Paris 2024 : Pour l’équipe de France de Surf, dernière ligne droite avant d’affronter l’emblématique vague de Teahupo’o pour les JO

De gauche à droite : Jérémy Florès, Joan Duru, Jacques Lajuncomme, Kauli Vaast et Vahine Fierro ©Outremers360

Paris 2024 : Pour l’équipe de France de Surf, dernière ligne droite avant d’affronter l’emblématique vague de Teahupo’o pour les JO

La Fédération française de Surf a présenté, ce lundi, l’équipe de France au quasi-complet, qui va défier la vague de Teahupo’o, et les 15 autres nations en compétition, pour les Jeux olympiques de Paris 2024. L’occasion pour les athlètes de livrer leurs impressions et état d’esprit à un mois des épreuves.

À J-32, les Tahitiens Kauli Vaast (22 ans) et Vahine Fierro (24 ans), ainsi que le Basque Joan Duru (35 ans), étaient réunis au Comité National Olympique et Sportif Français, à Paris, entourés par le manager de terrain Jérémy Florès, et du président de la Fédération Jacques Lajuncomme. Absente, la Réunionnaise Johanne Defay est excusée : elle est en ce moment même au Brésil, où elle dispute la VIVO Rio Pro, une des dix étapes du circuit mondial.

Objectif de ce rendez-vous parisien pour la Fédération : faire connaître cette équipe de France et mettre l’accent, auprès de la presse hexagonale, sur cette compétition « historique » qui aura lieu à 17 000 km de Paris, sur la plus belle et la plus redoutée vague au monde. « Le surf aux Jeux Olympiques, c'est tout nouveau, mais c'est une vieille histoire » rappelle d’abord le président de la Fédération. « En 1920, aux Jeux olympiques d’Anvers, le Hawaiien Duke Kahanamoku », triple champion olympique de nage libre et un des pionniers du surf mondial, « a pour la première fois interpellé le CIO sur l'entrée du surf aux Jeux Olympiques ».

Il a donc fallu attendre plus d’un siècle plus tard pour que la discipline soit reconnue sport olympique. « Le surf maintenant est un sport aux yeux de tout le monde. Et ce n'est pas simplement quelques « beach boys » qui s'amusent dans les vagues et au bord des plages. Ce n'est plus juste un mode de vie ». Avec 80 000 licenciés, Jacques Lajuncomme espère sans aucun doute un appel à vocation chez les jeunes : « j'espère de tout cœur que pour tous nos gamins, pour tous nos clubs, et pour tous les pratiquants, le surf entrera avec plus de force et plus de discipline dans la famille olympique dans les années qui viennent ».

Joan Duru, capitaine de l'équipe de France ©Outremers360

Le président de la FFS souligne aussi les liens avec ses homologues polynésiens. « Nous nous sommes rapprochés avec la Fédération tahitienne de Surf ». Rapprochement « historique » dit Jacques Lajuncomme. « Nous sommes amis maintenant dans l'Union francophone de Surf et nous sommes amis au-delà de ça puisque nous avons des athlètes tahitiens dans l'équipe de France, nous avons un partenariat avec la Fédération tahitienne et j'espère que l'héritage comprendra encore une histoire commune pour quelques années », salue le président. Il objecte toutefois un regret, que le para-surf ne fasse pas encore son entrée aux JO, ni en 2024, ni en 2028. « On peut l'espérer pour 2032 ».

« La plus belle équipe qu'on aurait pu rêver avoir pour ces JO »

Place aux athlètes, et c’est naturellement au capitaine de l'équipe, Joan Duru, que revient la priorité. S’il se dit « fier » de mener cette équipe, de par son expérience, il assure que « ce rôle est super facile parce qu'ils sont hyper forts et on a une superbe cohésion de groupe ». « Je pense que mon rôle c'est juste d'amener de la bonne humeur, un petit mot le soir et de la motivation » ajoute celui qui a connu Teahupo’o avec son ami, Michel Bourez, lui aussi champion du surf tahitien, qui avait participé au JO de Tokyo avec Jérémy Florès. Malgré son expérience sur le circuit mondial, Joan Duru connaît moins bien Teahupo’o que ses coéquipiers locaux. Il a donc décidé de rentrer directement à la maison des bleus, à Tahiti, pour s’entraîner jusqu’au lancement de la compétition.

Kauli Vaast ©Outremers360

« La première fois que j'ai surfé cette vague, c'était à l'âge de 8 ans » a poursuivi le jeune espoir tahitien Kauli Vaast. « Je suis allé avec mon père, on était deux à l'eau et c'est comme ça que j'ai commencé à surfer cette vague. Depuis, j'ai été mordu et j'ai toujours surfé ça », confie le natif de Tahiti, qui a grandi à Vairao, une commune-associée à quelques minutes de Teahupo’o. « Le fait de pouvoir participer aux JO, c’est un truc incroyable ! ». En 2022, le jeune tahitien s’était hissé jusqu’en finale de la Tahiti Pro, étape du circuit pro qui se déroule à Teahupo’o. Il s’était même offert le luxe d’éliminer en quart la légende du surf, Kelly Slater.

Cette année, c’est donc en toute sérénité qu’il espère aller le plus haut possible mais avant tout, offrir du beau spectacle. « Cette vague, c'est celle qui fait le plus peur au monde (…). C'est pour ça aussi qu'on aime ça, on repousse nos limites. À chaque fois que je vais à Teahupo’o, que les vagues soient grosses ou petites, il y a forcément un moment où j’ai un peu peur, peur de tomber et me blesser. Mais cette peur, c'est ce qui nous fait vivre des moments incroyables ».

Vahine Fierro ©Outremers360

De son côté, Vahine Fierro a connu cette vague à 15 ans, raconte-t-elle, poussée par son ami, Kauli, à se rendre sur le plan d’eau, lors d’une compétition locale, sans toutefois prendre de vague. « Deux ans plus tard, j’y suis retournée, encore une fois avec Kauli, et j'en avais marre d'attendre dans le bateau : « je me suis dit que je vais mettre à l'eau ». Il m'a poussée sur ma première vague. C'était tout petit, mais j'étais traumatisée » raconte celle qui, comme de nombreux enfants de Polynésie, ont été nourris aux images de vagues « monstrueuses », déversant des murs d’eau sur les assoiffés d’adrénaline.

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Celle qui depuis est devenue la « reine » de Teahupo’o, en remportant en mai dernier la Tahiti Pro, souligne la « chance » de pouvoir concourir à domicile, « avec toute l'énergie, le « mana » qu’apporteront nos amis, nos familles. Tous les Polynésiens sont fiers, et ça nous motive » poursuit la surfeuse qui entend « donner le meilleur sans avoir aucun regret ». « Pour moi, c'est plus une motivation qu'une pression. C'est sûr que quand ça va se rapprocher, il y aura peut-être un peu de stress, mais je pense que c'est normal et c'est important d'avoir ce stress pour eux, cette adrénaline de vouloir tout donner » au public tahitien.

« On a passé plusieurs mois à préparer les Jeux olympiques. On arrive de Tahiti, on sort d'une grosse préparation, à tous les niveaux, que ce soit physique, que ce soit mental, et bien sûr à l'eau, c'est l'essentiel » rappelle de son côté le manager de terrain, Jérémy Florès qui avait, en 2015, été le premier français à remporter l’étape tahitienne du circuit mondial. « Il y a une super cohésion dans le groupe », assure-t-il aussi, estimant, objectivement, que la France part avec « la plus belle équipe qu'on aurait pu rêver avoir pour ces JO ». « C'est une grande fierté de pouvoir les accompagner ».

Jérémy Florès ©Outremers360

Et malgré la distance qui sépare Tahiti de Paris, Jérémy Florès espère « que toute la France va être derrière cette équipe, c'est super important ». « Je peux vous dire que les Tahitiens sont très fiers d'être à domicile, de pouvoir avoir cette épreuve olympique à Teahupo’o, à Tahiti. C'est historique et il va y avoir un spectacle formidable, des images incroyables et on va pouvoir prouver une fois de plus que c'est une des plus belles vagues au monde », conclut le manager.

En attendant le 27 juillet, et contrairement à Joan Duru qui veut se concentrer sur sa préparation, Vahine Fierro et Kauli Vaast participeront à la Ballito Pro, une compétition « Challenger series » (ceux qui aspirent à rejoindre le circuit pro) en Afrique du Sud. L’occasion de prendre un « grand bol d’air frais » avant de revenir à Tahiti.