À La Réunion, Emmanuel Macron à la rencontre des agriculteurs de l’île, affectés par le cyclone Garance

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À La Réunion, Emmanuel Macron à la rencontre des agriculteurs de l’île, affectés par le cyclone Garance

En visite à La Réunion après un passage lundi à Mayotte, le président de la République a échangé avec le monde agricole de l’île, durement affecté par le cyclone Garance qui a suivi un épisode de sécheresse inédit. Entre réponses à la crise et inquiétudes des agriculteurs réunionnais, le chef de l’État promet un dispositif d’urgence d’ici juin et une consolidation des filières locales.

« Il faut s’adapter de manière récurrente à ces événements » a constaté Emmanuel Macron, devant le monde agricole réunionnais, dans la commune de Saint-André (nord-est). Rappelant « l’effort fait » de 244 millions d’euros, dont 145 millions pour la filière canne et sucre, le président de la République a plaidé en faveur d’un « dispositif d’urgence Réunion », tout en appelant à « renforcer ce qui a été fait » et à « bâtir une nouvelle étape ».

À l’orée de la campagne sucrière, qui suscite de vives inquiétudes dans la filière, Emmanuel Macron s’est engagé à « améliorer l’accompagnement à l’hectare, dans les zones les plus touchées ». « À situation exceptionnelle » un « dispositif exceptionnel » d’urgence sera mis en place d’ici juin pour « sécuriser » la production, « avec un regard particulier » sur la filière canne et sucre, en concertation avec le préfet, la Région, le Département et les représentants du monde agricole.

Pour « la suite », Emmanuel Macron appelle à « renforcer (…) ce qui a déjà été fait et qui est un succès du modèle réunionnais ». En premier lieu, le chef de l’État appelle à « bâtir une nouvelle étape dans les débouchés et la transformation », en d’autres termes, « mieux valoriser » la production « en aval » sous l’égide « régional et national » en pérennisant les dispositifs. Dans un second temps, il appelle aussi à « bâtir (…) une vraie stratégie régionale » dans l’océan Indien : « nous avons contribué à créer des contraintes qui nous séparent de la région ».

Comme lundi à Mayotte, l’idée est ici de favoriser les importations et exportations avec les voisins de l’océan Indien, une façon aussi de lutter contre la vie chère. Des échanges qui passeront par la création de « standards communs » dans la région. De quoi nourrir les discussions lors du Sommet des chefs d’États de la COI à Madagascar ce mercredi, durant lequel les questions liées à la sécurité alimentaire seront abordées.

« Le dernier point, c’est l’Europe ». « On va se battre pour avoir un bon budget (…) en accroissement » assure Emmanuel Macron, qui entend aussi « augmenter et moderniser le POSEI qui ne répond plus aux besoins » et « flexibiliser » les instruments. L’occasion d’évoquer la situation de la pêche, filière absente lors de cette rencontre : « j’ai honte de ce qu’on a fait depuis six ans pour la pêche ». « On gère nos flottes de pêche avec des mécanismes comme si nous étions dans le Golfe de Gascogne » s’est agacé le président qui souhaite, pour La Réunion, un renouvellement des flottes similaires à la Guyane.

« On a besoin de moderniser le cadre des RUP, de prendre en compte le bassin dans lequel ces territoires évoluent », confrontés à la concurrence des pays de leur région. « On va agir ensemble avec ces trois temps : l’urgence, la consolidation et les liens océan Indien et Europe » a résumé le chef de l’État à l’issue de cette séquence agriculture. Emmanuel Macron « a bien pris la mesure de ce que nous vivons actuellement » a estimé le président de l’Odeadom, Joël Sorres, qui s’attend à « plus de détails » au mois de juin.

« Il a annoncé des mesures qui rassurent mais qui ne sont pas suffisantes » concède de son côté le président du Département, Cyrille Melchior. « Le président de la République a posé une trajectoire pour le futur » a-t-il ajouté, citant l’intégration régionale ou encore, la contribution de l’Europe. « Je ne désespère pas qu’il y aura des efforts supplémentaires de la part de l’État et de l’Union européenne ».

Peu convaincus par les réponses du chef de l’État, les acteurs de la filière canne s’attendent, eux, à la « pire campagne sucrière de tous les temps ». « Les représentants syndicats disent tous la même chose : le compte n'y est pas », a critiqué Jean-Bernard Maratchia, élu délégué aux Affaires agricoles à la Région Réunion, au micro de Réunion La 1ère.