Le Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin ont été plusieurs fois interpellé ce mardi en QAG, sur la situation calédonienne et l’examen du projet de réforme constitutionnel sur le dégel du corps électoral provincial.
« Le consensus, nous le souhaitons » a martelé Gérald Darmanin ce mardi devant l’hémicycle. « Dès le vote, nous l’espérons ce soir » du projet de réforme constitutionnelle ouvrant le droit de vote à 25 000 natifs et résidents de plus de 10 ans en Nouvelle-Calédonie, « le président et le Premier ministre écriront à toutes les parties calédoniennes pour les inviter dans les prochains jours ».
« Notre priorité aujourd'hui, c'est le retour du calme [et] de trouver un accord politique global » a aussi insisté le Premier ministre Gabriel Attal. « C'est le dialogue qui nous permettra d'apaiser les tensions. Notre main est toujours tendue. Il faut une solution politique globale qui puisse satisfaire toutes les parties prenantes. Nous proposons aux dirigeants calédoniens de discuter pour bâtir ensemble l'avenir de la Nouvelle-Calédonie », a-t-il ajouté.
Plusieurs députés de gauche -GDR, PS et LFI- ont une nouvelle fois demandé au gouvernement de retirer ce projet de réforme constitutionnelle alors que la Nouvelle-Calédonie connaît actuellement une nouvelle nuit d’embrasement, notamment à Nouméa et son agglomération. De nombreux commerces sont parties en fumée et des affrontements ont lieu dans les rues de la capitale. Le centre pénitentiaire a été le théâtre d’une seconde mutinerie depuis lundi. Dans les quartiers, les habitants se sont organisés en « milices » (des mots mêmes utilisés sur les réseaux sociaux), érigeant des barrages pour protéger les résidences des émeutiers.
Dans une vidéo publiée sur Nouvelle-Calédonie La 1ère, le président du gouvernement local, Louis Mapou, a une nouvelle fois appelé au calme. « La situation est grave (…) et difficile (…). On ne peut pas se mettre à détruire tout ce qui a été construit depuis 1988 », a-t-il déclaré. « Toute frustration, toute colère ne doit pas justifier qu’on puisse s’engager dans une dynamique de rupture. Nous avons des acquis » a-t-il poursuivi, estimant « ne pas cautionner tout ce qui se passe. J’appelle à la raison, au calme. Je demande aux responsables politiques de ne pas verser dans la surenchère » a-t-il martelé.
Toujours devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a confirmé que « les renforts sont partis pour la Nouvelle-Calédonie, des territoires ultramarins », notamment de Polynésie française, « comme d'Hexagone ». « Et cet après-midi, grâce au ministre des Armées, un avion sera affrété avec les quatre escadrons (de gendarmes mobiles, ndlr) supplémentaires pour arriver en Nouvelle-Calédonie pour rétablir l'ordre », a-t-il ajouté. Deux sections de la CRS-8, unités spécialisées contre les émeutes urbaines, sont aussi attendues.
« Malgré les 80 interpellations, plus de 70 policiers gendarmes ont été blessés, des familles de gendarmes ont été évacuées et des tirs réels ont eu lieu sur ces familles qui n'ont rien à voir avec le port de l'uniforme de la République, déjà scandaleusement outragé » a encore dénoncé le ministre. « 80 chefs d'entreprises ont vu leur outil de production brûlé ou détruit. Et le Premier ministre m'a demandé de travailler avec le Ministère de l'Économie et des Finances à leur accompagnement, même si vous le savez, qu'il s'agit d'une compétence locale. L'État français, comme toujours, sera au rendez-vous » a-t-il aussi assuré.
L’examen du texte vient de reprendre à l'Assemblée nationale, et va se poursuivre ce soir à Paris. Le groupe GDR a annoncé retirer une grande majorité de ses amendements -52 sur 220-, tout en appelant au « retrait du texte en vue d’un accord global ». Membre du groupe, le député de Polynésie Tematai Le Gayic a aussi demandé la mise en place d’un « groupe de contact » et la reprise en main du dossier calédonien par Matignon. Une demande également faite par les autres députés de gauche dans l’hémicycle.