorialisé à Mayotte, fixant les demandeurs d’asile sur l’archipel, sans pour autant annoncer sa suppression.

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Un avis du Conseil d’État est attendu sur la loi de lutte contre l’immigration illégale le 7 mai. « Le texte de loi va permettre de lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine et les déclarations frauduleuses de paternité et de l’ensemble des mécanismes de fraude qui affaiblissent le fonctionnement de Mayotte ».

Mayotte à la COI : réaffirmer l’archipel dans sa région

Malgré le peu de chances que l’intégration ou l’inclusion de Mayotte à la COI aboutisse au Sommet des chefs d’État de l’organisation régionale auquel Emmanuel Macron doit participer mercredi à Madagascar, le président de la République veut toujours pousser le sujet et le mettre à l’ordre du jour des discussions, malgré le refus des Comores. « Je vais plaider un discours simple : la France tout entière a vocation à être dans la COI, La Réunion, mais aussi Mayotte ».

« La France finance 40% des programmes de la COI » a-t-il rappelé. « Il n’est pas normal que Mayotte n’en bénéficie pas. La volonté qui est la nôtre c’est d’offrir de nouveaux champs » a poursuivi Emmanuel Macron qui entend « offrir à Mayotte une coopération universitaire, alimentaire et économique ». « Je veux qu’on définisse les bonnes coopérations qui permettront d’avoir une vraie intégration alimentaire » insiste le chef de l’État, en prenant exemple de la lutte contre la vie chère : « il n’y aura pas de solutions contre la vie chère si on continue d’importer tout du territoire métropolitain ».

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« On a envie que Mayotte puisse bénéficier des programmes de la COI qu'on contribue à financer assez largement » a encore assuré Emmanuel Macron, qui plaide aussi pour la place primordiale de l’archipel au cœur du Canal du Mozambique, dans le cadre de projets gaziers et d’hydrocarbures, portés notamment par le groupe français Total. Mayotte pourrait ainsi être une base arrière, à la fois logistique, médicale et humaine pour ces projets.

Chikungunya : lancement de la vaccination

Si Mayotte n’est pas encore concernée par l’épidémie de chikungunya qui sévit actuellement sur l’île de La Réunion, les nombreux liens entre ces deux territoires de l’océan Indien ajoutés aux difficultés des infrastructures sanitaires de Mayotte font craindre une nouvelle crise à cette dernière. Emmanuel Macron a donc annoncé le lancement d’une campagne de vaccination ce mardi destinée aux adultes majeurs avec des comorbidités. Le vaccin IXCHIQ des laboratoires Valneva est par ailleurs déjà déployé à La Réunion.

Refondation de Mayotte : 3,5 milliards d’euros de 2025 à 2031

C’est le chiffre attendu : 3,5 milliards d’euros vont être mobilisés pour la refondation de Mayotte, de 2025 à 2031. Une somme qui sera actée dans deux textes de lois, l’un institutionnel (la loi-programme), l’autre davantage porté sur la problématique migratoire, qui doivent arriver sur les bancs du Sénat et de l’Assemblée nationale à partir de mai.

Emmanuel Macron a précisé que cette somme sera financée par des fonds nationaux et européens, et des bailleurs internationaux. Un chiffre qui s’ajoute aux 600 millions d’euros mobilisés pour l’urgence. « Sur les déchets, un fonds sera mobilisé » a aussi annoncé le président de la République. « Sur les assurances, on est en train de simplifier et d’accélérer les procédures pour répondre aux demandes. Le prêt à taux zéro, c’est maintenant possible. Je demande aux banques et aux assurances de s’en tenir aux textes » a-t-il ajouté, pointant du doigt la « sur procédure » leur permettant d’éviter les indemnisations.

« On est sorti de la phase aiguë » a estimé le chef de l’État qui salue « l'ensemble de la population pour le courage avec lequel elle a répondu ». Lors de ce déplacement à Mayotte, le second depuis le passage du cyclone Chido, Emmanuel Macron s’est rendu à Tsingoni, à la fois pour visiter la plus ancienne Mosquée de France et aussi aller à la rencontre des habitants et agriculteurs. 

Il s’est aussi rendu à Longoni, à l’occasion d’une séquence dédiée à la lutte contre l’immigration illégale, puis au Centre hospitalier de Mayotte. Le président de la République fait désormais route vers La Réunion pour la suite de son déplacement officiel dans l’océan Indien.