Le chef de l’État est arrivé ce lundi matin à Mayotte, première étape de sa visite officielle dans l’océan Indien. Pour sa deuxième visite dans le département après le passage du cyclone Chido, Emmanuel Macron entend, après la « réponse à l'urgence », passer à « la reconstruction durable de Mayotte » avec la loi-programme attendue au Parlement en mai.
« On a répondu à l'urgence extrême. Maintenant, je suis là pour faire le constat de ce qui est bien fait, ce qui n'est pas assez bien fait, pour donner un coup d'accélérateur (…), donner le cap des prochains mois et de la reconstruction » a déclaré le chef de l’État à son arrivée à Mayotte. Emmanuel Macron s’était rendu sur l’archipel quelques jours après le passage dévastateur du cyclone Chido.
Depuis, une première loi d’urgence a été votée au Parlement, tandis qu’une loi-programme doit être examinée en mai par le Sénat et l’Assemblée nationale. Sur place, l’impatience de la population et des élus se fait de plus en plus importante face à une reconstruction qui tarde à venir. « Les tours d'eau existaient avant le cyclone. Les grandes difficultés économiques et sociales étaient là » a rappelé le chef de l’État qui assure que « la période a été stabilisée ».
« À l'issue de ce déplacement, nous tiendrons un Conseil des ministres dans l'avion qui permettra, après la lecture au Conseil d'État, de passer en Conseil des ministres une loi organique et une loi de programmation pour la reconstruction de Mayotte, qui contiendra des dispositions pour lutter contre l'immigration clandestine, pour accélérer les délais de reconstruction, mais également établir une programmation en termes de travaux », a assuré Emmanuel Macron.
Le président de la République a confirmé le chiffre de 3 milliards d’euros pour la reconstruction de Mayotte. « Il y a une programmation qui est annexée à ce texte, qui va mobiliser des crédits publics et privés, des crédits nationaux, mais aussi, des fonds européens et des fonds internationaux pour permettre la reconstruction dans la durée et les grandes infrastructures qu'il y a derrière cette reconstruction », a-t-il assuré.
« Nous ne sommes pas au moment d'une reconstruction pleine et entière » a aussi constaté le président de la République qui reconnaît notamment les bidonvilles reconstruits tout de suite après le passage du cyclone, contre la volonté du gouvernement. « On a fait face à l'urgence, on a rétabli les réseaux, on a tout fait pour que les écoles soient rouvertes, (…) et on est maintenant au début d'une reconstruction durable de Mayotte ».
Une reconstruction durable qui passera, selon le chef de l’État, par « des opérations pérennes de lutte contre l'immigration clandestine ». « C’est ce qu'on a fait avec l'opération requin en février dernier, qu'on arrive au « décasage » et à la reconduite beaucoup plus efficacement et qu'on ait aussi des coopérations encore plus efficaces dans toute la sous-région », c’est-à-dire, au-delà des Comores, l’ensemble de l’Afrique des Grands lacs.
« Il faut avoir une ambition forte et une lucidité chevillée au corps » a estimé Emmanuel Macron qui « pense qu'on ne réglera pas tous les problèmes par un seul texte de loi ». « Il faut aussi mettre beaucoup plus de moyens (…) en défensif » et « être aussi conscient du fait que Mayotte a une situation inédite dans ce canal du Mozambique » : « une chance pour elle, pour son avenir, ces opportunités » mais aussi « un défi parce qu'elle est aujourd'hui de plus en plus contestée ».
Outre le « défi migratoire », « qui n’a pas attendu Chido », la loi-programme devrait aussi contenir des mesures sur les infrastructures « qui permettront au territoire de se projeter » : ports et aéroport notamment, avec la question de la piste longue. Cette loi « consolidera » également « les services publics : hôpitaux et forces régaliennes ». « Ensuite, tout le développement économique qu'il peut y avoir derrière », et dans la région du Canal du Mozambique. « Nous avons de grandes entreprises françaises qui sont en train de s'y déployer ». La loi va aussi aborder les questions de convergences économiques et sociales.
Après son arrivée, le président de la République s’est rendu à la mosquée de Tsingoni, la plus ancienne de France, accompagné par Brigitte Macron, mais aussi par les ministres Manuel Valls (Outre-mer), Annie Genevard (Agriculture), Yannick Neuder (Santé), Thani Mohamed-Soilihi (Francophonie et Partenariats internationaux) ainsi que du préfet nommé à la reconstruction de Mayotte, le général Facon. Après le 101ème département de France, Emmanuel Macron est attendu à La Réunion, puis à Madagascar et à l’île Maurice.