Depuis le 1er août 2024, le général de brigade Patrice Bellon est à la tête du Service Militaire Adapté (SMA). Succédant au général de division Claude Peloux, il se lance dans une mission ambitieuse : continuer d’accueillir plus de jeunes tout en renforçant l’inclusion et les compétences numériques, dans un contexte ultramarin marqué par une grande diversité et de fortes disparités. Retour sur le parcours d’un homme qui met son expérience et sa détermination au service de la jeunesse ultramarine.
« Je veux avant tout, poursuivre l’œuvre entamée par mes prédécesseurs. Le SMA s’est structuré au fil des années ; nous avons réussi à doubler le nombre de jeunes accueillis en dix ans, passant de 3 000 à 6 000 volontaires. Il est crucial de ne pas se disperser, mais de continuer à consolider ce qui a été mis en place », explique le général de brigade Patrice Bellon, nouveau commandant du SMA, à l’occasion de sa prise de fonction. Son arrivée à la tête du SMA s’inscrit dans une dynamique de continuité, avec une volonté forte de maintenir et d’améliorer les initiatives lancées par ses prédécesseurs, notamment en matière de modernisation numérique et d’inclusion des femmes.
« L’inclusion des jeunes femmes est essentielle. Nous devons faire en sorte que nos régiments reflètent mieux la société ultramarine dans toute sa diversité. Actuellement, nous sommes à environ 30 % de jeunes femmes dans nos effectifs », affirme-t-il, déterminé à promouvoir davantage l’égalité des chances. « Les femmes doivent avoir accès aux mêmes opportunités que les hommes », répète-t-il, insistant aussi sur sa volonté de renforcer la cohésion sociale. « J’ai rencontré une jeune mère célibataire qui, après avoir intégré le SMA, est devenue technicienne de maintenance. C’est un métier qu’elle n’aurait jamais envisagé, mais aujourd’hui, elle excelle dans ce domaine et a trouvé un emploi stable. C’est ce genre de parcours que je veux multiplier. »
Renforcer les compétences numériques
Parmi ses priorités, le général Patrice Bellon se fixe pour objectif de poursuivre et de renforcer la montée en puissance du SMA d’ici 2030, atteignant ainsi 6000 volontaires par an. « Nous devons inscrire notre action dans la durée. Les jeunes qui passent par le SMA aujourd’hui seront les acteurs économiques de demain. Il est de notre responsabilité de les préparer au mieux. » Cette vision traduit une volonté de faire du SMA un véritable tremplin vers l’emploi pour les jeunes ultramarins, souvent confrontés à des difficultés d’insertion. Pour atteindre cet objectif, le général prévoit de consolider les infrastructures de formation, de renforcer l’encadrement et d’adapter les cursus aux spécificités locales. « Ce que nous faisons à La Réunion ne peut pas être reproduit à l’identique en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie. Chaque territoire a ses propres besoins, et nos formations doivent en tenir compte », explique-t-il, prônant une grande autonomie pour les chefs de corps afin de pouvoir ajuster les formations aux spécificités de chaque région.
Le développement des compétences numériques est en effet un enjeu clé pour l’avenir des jeunes des Outre-mer. « Dans certains territoires, l’accès à Internet est limité et les compétences numériques de base sont souvent absentes. Nous devons investir non seulement dans les formations, mais aussi dans les infrastructures pour que chaque jeune puisse se former dans de bonnes conditions. » En Nouvelle-Calédonie, le général de brigade avait déjà initié le lancement d’une filière de technicien d’assistance informatique. « Au départ, l’idée n’avait pas pris. Les entreprises locales avaient déjà leurs propres informaticiens. Mais aujourd’hui, c’est une filière qui se déploie dans tous nos régiments, et les jeunes qui en sortent trouvent des emplois stables. » Un succès qui illustre bien cette approche pragmatique et cette capacité à adapter les projets aux réalités locales. « Nous ne formons pas seulement des jeunes. Nous contribuons à la dynamique économique des régions et à leur stabilité. C’est pourquoi nous devons augmenter notre capacité d’accueil et offrir des formations de qualité, adaptées aux besoins du marché local. »
De nombreux déplacements à venir
Dans les prochaines semaines, le général de brigade Patrice Bellon se rendra dans plusieurs régiments du SMA, notamment en Nouvelle-Calédonie et à Mayotte. « J’ai besoin de voir les réalités locales par moi-même, de discuter avec les cadres et les jeunes pour comprendre leurs attentes et leurs difficultés », explique-t-il. La Nouvelle-Calédonie est pour lui une priorité. « La situation l’exige. Le territoire vit un drame absolu. Le SMA est un véritable symbole de cohésion sociale. La présence du général commandant le SMA dans ces moments délicats me paraît essentielle pour ces jeunes, pour le chef de corps bien sûr, mais aussi pour les familles qui ont décidé de nous faire confiance. Nous sommes en train de finaliser les modalités. » Mayotte serait la deuxième étape de ce parcours programmé. « Le régiment de Mayotte est en pleine expansion. C’est un territoire avec des problématiques uniques. Nous devons y renforcer notre présence et notre efficacité pour répondre aux besoins de la jeunesse locale. »
À terme, l’idée est de se déplacer sur les différents territoires au moins une fois par an, car le nouveau patron du SMA n’est pas seulement un militaire aguerri ; c’est un homme de terrain, profondément engagé dans la mission sociale du SMA. « Mon parcours m’a permis de voir différents aspects du métier de soldat, de la formation des jeunes officiers à la gestion de projets cyber. Mais ce qui me tient le plus à cœur, c’est de voir ces jeunes prendre confiance en eux, trouver leur voie et devenir des acteurs de leur propre réussite. » Le général est déterminé à laisser une empreinte durable et à faire avancer les dossiers en cours. « Ce que je veux, c’est que le SMA continue d’évoluer, de se moderniser, tout en restant fidèle à sa mission première : offrir aux jeunes ultramarins une chance de s’intégrer dans la société, de s’épanouir et de réussir. » Un nouveau chapitre s’écrit donc, dans la continuité, avec pour objectif de s’adapter aux évolutions de la société tout en tissant des liens durables entre les jeunes et leur territoire.
Abby Saïd Adinani