SIA 2025 : « Face aux intempéries de plus en plus violentes, le niveau d’intervention politique et la mise en exécution doivent évoluer » indique l'ODEADOM

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SIA 2025 : « Face aux intempéries de plus en plus violentes, le niveau d’intervention politique et la mise en exécution doivent évoluer » indique l'ODEADOM

Après 10 jours d’exposition, le Salon International de l’Agriculture fermera ses portes ce dimanche 2 mars. Les acteurs du monde agricole ultramarin ont brillé cette année, avec un nombre record de médailles obtenues lors du Concours Général Agricole. Pour l’Office de développement de l'économie agricole des départements d’Outre-mer (ODEADOM) qui a mis en avant tous ces territoires, l’heure est au bilan. Retour sur une édition marquée par des conditions difficiles de participation pour les agriculteurs au milieu de prestigieuses distinctions. 

Toute cette semaine, l’Office de développement de l'économie agricole des départements d’Outre-mer (ODEADOM) a accueilli au pavillon 5.2, ministres, conférences et autres animations. Ce jeudi 27 février, ce sont les lauréats du Concours Général Agricole qui ont été distingués. Avec 131 médailles remportées, dont 52 en or, les Outre-mer enregistrent un succès grandissant mettant en avant l’excellence de produits venus de La Réunion, de la Polynésie française ou encore de la Guadeloupe.

« D’année en année, nous voyons nos filières monter en puissance, » souligne Joël Sorrès, président de l’ODEADOM. « Ce résultat exceptionnel témoigne du travail acharné de nos producteurs, malgré les défis climatiques et économiques. Nous devons continuer à les accompagner pour structurer leurs circuits de distribution et les aider à mieux exporter. »

Pas facile pour les producteurs et les agriculteurs de continuer à produire l’excellence dans des conditions qui se dégradent année après année. La Martinique n’a été que peu représentée pour cette nouvelle édition, les mouvements contre la vie chère ayant été suivis pendant plusieurs mois. La Nouvelle-Calédonie, elle, était représentée à travers le village du Pacifique, qui regroupait également Wallis-et-Futuna et la Polynésie française.

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Mayotte était quant à elle l’invitée spéciale du SIA 2025, au vu des événements qui ont touché le territoire il y a quelques mois. Une participation nécessaire pour les producteurs qui doivent continuer de se faire connaître et de vendre à l’extérieur, mais éprouvante, de l’aveu des participants qui tentent encore de se relever après les cyclones Chido et Dikeledi.

Une situation que les agriculteurs réunionnais avaient déjà connu avec le cyclone Belal en janvier 2024 et qui va malheureusement se répéter, après le passage de Garance, dont les vents ont atteint plus de 200 km/h. « Les producteurs sont extrêmement inquiets. Les vents ont dévasté les exploitations, détruisant des récoltes entières, » explique Joël Sorrès. Pour le directeur de l’ODEADOM, Jacques Andrieu « Il est crucial d’accélérer les dispositifs d’aide et de mettre en place des solutions d’assurance adaptées. »

À la question « Les réponses de l’État sont-elles à la hauteur pour les agriculteurs ? », la réponse du président de l’ODEADOM Joël Sorres est sans appel : « Nos politiques sont aux côtés des agriculteurs, mais face aux intempéries de plus en plus violentes, le niveau d’intervention politique et la mise en exécution doivent évoluer. »

Une plateforme d’échanges stratégiques

Au-delà des distinctions, le SIA 2025 a été une véritable arène de dialogues institutionnels. Le stand de l’ODEADOM a accueilli de nombreuses rencontres stratégiques, impliquant des représentants de la Commission européenne, des régions ultrapériphériques et du gouvernement. « Nous avons profité de cet événement pour plaider en faveur d’une meilleure intégration de nos territoires dans les politiques agricoles nationales et européennes, » réaffirme Jacques Andrieu. 

« La reconnaissance de notre spécificité est essentielle pour l’avenir. Nous avons reçu des engagements, mais nous serons vigilants quant à leur mise en œuvre. » Le SIA a aussi été l’occasion de discussions autour de la future Politique Agricole Commune (PAC) et de la reconnaissance accrue des régions ultrapériphériques (RUP) à Bruxelles. Pour le directeur de l’ODEADOM, les enjeux sont aussi sur le long terme. 

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« Nous devons nous assurer que nos spécificités soient pleinement prises en compte dans la répartition des aides agricoles. La souveraineté alimentaire passe par des politiques publiques adaptées à nos territoires. Nous avons eu des échanges directs sur la nécessité d’accélérer les mesures d’accompagnement pour les producteurs ultramarins. L’État doit être au rendez-vous, et nous avons fait entendre notre voix. »

L’une des thématiques phares du salon a été la souveraineté alimentaire, un enjeu central pour les Outre-mer. « Nous devons aider nos territoires à se reconstruire en nous donnant les moyens d’une agriculture plus résiliente, » souligne Joël Sorrès. « Ce salon a été l’occasion d’entamer des discussions avec les autorités pour dégager des aides concrètes. Nous avons notamment abordé la question des infrastructures et de l’adaptation au changement climatique. »

Un travail de fond

Avec la fin du SIA 2025, les acteurs se préparent au prochain Comité Interministériel des Outre-mer. Le rendez-vous, prévu dans les prochains mois, sera décisif. « Nous avons convenu d’un plan de travail avec les ministères concernés. L’objectif est d’aboutir à des décisions fortes, notamment sur l’accès aux financements et la modernisation des infrastructures agricoles, » indique Joël Sorrès. « Nous avons insisté sur l’urgence d’une approche différenciée pour nos territoires. »

Pour Jacques Andrieu, « ce comité sera l’opportunité de faire avancer des dossiers essentiels, comme la transition agro-écologique et le renforcement des outils d’assurance face aux aléas climatiques. Nous voulons que l’agriculture ultramarine soit pleinement intégrée aux plans nationaux de développement agricole. »

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L’ODEADOM a également proposé que les producteurs ultramarins aient une place plus grande dans les discussions avec l’État. « Il est temps de structurer un dialogue plus régulier entre les filières et le gouvernement. Ce comité interministériel devra apporter des réponses concrètes. » Le SIA 2025 se clôture avec un record de médailles pour les Outre-mer, mais aussi de nombreuses difficultés mises en exergue sur le terrain. « Nous devons maintenant capitaliser sur cette reconnaissance pour encore mieux nous structurer », conclut Jacques Andrieu.

Retrouver sur les différentes plateformes les podcasts lors du SIA 2025 réalisés en partenariat avec l'ODEADOM.

Abby Said Adinani