« Zombis. La mort n’est pas une fin ? » : une exposition présentée au musée du Quai Branly –Jacques Chirac qui explore, entre réalité et fiction, la figure du zombi, concept anthropologique attaché à la culture du vaudou haïtien

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« Zombis. La mort n’est pas une fin ? » : une exposition présentée au musée du Quai Branly –Jacques Chirac qui explore, entre réalité et fiction, la figure du zombi, concept anthropologique attaché à la culture du vaudou haïtien

A travers différents objets liés au rituel de la zombification rattachée à la religion vaudou haïtienne, une exposition temporaire intitulée « Zombis. La mort n’est pas une fin ? » est présentée au musée du Quai Branly – Jacques Chirac jusqu’au 16 février 2025. Une exposition qui interroge, entre savoir et fiction, une réalité anthropologique et sociologique complexe et diversifiée et donne à voir les réalités qui se cachent derrière le voile du mystère et de la peur de cet iconique « non mort ». Visite guidée.

 

Les zombis sont-ils le fruit d’un phénomène anthropologique et sociologique ou s’agit-il plutôt d’une crainte savamment entretenue par les sociétés secrètes du vaudou haïtien ? Rien n’est moins sûr, mais derrière ce terme s’agitent fantasmes, mystères, mysticisme, interrogations, mais aussi des croyances vivaces et des craintes réelles.

Si le terme zombi (Nzambi) - signifiant au départ un esprit ou le fantôme d’un mort – est né en Afrique Sub-Saharienne, il a évolué avec les routes de l’esclavage transatlantique par le biais d’un syncrétisme religieux entre catholicisme et religions traditionnelles issues d’Afrique. Et c’est en Haïti porté par le vaudou, religion à part entière, mais aussi culture, que le phénomène de zombification s’est développé et que le zombi est devenu un être mystérieux, victime d’une malédiction, un « non mort » pour lequel subsiste des interrogations quant à sa réalité. Depuis, la figure du zombi est présente partout, son symbole dévoyé par le cinéma et la télévision occidentale qui en a fait un objet de pop-culture.

L’exposition replace le phénomène de zombification dans son contexte originel

L’exposition « Zombis. La mort n’est pas une fin ? » tente de replacer le phénomène de zombification dans son contexte originel et revient sur ce qui a été dit et écrit sur ces « non morts ». Nourrie de trois racines : les religions d’Afrique Sub-Sahariennes, les blessures encore béantes de l’esclavage et les savoirs des populations autochtones précolombiennes de la Caraïbe (Taïnos et Arawaks), la figure du zombi correspond à un concept anthropologique précis, attaché à la culture vaudou d’Haïti.

Ainsi, la première partie de l’exposition s’attache, à travers différents objets liés au rituel de la zombification, à présenter les fondamentaux du vaudou haïtien : ses codes généraux, l’organisation des dieux et du culte, les rituels autour des défunts et les divinités (Loas) représentés par une « armée de guerriers Bizango », un temple vaudou grandeur nature, ainsi qu’un cimetière qui sont reconstitués. Par ailleurs, une importante collection de maléfices est également mise en perspective.

La mondialisation du phénomène zombi

Un autre chapitre de l’exposition présente huit histoires de zombis. Des récits qui ont été transmis depuis de décennies à travers de livres, manuscrits, photographies et documentaires et en disent long de l’imaginaire entourant cette figure mystique du zombi sur plus de cent ans d’histoire haïtienne. Un autre chapitre concerne les racines des zombis, de l’Afrique sub-saharienne en passant par les routes de l’esclavage transatlantique qui ont fait se rencontrer civilisations africaines et caribéennes auxquelles s’est ajouté l’inculcation forcée du catholicisme romain. Un syncrétisme qui est à l’origine des religions afro –caribéennes à commencer par le Vaudou haïtien, le Quimbois des Antilles, la Santeria de Cuba, le Candomblé et le Macumba du Brésil.

Après être passé par les racines précolombiennes du zombi, cette exposition nous entraîne vers la mondialisation du phénomène des zombis. Une vague mondiale déferlante qui, échappant aux codes symboliques et anthropologiques du vaudou haïtien, va envahir le monde et devenir un phénomène de pop –culture qui se décline sous la forme de films, de séries, de musiques, de bandes dessinées ou de jeux vidéo.

Une exposition à voir et à revoir pour qui s’interroge sur la condition humaine et son rapport aux pratiques magico-religieuses et pour qui considère que le phénomène de la zombification revêt une dimension anthropologique, sociologique et historique et s’apparente à un symbole de réappropriation cultuelle et culturelle de l’histoire des peuples esclavisés de la Caraïbe, avant d’être un phénomène de mode.

E.B.

« Zombis. La mort n’est pas une fin ? »

Exposition temporaire

Jusqu’au 16 février 2025

Mezzanine Est

Musée du Quai Branly – Jacques Chirac

37, rue du Quai Branly - 206 et 218 rue de l’Université

75007 Paris

Renseignements : www.quaibranly.frTél : 01 51 61 70 00.