Si le trio de tête à l’échelle nationale est le même qu’en Outre-mer, l’ordre d’arrivée diffère en Outre-mer où le candidat Jean-Luc Mélenchon, bien qu’éliminé au 1er tour, est arrivé en tête dans l’ensemble des territoires. Mais comme à l’accoutumé, les Ultramarins votent nettement moins que l’Hexagone et la participation décroche considérablement dans le Pacifique.
38,19%. C’est le résultat de Jean-Luc Mélenchon sur l’ensemble des territoires ultramarins. Le candidat de l’Union populaire est plébiscité en Guadeloupe (56,16%), en Martinique (53,10%) et en Guyane (50,59%). À La Réunion, il obtient 40,26% des suffrages exprimés, bien mieux qu’en 2017, contre 40,91% à Saint-Pierre et Miquelon et même 35,03% à Saint-Martin, collectivité d’Outre-mer qui avait voté pour François Fillon en 2017. Cette année-là, Jean-Luc Mélenchon remportait le scrutin du 1er tour à Saint-Pierre et Miquelon, en Guyane, à La Réunion et en Martinique. Cette année, il remporte en plus la Guadeloupe et Saint-Martin.
Dans le Pacifique, s’il n’arrive pas en tête, le candidat de l’Union populaire gagne toutefois des voix en cinq ans. En Polynésie, soutenu par aucun politique local, Jean-Luc Mélenchon finit en troisième place avec un peu plus de 8 000 voix. En 2012, il en avait obtenu 2 492 et 5 952 en 2017. En Nouvelle-Calédonie, de 7 702 voix en 2017, il passe à 9 711 voix en 2022, grâce notamment à un discours favorable aux indépendantistes. Et cela se confirme sur la carte des résultats par commune : les îles Loyauté et les communes calédoniennes du sud-est et du nord, essentiellement indépendantistes, ont préféré la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Même à Mayotte, très à droite, le candidat de la gauche améliore son score à la faveur d'un discours social : de 2 808 voix en 2017 à 8 399 voix en 2022.
Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour, remporte 20,35% des suffrages en Outre-mer. Un chiffre en baisse par rapport au 1er tour de 2017 mais cette fois-ci, la candidate du Rassemblement national remporte le scrutin à Mayotte, qui avait soutenu François Fillon en 2017. Sur cette île, historiquement acquise à la droite et où les thèmes de la sécurité et de l’immigration sont prégnants, la candidate LR décroche et termine 4ème derrière Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Dans le Pacifique, Marine Le Pen maintient une bonne position à l’arrivée malgré, là encore, une baisse du nombre de voix par rapport à 2017. En Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, elle arrive seconde mais perd des voix, tout comme en Guyane ou encore, à La Réunion. Elle améliore toutefois ses résultats en Guadeloupe, en Martinique et à Wallis et Futuna.
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Le président-sortant, lui aussi qualifié pour le second tour, est en baisse dans certains territoires. En Guadeloupe, alors qu’il était arrivé en tête au premier tour en 2017 (30,22%), il dévisse et termine le scrutin avec 13,43%. En cinq ans, Emmanuel Macron perd près de 16 000 voix sur l’île. Un décrochage qui peut être lié à la défiance grandissante au cours de la crise sanitaire et qui s’observe aussi en Martinique, à Mayotte et à La Réunion, où sa candidature était pourtant défendue par des élus de premier plan, comme le président du département et les sénateurs Nassimah Dindar et Michel Dennemont. Même cas de figure en Guadeloupe, où le président-candidat avait reçu la majorité des parrainages de l'archipel et le soutien localement des présidents de la Région et du Département.
Emmanuel Macron gagne toutefois des voix à Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, à Wallis et Futuna, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Dans ces deux territoires, il bénéficie notamment du soutien du président polynésien Édouard Fritch et par conséquent du vote affectif de ses sympathisants, ainsi que des soutiens de nombreux élus non indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. Le président-candidat a également, et très probablement, suscité un sentiment de stabilité au lendemain d'une période institutionnelle et référendaire incertaine, et alors que va s'ouvrir, pour le prochain quinquennat, le chantier de la place de la Nouvelle-Calédonie dans la Constitution. Emmanuel Macron gagne cette année dans quatre territoires, contre seulement deux en 2017, et remporte 19,67% des suffrages exprimés.
L’autre fait notable en Outre-mer, similaire à l’Hexagone, concerne l’effondrement des partis traditionnels LR et PS. Dans tous les territoires, les candidates Anne Hidalgo et Valérie Pécresse peinent à dépasser les 5%, voire les 3%. Seul lot de consolation pour Valérie Pécresse : Wallis et Futuna. Sur cet archipel, la candidate remporte 25,27% des suffrages exprimés, soit 1 354 voix, juste derrière Emmanuel Macron. Enfin, comme sur l’ensemble du territoire national, il y a dans certains territoires des abymes électoraux qui séparent le trio Macron-Le Pen-Mélenchon des autres concurrents, contraints à la figuration. Pour le second tour, Jean-Luc Mélenchon fait incontestablement figure d'arbitre entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Abstention record dans le Pacifique
La participation des électeurs est, pour ce premier tour de 2022, disparate selon les territoires. On note une hausse légère à notable en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Saint-Pierre et Miquelon, à Saint-Martin et à Mayotte. Elle baisse toutefois à La Réunion, à Saint-Barthélemy et à Wallis et Futuna. Mais c’est en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française que la baisse paraît plus spectaculaire : moins 14,74% en Nouvelle-Calédonie et moins 8,07% en Polynésie.
Sur ce territoire, le premier tour a eu lieu au milieu des vacances scolaires. On pourrait ajouter à cela l’éloignement géographique et politique, le statut d’autonomie, les thèmes de campagne qui n’impriment pas localement ou qui, comme le pouvoir d'achat, concernent des compétences locales, ou encore la consigne d’abstention donnée par les indépendantistes, la défiance grandissante envers les politiques locaux et nationaux, et le fait que les Polynésiens considèrent que leur président est d’abord le président de la Collectivité locale.
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Dans l’ensemble, 44,06% des électeurs ultramarins inscrits se sont rendus aux urnes ce week-end, soit 861 419 sur un corps électoral de près de 2 millions d’électeurs. C’est mieux qu’en 2017 où ils étaient 40% à se rendre aux urnes, mais cela reste cinq points de moins par rapport au premier tour de 2012.