Le président Emmanuel Macron a plaidé lundi à la COP27 en Égypte pour une « interdiction de toute exploitation des grands fonds marins ». Une position déjà exprimée auparavant.
« Les océans doivent être ce qu'a été, au fond, l'espace, il y a quelques années : c'est une nouvelle frontière pour la coopération et le multilatéralisme », a-t-il déclaré à la tribune du sommet de l'ONU pour le climat à Charm el-Cheikh. La France, « au rendez-vous de ses engagements », « soutient l'interdiction de toute exploitation des grands fonds marins », a-t-il ajouté. « J'assume cette position, et la porterai dans les enceintes internationales ». Une position déjà exprimée à Lisbonne.
En juin, le chef de l'État avait en effet déjà défendu, lors de la conférence des Nations unies pour les océans, l'élaboration d'un « cadre légal pour mettre un coup d'arrêt à l'exploitation minière des fonds en haute mer et ne pas autoriser de nouvelles activités qui mettraient en danger les écosystèmes océaniques ». En août, les négociations pour l’élaboration d’un traité pour protéger la haute mer ont échoué aux Nations unies.
Des députés français de tous bords et des associations ont demandé fin octobre que la France traduise cette volonté en s'engageant en faveur d'un moratoire de dix ans au moins sur l'exploitation minière des fonds marins. L'élu écologiste Nicolas Thierry a déposé lundi à l'Assemblée nationale une résolution en ce sens cosignée par 168 députés. Ils demandent un tel moratoire au sein de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) qui se réunit jusqu'au 11 novembre en Jamaïque. Des territoires ultramarins comme la Polynésie, qui représente près de la moitié des ZEE françaises, ont aussi demandé un moratoire sur l’exploitation des fonds marins.
« La France, en tant que deuxième puissance maritime au monde, va plus loin qu'un moratoire ou qu'une pause de protection », a explicité auprès de l'AFP le secrétaire d'État à la mer, Hervé Berville. « La France ne cédera pas aux pays qui veulent adopter un code minier le plus vite possible, quand bien même avec certaines garanties environnementales », a-t-il assuré alors que le sujet est débattu au Conseil de l'AIFM.
Fin 2021, le président Macron avait annoncé un plan de deux milliards d'euros, sur cinq ans, dans le cadre du programme « France 2030 », consacré à l'exploration des fonds sous-marins, notamment pour l'accès aux métaux rares, très convoités à l'heure de la transition énergétique. « Maintenant notre stratégie est basée uniquement sur l'exploration scientifique, avec l'Ifremer et le CNRS, pour mieux connaître nos océans et mieux les protéger », a ajouté Hervé Berville. « Greenpeace France salue cette annonce, qui vient renforcer la position de la France » après les déclarations de juin, a réagi l'ONG, tout en fustigeant « un discours global (...) qui reste creux » et « un immobilisme coupable au regard de l'urgence à agir ».
Dans son discours, le président Macron a aussi promis un « programme de préservation positive » pour protéger les « écosystèmes critiques - les forêts anciennes, les tourbières, les mangroves ou les zones humides ». « Nous devons donc urgemment reconnaître à ces écosystèmes un statut particulier et proposer aux États qui les abritent des contrats politiques et financiers pour les aider à les préserver », a-t-il dit, précisant que le Gabon, la Colombie et les Philippines avaient « adhéré » à cette démarche lors d'une rencontre lundi à la COP27. « Nous nous retrouverons à Libreville début 2023 pour adopter des plans d'actions très concrets lors d'un One Forest Summit » co-organisé avec son homologue gabonais Ali Bongo, a ajouté le président français.
Avec AFP.