Depuis 2016, les drones de Sentinel survolent la Guyane et la Caraïbe pour mener des missions d’observation et de surveillance environnementale. 

Fondée par trois ingénieurs dans le secteur spatial, Sentinel est spécialisée dans l’imagerie technique, et intervient dans des domaines stratégiques tels que le suivi du trait de côte, la lutte contre la pêche et l’orpaillage illégaux en collaboration avec les services de l’État, ainsi que la détection des incendies en lien avec la sécurité civile. 

Pour cela, Sentinel utilise des drones de longue endurance, comme le Boréal, et investit chaque année dans des technologies de pointe afin d’offrir des solutions toujours plus précises et performantes. Expert dans les prises de vues par drone à forte valeur ajoutée, Sentinel est aujourd’hui présent en Guyane (Kourou), Martinique (Trois-Ilets) et Brésil (Rio de Janeiro). Pour Outremers 360, Fabien Puchalski, Directeur général, a accepté de nous en dire plus sur cette technologie au service de la surveillance et de l’analyse environnementale.

Surveillance et innovation : des missions adaptées aux enjeux locaux

Sentinel mène diverses opérations en collaboration avec les services de l’État pour lutter contre la pêche illégale et l’orpaillage clandestin. Si la technologie utilisée reste identique, les méthodes d’observation diffèrent selon la menace. Dans la lutte contre la pêche illégale, Sentinel intervient en collaboration avec l’Action de l’État en mer (AEM). Les drones repèrent et identifient les navires étrangers naviguant dans les eaux territoriales françaises. Équipés de capteurs infrarouges, ils analysent l’immatriculation et l’activité des embarcations. 

Une fois les positions confirmées, les informations sont transmises à l’armée, qui prend en charge l’intervention : « Les drones utilisés disposent d’une autonomie de vol d’environ 80 km autour de leur base de lancement. Les opérations sont pilotées depuis un poste opérationnel situé à proximité des rivières de Mana, dans l’ouest de la Guyane, garantissant un suivi efficace et réactif des interventions tout en respectant les limites des eaux territoriales françaises », précise Fabien Puchalski.

En ce qui concerne la participation à la lutte contre l’orpaillage illégal, les drones de Sentinel effectuent des missions de reconnaissance aérienne afin de localiser de nouveaux sites d’exploitation clandestins. Les données recueillies, sous forme d’images et de vidéos, sont ensuite remises aux autorités pour suivi et analyse, sans intervention militaire directe.

Observer et accompagner l'évolution du territoire et ses infrastructures

L’environnement guyanais, à la fois riche et exigeant, influence fortement les méthodes de travail de Sentinel. Les drones permettent d’accéder à des zones reculées et de réaliser des relevés topographiques précis, mesurant ainsi l’impact du changement climatique sur l’environnement comme le précise Fabien Puchalski : « Certains clients nous sollicitent pour des données liées aux flux hydriques, notamment en vue de futurs projets d’aménagement ou de construction car l’érosion est un facteur clé à prendre en compte. »

Au Brésil, Sentinel s’illustre dans l’inspection des barrages hydroélectriques. À travers des modélisations millimétriques des infrastructures, elle détecte fissures, zones de corrosion ou présence de végétation susceptibles de compromettre leur intégrité. Ces analyses fournissent aux exploitants des rapports détaillés facilitant l’entretien et la maintenance des ouvrages pour garantir leur pérennité.

De l’agriculture à l’aérospatial

Sentinel intervient dans les domaines agricole et animalier en collaborant avec des éleveurs de bovins pour optimiser la gestion des pâturages comme l’explique Fabien Puchalski : « En analysant la hauteur et la qualité de l’herbe, nous avons contribué à améliorer la rotation des bovins et l’utilisation des parcelles ». Fort de cette expertise, Sentinel a également travaillé avec le Groupe d'Étude et de Protection des Oiseaux de Guyane (GEPOG) sur le suivi des oiseaux limicoles et la comptabilisation des singes.

Récemment, l’entreprise a réalisé une orthophotographie sur 12 000 hectares pour l’Établissement Public Foncier et d'Aménagement de la Guyane (EPFAG), l’inspection de 150 km de lignes électriques pour EDF, ainsi qu’une visite virtuelle à 360° des infrastructures de la zone de lancement d’Ariane. Elle a également mené des projets de modélisation des îles du Salut pour l’entretien du patrimoine et des infrastructures du Centre Spatial, ainsi qu’une étude topographique pour accompagner le développement de la commune de Saint-Élie.

Basée à Kourou, Sentinel travaille en étroite collaboration avec le Centre Spatial Guyanais, notamment sur Ariane 6 et les futurs lanceurs réutilisables. Ses drones sont utilisés pour inspecter les infrastructures avant chaque lancement et effectuer des vérifications post-mission, garantissant ainsi la sécurité et la pérennité des installations. Le prochain lancement, celui d’Ariane 6 M2, est d’ailleurs prévu pour le 28 février prochain.

Des formations certifiantes

Sentinel propose des formations professionnelles en télépilotage de drones en Guyane et en Martinique. Certifiée Qualiopi, l’entreprise permet aux stagiaires de financer leur formation via le CPF et collabore avec France Travail pour les demandeurs d’emploi. Ces formations s’adressent aussi bien aux particuliers souhaitant acquérir des compétences professionnelles qu’aux entreprises désireuses de former leur personnel. 

Avec l’entrée en vigueur de la réglementation européenne fin 2020, Sentinel dispense une formation complète de deux semaines pour obtenir le certificat de télépilote professionnel, ainsi qu’une mise à niveau de trois jours pour les télépilotes déjà certifiés sous l’ancienne réglementation française. Les sessions sont limitées à six participants pour garantir un apprentissage de qualité, avec quatre sessions annuelles en Guyane et des formations mensuelles en Martinique.

Vers de nouveaux horizons

Sentinel évolue sur un marché en perpétuelle évolution : « Les nouvelles technologies révolutionnent la surveillance des infrastructures. Sentinel envisage donc de se positionner sur ce secteur en ciblant des sites stratégiques, tels que le Grand Port Maritime ou le Centre Spatial. Des discussions sont d’ailleurs en cours avec ce dernier pour explorer ces opportunités », confie Fabien Puchalski.

En réalisant des relevés topographiques par drones, Sentinel offre une résolution plus fine que l’avion ne peut le proposer, bien que sur des surfaces plus limitées. Une approche qui, loin d’être en opposition, se révèle complémentaire. L’essor des drones pose également la question de leur potentiel à remplacer l’aviation dans ce domaine. Si cette transition reste prématurée en raison de l’autonomie et de la couverture supérieure des avions, les avancées technologiques pourraient progressivement combler cet écart. Un secteur à suivre de près…

EG