L’œuvre et les combats du penseur, poète et éveilleur de consciences martiniquais René Ménil au menu d’un colloque –hommage à Tropiques Atrium à Fort-de-France, en Martinique

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L’œuvre et les combats du penseur, poète et éveilleur de consciences martiniquais René Ménil au menu d’un colloque –hommage à Tropiques Atrium à Fort-de-France, en Martinique

Après Paris, c’est sur ses terres martiniquaises que le philosophe, poète et infatigable militant anticolonialiste René Ménil sera honoré à travers un nouveau cycle de conférences qui aura lieu le 16 avril 2024 à Tropiques Atrium à Fort-de-France. Un colloque –hommage à l’occasion du vingtième anniversaire de sa disparition pour faire connaître notamment aux jeunes générations l’œuvre, la puissance des écrits, les combats et la vision du monde de cet « éveilleur de consciences » et grande figure intellectuelle et culturelle martiniquaise qui mérite plus d’attention.

 

« Oh ! Que de temps où nous ne serons plus et où le monde sera encore ! Il ne restera de nous ni renommée, ni trace ». C’est probablement pour conjurer cette funeste prédiction d’Omar Khayyam, poète et savant perse du 10ème et 11ème siècle que Geneviève Sézille-Ménil, la présidente de l’association Pomme Rose et veuve de René Ménil, s’efforce depuis des années de perpétuer l’œuvre, la pensée et les combats de son mari dans la mémoire collective des Martiniquais et notamment des jeunes générations. 

Mais c’est aussi et surtout pour permettre à René Ménil, ce penseur, philosophe, poète, cet épris insatiable de justice et militant infatigable des forces de progrès social martiniquais de retrouver la place qu’il mérite dans le panthéon des grands penseurs martiniquais, qu’elle s’acharne à faire reconnaître son œuvre et ses combats.

Un parcours jalonné de combats pour faire triompher la justice sociale   

Né en 1907 au Gros-Morne en Martinique d’une mère couturière et d’un père paysan, René Ménil est un enfant doué et éveillé. Après un passage au lycée Schœlcher où il obtient son baccalauréat, il est reçu au concours général des lycées. Ce qui lui permet d’obtenir une bourse et d’intégrer le célèbre lycée Louis Le Grand et préparer une licence de philosophie à la faculté des lettres. 

En 1932, il est à l’origine de la création du groupe « Légitime Défense » qui publie une revue éponyme, mettant ainsi en cohérence ses idées progressistes. Mais bien vite, les idées qui s’y développent sont considérées comme subversives et ont pour conséquence la dissolution de « Légitime défense ». Privé de bourse, René Ménil décide de revenir en Martinique. Là, il fonde en 1936 « Front Commun » qui s’inféode au Parti communiste français, puis se transforme en fédération communiste de la Martinique jusqu’à la création du Parti communiste martiniquais (PCM).  René ménil sera militant communiste et membre du bureau du PCM jusqu’en 1972. Entre-temps, de 1941 à 1945, il crée avec Aimé Césaire, dont il sera un temps compagnon de route, la revue « Tropiques ». Une revue qui participera à l’émergence de l’identité et de la culture martiniquaises. Il sera aussi journaliste en étant de 1943 à 1952 rédacteur en chef, puis directeur de 1962 à 1972 du journal « Justice », l’organe du PCM.

En 1981, il publie « Tracées – Identité, négritude, esthétique aux Antilles », puis « Antilles déjà Jadis » en 1999, un ensemble de textes écrits à différentes périodes de l’histoire contemporaine martiniquaise. Ce qui fait dire à André Lucrèce, sociologue et critique littéraire que « l’autorité forte avec laquelle René Ménil a analysé la question de l’identité antillaise, en prenant ses distances avec le superficiel, est présente dans l’ensemble de ses textes ». Il est donc grand temps de lui accorder « l’attention qu’il mérite », comme le souligne l’universitaire Roger Toumson.

Une grande figure intellectuelle et culturelle martiniquaise qui mérite d’être plus connue

Alors celle qui a autoproduit en 2019 en deux tomes les écrits de René Ménil sous le titre « René Ménil Eveilleur de consciences » et qui considère que ses écrits « apportent une autre vision sur le monde, un autre rapport à l’homme et à l’être au monde » ne rate pas une occasion pour faire connaître cette grande figure intellectuelle et culturelle martiniquaise et pour qu’il puisse avoir la considération qu’il est en droit de recevoir. 

Après avoir organisé un colloque en forme d’hommage l’an dernier à l’hôtel de ville de Paris, Geneviève Sézille-Ménil récidive cette année à l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition de son mari par un cycle de conférences qui se tiendra le 16 avril prochain à Tropiques Atrium à Fort-de-France en Martinique.

 « Retour sur le parcours d’un éveilleur de consciences » - c’est le titre du colloque- sera l’occasion pour Joël Beuze, professeur de lettres modernes et auteur de nombreux essais, Raphaël Constant, avocat, ancien bâtonnier du barreau de Martinique, André Lucrèce, sociologue, auteur et critique littéraire, Gilbert Pago, historien et militant politique, Victor Permal, formateur, artiste-peintre et militant associatif, Seloua Luste Boulbine, chercheuse et universitaire, Hanéta Vété-Congolo, poétesse, détentrice d’une Chaire universitaire et cheffe du département de langues et littératures romanes à Bowdoin College dans le Maine aux Etats-Unis et bien sûr de Geneviève Sézille-Ménil, de rendre un hommage appuyé à ce penseur par trop méconnu, qui a assurément sa place dans la galerie des figures marquantes de l’histoire et de la culture martiniquaises.

E.B.  

Colloque René Ménil

Retour sur le parcours d’un éveilleur de consciences

16 avril 2024

8h – 18h

Tropiques Atrium – Scène nationale

Contact : Association Pomme Rose : gense972@yahoo.fr

Tél : +596 696 27 14 28.