L’Assemblée nationale a adopté mardi une résolution créant un moratoire sur l'exploitation minière des fonds marins par 215 voix pour, et 56 contre. Une adoption qui a une résonance particulière en Polynésie, où l’Assemblée locale a voté une déclaration similaire en décembre.
Un « premier pas dans l'arrêt de toutes exploitations minières des fonds marins dans les ZEE des pays d'Outre-mer et de France » a salué le jeune député de Polynésie Tematai Le Gayic, membre du groupe GDR. La résolution a été adoptée par la quasi-totalité des neufs groupes de l’Assemblée nationale, sauf par les députés du RN et quelques députés LR. Elle vient aussi appuyer la position du chef de l’État, opposé à l’exploitation minière.
Portée par le député écologiste Nicolas Thierry, la résolution appelle à interdire temporairement l’exploitation minière « tant qu’il n’aura pas été démontré par des groupes scientifiques indépendants et de manière certaine que cette activité extractive peut être entreprise sans dégrader les écosystèmes marins et sans perte de la biodiversité marine ». Elle appelle aussi le gouvernement d’exiger de l’AIFM de « bloquer l’adoption de toute réglementation pour l’exploitation minière des fonds marins ».
En Polynésie, cette résolution fait écho à une déclaration similaire votée par l’Assemblée locale le 8 décembre dernier, et qui demande également un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. « Par ce vote, l’Assemblée Nationale rejoint le vote de la grande majorité des représentants à l’Assemblée de la Polynésie française qui se sont fermement positionnés (…) en faveur de la protection et la gestion durable de nos espaces et de nos espèces », a salué l’exécutif de la Collectivité d’Outre-mer.
Dans son communiqué, le gouvernement polynésien n'a pas manqué de souligner les divergences au sein du parti indépendantiste, dont le groupe à l’Assemblée locale avait voté contre cette résolution émanant de leur territoire. Car si les députés indépendantistes de Polynésie votaient mardi en faveur de la résolution, le parti est localement défavorable à une interdiction de l’exploitation minière, tout en défendant la souveraineté de la Collectivité sur ses fonds marins.
« On ne peut pas accepter qu’Emmanuel Macron aille parler à notre place des ressources qui nous appartiennent », expliquait le chef de groupe des indépendantistes à l’Assemblée locale, Tony Geros, interrogé par nos partenaires de Radio 1 Tahiti il y a quelques semaines. Dans une résolution du 16 décembre, l’ONU a par ailleurs exhorté la France à « garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, y compris les ressources marines et les minéraux sous-marins ».
Le Tavini Huiraatira communique depuis de nombreuses années davantage sur le potentiel économique de l’exploitation des ressources métalliques de la ZEE que sur ses conséquences écologiques, rappelle aussi Radio 1 Tahiti. Les ressources minières des fonds marins seraient, pour le parti indépendantiste, un levier à prendre en compte pour assurer la souveraineté économique de la Polynésie. « On va avancer étape par étape », ajoutait Tony Géros sur Radio1. « D’abord on va reconnaître notre souveraineté et ensuite seulement la voix du Tavini pourra être entendue en tant que telle ».
De son côté, le député Moetai Brotherson nuançait : « Dans 30 ou 50 ans, nos enfants qui sont tous des génies auront peut-être trouvé et développé les technologies qui permettent ces exploitations », avait expliqué l’élu dans les colonnes de Tahiti-infos. « Je dis peut-être parce qu’on n’en sait rien ». « Le texte adopté par l’Assemblée de Polynésie n’a qu’une portée à l’intérieur de notre statut » avait également justifié le député, pour expliquer le vote contre de son parti sur la déclaration portée par le gouvernement polynésien.