Pacifique : Cinq choses à savoir sur Croix du Sud, exercice militaire de vaste ampleur entre la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna

©Muzzolon Quentin / Armée de Terre

Pacifique : Cinq choses à savoir sur Croix du Sud, exercice militaire de vaste ampleur entre la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna

Le coup d’envoi de Croix du Sud a officiellement été donné ce lundi 21 avril. Pendant deux semaines, près de 2 000 militaires des forces armées françaises mais aussi de 18 nations alliées vont s’entraîner entre la Nouvelle-Calédonie et, pour la première fois, Wallis-et-Futuna. Scénario cette année : intervenir le plus vite et efficacement possible à Wallis-et-Futuna, dévasté par le passage d’un cyclone. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

En quoi consiste l’exercice Croix du Sud ?

C’est un intitulé de mieux en mieux connu des Calédoniens. Organisé tous les deux ans depuis son lancement en 2002, Croix du Sud est un vaste exercice piloté par les Fanc (Forces armées en Nouvelle-Calédonie), qui rassemble des militaires de plusieurs pays aux côtés de membres des forces de sécurité, d’experts en gestion de crise et d’organisations humanitaires, soit plus de 2 000 participants. Objectifs : tester et améliorer leur capacité à intervenir ensemble, rapidement et efficacement en cas de crise humanitaire notamment liée à une catastrophe naturelle dans la région Pacifique, comme un cyclone ou séisme (à l’image des interventions lors du tremblement de terre qui a frappé le Vanuatu en décembre).

Quels sont le scénario et la spécificité de l’édition 2025 ?

Fait inédit, cette année, les Fanc vont se déployer à 2 000 km du Caillou. Direction Wallis-et-Futuna jusqu’au 4 mai, où les militaires seront déployés par rotations de plusieurs centaines de soldats et intervenants. Ils seront mobilisés dans le cadre d’un scénario jugé « réaliste » : le passage d’un cyclone dévastateur dans ce territoire français, comme ce fut le cas avec le passage d’Evan et ses rafales à 160 km/h en 2013.

Un défi logistique pour un entraînement grandeur nature avec des moyens colossaux mis en place dans ce petit archipel de 11 000 habitants. Outre les nombreux soldats au sol, cinq bâtiments de la marine et treize aéronefs seront également envoyés sur zone (dont l’A400M). La Nouvelle-Calédonie constituera quant à elle une base arrière pour coordonner au mieux et à distance les opérations, notamment entre les différentes armées représentées.

Quels pays participent ?

Au total, 18 nations (dont la France) sont déployées au cours de ces deux semaines. Les armées des pays alliés participant sont les suivantes : Australie, Allemagne, Belgique, Chili, Colombie, Grande-Bretagne, États-Unis, Fidji, Indonésie, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Singapour, Tonga et Vanuatu. Par ailleurs, l’Équateur, le Japon, la Malaisie, Nauru et la Thaïlande assisteront à l’exercice en tant que pays observateurs.

Enfin, des bénévoles d’ONG comme le Secours catholique, France Volontaires, La Croix-Rouge française, l’Ordre de Malte, ainsi que d’autres participants comme la gendarmerie et la police nationales ou encore du personnel des Affaires étrangères australiennes, seront intégrés dans le dispositif.

En quoi cet exercice favorise-t-il la coopération régionale ?

Au-delà de la préparation "interarmées", cette édition 2025 va concrétiser la volonté d’une coopération militaire plus approfondie dans la région, comme l’avaient décidé les dirigeants réunis en 2023 à Nouméa, lors du 8e sommet régional des ministres de la Défense (SPDMM), présidé par le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.

Réchauffement climatique, catastrophes naturelles, menaces cyber, durcissement des blocs entre les « grandes puissances », lutte contre la pêche illégale… Face à toutes ces menaces, les États membres avaient alors annoncé leur ambition de renforcer davantage encore leur coordination sur le plan militaire.

C’est ainsi qu’est né le « Pacific Response Group » (PRG), qui œuvre au partage d’informations (ressources, expertises, etc.) entre « partenaires de confiance » afin d’apporter une réponse mieux adaptée en cas de conflit ou d’assistance aux populations touchées par des catastrophes naturelles ou humanitaires. Ainsi, le « Pacific Special Advisory Team » (PSAT), une unité spécialisée sera déployée pour la première fois lors d’un exercice Croix du Sud. Sa mission principale consistera à fournir un appui stratégique aux autorités locales, en facilitant la coordination des secours et en proposant des solutions adaptées à la situation sur le terrain.

Que représentent les Forces armées françaises dans le Pacifique ?

Les Fanc (Forces armées en Nouvelle-Calédonie) comptent plus de 1 650 militaires, 350 de réserve et 225 personnels civils de la défense tant dans l’armée de terre, que de mer et de l’air. Leur mission est de veiller à la protection du territoire et des populations en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna. Pour l’État, l’objectif est également de « contribuer activement à la stabilité et la résilience dans le Pacifique » en s’entraînant et en intervenant en partenariat avec les armées des puissances alliées dans la région. Une manière de renforcer le fameux axe indopacifique cher au président de la République Emmanuel Macron.

Le dispositif militaire français dans le Pacifique comprend également les forces armées de Polynésie française (Fapf), organisées comme les Fanc et assurant des missions similaires dans leur propre zone de responsabilité. À travers ces deux forces armées, « la France dispose d’une présence militaire permanente dans l’océan Pacifique Sud afin de protéger les intérêts français dans la région et d’entretenir les partenariats militaires de la France dans cette zone d’intérêt stratégique », résume l’État.

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes