Du 5 au 7 novembre 2024, Mayotte a accueilli la 14ème édition du Forum Économique des Iles de l’Océan Indien. Sous le thème « Produire Régional », ce rendez-vous a exploré les moyens de promouvoir la durabilité et la coopération économique entre les îles. Durant ces quelques jours, l’entreprise Habit’Âme, avec son projet de logements modulables en plastique recyclé, a marqué les esprits en illustrant les opportunités qu’offre une transition écologique pour allier innovation, économie circulaire et inclusion sociale.
Au Forum Économique des Iles de l’Océan Indien, la société Habit’Âme a démontré comment une transition écologique peut devenir une opportunité économique. « Pour nous, il ne s’agit pas seulement de recycler. Il faut aller plus loin, penser à comment intégrer les valeurs culturelles et sociales de nos territoires dans chaque innovation », a ainsi expliqué Hannah Dominique, co-fondatrice et gérante de la structure. La cheffe d’entreprise a également souligné l’importance de réduire la dépendance aux importations, coûteuses et parfois inadaptées aux réalités locales. « Transformer nos ressources locales, c’est une manière de s’émanciper des intrants étrangers tout en valorisant ce que nous avons déjà sur place », explique-t-elle, tout en insistant sur l’importance de changer le regard porté sur les déchets : « Un déchet peut devenir une ressource. Il suffit de l’aborder avec créativité et ingéniosité. Nous misons sur des solutions low-tech et open source qui peuvent être adaptées à différents contextes ».
Habit’Âme, cofondée par Hannah Dominique, s’est donc donné pour mission de transformer les déchets plastiques en matériaux de construction pour des logements modulables. À Mayotte, où les défis environnementaux sont particulièrement pressants, cette initiative constitue une réponse locale et innovante. « Nous voulons prouver qu’il est possible de transformer nos déchets en ressources précieuses, tout en créant des logements accessibles à tous », souligne Hannah Dominique. « C’est une solution d’avenir qui répond à la fois à la crise du logement et au problème de la gestion des déchets ». Ces logements, conçus en kits faciles à assembler, s’adaptent parfaitement aux contraintes climatiques et environnementales locales. « L’éco-conception est notre ligne directrice. Dès le départ, nous pensons nos produits pour qu’ils soient économes en ressources et puissent être réutilisés ou recyclés en fin de vie ».
L’économie circulaire : une solution pour des territoires insulaires
Lors de cette nouvelle édition du FEIOI, qui s’est tenue dans la commune de Dembeni, l’économie circulaire a été mise en avant comme réponse aux défis environnementaux et sociaux des îles. L’économie sociale, solidaire et circulaire, c’est justement totalement inscrite dans l’ADN d’Habit’Âme. « C’est parce que nous avons une richesse incroyable dans nos territoires, qu’il s’agisse de biodiversité ou de ressources humaines, qu’il nous faut tout mettre en œuvre pour les proteger. Si nous protégeons et valorisons ces atouts, nous pourrons non seulement subvenir à nos besoins, mais aussi exporter notre savoir-faire », confirme la gérante de la structure.
L’un des ateliers de travail du forum était d’ailleurs dédié aux défis liés à l’emballage et au stockage des produits dans un climat tropical. Comment réduire les déchets d’emballage et promouvoir la durabilité tout au long de la chaîne logistique ? Telle a été l’une des grandes questions abordées. « À l’échelle d’une île, nous n’avons pas toujours toutes les ressources. Mais en travaillant avec nos voisins, nous pouvons mutualiser les compétences et créer des dynamiques positives pour toute la région », propose Hannah Dominique.
Des solutions locales à un problème global : voilà ce qui est ressorti de ces différents échanges. La coopération régionale pourrait donc trouver ici une nouvelle finalité, et l’économie circulaire en serait l’un de ses vecteurs les plus solides. « C’est une manière de penser et de produire qui respecte nos territoires, notre culture et notre environnement. De toute façon, si nous ne préservons pas notre biodiversité ensemble, nous n’aurons aucune valeur économique derrière ».
Plus de coopération régionale
Pour Habit’Âme, ce Forum Économique a également été l’occasion d’établir des partenariats avec d’autres acteurs régionaux, notamment des entreprises et des institutions. « Nous travaillons déjà avec des universités et des chercheurs pour développer des solutions adaptées. À Mayotte, nous n’avons pas encore toutes les compétences techniques nécessaires, mais nous les cherchons dans la région : à La Réunion, à Maurice ou même à Madagascar ».
Hannah Dominique voit également un potentiel immense dans la promotion des produits locaux : « Chaque territoire a son avantage comparatif. Nous devons apprendre à mieux promouvoir nos ressources uniques et à en faire des forces sur les marchés régionaux et internationaux ». Pour Habit’Âme, l’objectif n’est pas d’exporter les matériaux eux-mêmes, mais le modèle : « L’idée est de partager notre savoir-faire pour que d’autres îles puissent appliquer les mêmes principes avec leurs propres ressources. C’est une façon de dépasser les obstacles et de créer un impact à plus grande échelle ».
Au final, la participation d’Habit’Âme à cette 14ème édition du Forum Économique des Iles de l’Océan Indien met en lumière le potentiel des initiatives locales dans la transition écologique. En valorisant les déchets plastiques et en imaginant des solutions adaptées aux spécificités insulaires, l’entreprise prouve que développement durable et impact économique peuvent aller de pair. « Notre projet montre qu’il est possible de conjuguer innovation, inclusion sociale et respect de l’environnement », conclut Hannah Dominique. « À travers Habit’Âme, nous espérons inspirer d’autres territoires à exploiter leur propre potentiel et à bâtir un avenir plus durable ».
Le Forum aura permis de mettre en lumière ces différentes initiatives, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles collaborations, tout en renforçant l’idée que chaque île, à son échelle, peut jouer un rôle clé dans la transition vers une économie circulaire. Habit’Âme, par son approche novatrice et solidaire, s’impose déjà comme un acteur incontournable de cette transformation régionale.
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Abby Said Adinani