Lancée fin 2018 par Santé publique France, en collaboration avec l’ARS Océan Indien, l’étude de santé Unono Wa Maore a été la première enquête menée à Mayotte permettant d’établir une photographie de l’état de santé de la population générale mahoraise. La publication des résultats permet d’apporter un éclairage tout particulier sur la prévalence des affections chroniques à Mayotte, et en particulier le diabète et l’hypertension artérielle. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
L’Agence Régionale Santé et Santé Publique France ont signé une convention hier qui permet de formaliser la collaboration sur deux points : comment surveiller l’état de santé de la population et permettre l’identification des risques sanitaires sur Mayotte...
Dans la foulée, les premiers résultats de l’étude lancée en 2018 dans le cadre de ce partenariat ont été dévoilés et ils sont inquiétants. En effet, cette étude de santé publique est majeure dans la mesure où elle démontre une prévalence très élevée, supérieure à la moyenne nationale pour les personnes atteintes de diabète. En second lieu, un tiers de la population souffre d'hypertension. L’équation est posée...
Or, « pour accroître les enjeux sans doute, la moitié de ces personnes ne connaissent pas leur statut, c’est-à-dire qu’elles ne connaissent pas leur diabète ou leur hypertension. Il y a donc un enjeu de prévention en termes d’alimentation, il faut ainsi faire évoluer les comportements alimentaires en mangeant moins gras, moins sucré, en préférant faire bouillir plutôt que frire » explique le responsable ARS qui ajoute que l’enjeu d’activité physique reste « à renforcer, ce qui permettra de diminuer ces deux pathologies ».
C’est la raison pour laquelle une opération de dépistage majeure sera mise en place en septembre dans l’île, ce qui permettra à toutes les mahoraises et à tous les mahorais de se faire dépister, que ce soit pour le diabète ou l'hypertension, tout en sachant que ce sont des dépistages simples. De son côté, Youssouf Assani, épidémiologiste et responsable de Santé Publique France à Mayotte explique de manière détaillée : « aujourd’hui, nous avons présenté les principaux résultats de l’étude Ounono wa maoré qui avait pour objectif d’établir un état des lieux sur la santé Mayotte ».
Le taux de prévalence pour le diabète s’aggrave dans la mesure où en 2008, ce taux s’élevait à 10,5% pour les 30 – 69 ans alors qu’il était de 17 % en 2019. En matière d'hypertension, la prévalence était de 44% en 2008 et est passée à 48 %. Ces données expliquent notamment l’obésité et le surpoids rencontrés sur le territoire et qui touchent principalement les femmes à Mayotte. Les gens ne mangent pas assez varié et seulement 27% consomment chaque jour des fruits et légumes contre plus de 90 % dans l’Hexagone.
Pour rappel, le plan nutrition santé préconise de consommer 5 fruits et légumes par jour. A cela s’ajoute la sédentarité qui va à l’encontre des activités physiques pourtant nécessaires... L’étude conjointe revêt donc une importance toute particulière en livrant le reflet de la société mahoraise qui souffre de nombreux maux et pathologies dont le diabète et l'hypertension sont à surveiller de très près mais aussi et surtout à combattre...
Samuel Boscher pour France Mayotte Matin