La France appelle l’Azerbaïdjan à « résoudre ses différends par la diplomatie plutôt que par les ingérences » en Outre-mer

La France appelle l’Azerbaïdjan à « résoudre ses différends par la diplomatie plutôt que par les ingérences » en Outre-mer

Le sénateur Georges Naturel a interpellé le ministre des Affaires étrangères, ce mercredi, sur « la nouvelle provocation de Bakou », à travers son soutien aux mouvements indépendantistes ultramarins et plus particulièrement au FLNKS auprès de qui l’un de leur « émissaire a participé en visioconférence au congrès » qui se tenait ce week-end. À ce sujet, Jean-Noël Barrot qui condamne fermement ces « agissements intolérables » a notamment annoncé que le gouvernement français a pris des sanctions pour empêcher la venue en personne de représentants du groupe d’initiative de Bakou à Nouméa. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Les ingérences de l’Azerbaïdjan dans les affaires françaises, et plus particulièrement en Nouvelle-Calédonie, n’en finissent pas de faire réagir. Ce mercredi, depuis Paris, c’était au tour du sénateur Georges Naturel d’interpeller l’État, et plus particulièrement le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur ce sujet, dénonçant notamment « la participation par visioconférence », samedi dernier, d’un « émissaire de Bakou », au 44e congrès du FLNKS*.

La veille, des représentants de mouvements indépendantistes de plusieurs territoires ultramarins et de Corse avaient acté, lors d’un rendez-vous soutenu par le groupe d’initiative de Bakou, avaient par ailleurs acté la création d’un Front international de décolonisation. Dans l’Hémicycle du palais du Luxembourg, le sénateur calédonien a tenu à « condamner avec force cette nouvelle provocation du groupe d’initiative de Bakou, officine affiliée à l’Azerbaïdjan » qui « encourage à s’insurger contre la France ».

« Agitateurs à la solde d’une dictature »

« Cette intolérable ingérence, orchestrée par un régime totalitaire et ultranationaliste, classé parmi les plus corrompus du monde, constitue une tentative flagrante de déstabilisation de notre République et une atteinte inacceptable à notre intégrité nationale », insiste Georges Naturel, regrettant que « les indépendantistes kanak radicaux se discréditent en tombant dans le piège qui leur est tendu par des agitateurs à la solde d’une dictature hostile à la France et ses valeurs de liberté ». Et ce, considérant que « l’émancipation ne peut être revendiquée en s’alignant aux côtés d’une dictature ».

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Dans ce contexte, l’élu calédonien estime « impératif » pour la France de « réagir avec la plus grande fermeté à la hauteur de l’affront qu’elle a subi ». La question que Georges Naturel a adressée au ministre des Affaires étrangères est donc la suivante : « Quelles sanctions énergiques le gouvernement entend-il prendre contre l’Azerbaïdjan pour répondre à cette situation inacceptable et prévenir toute future ingérence qui menacerait la paix en Nouvelle-Calédonie et dans l’ensemble de nos Outre-mer ? ».

Au micro, Jean-Noël Barrot, qui avait dès le week-end dernier vivement condamné ces nouvelles actions du groupe d’initiative de Bakou, a réitéré ses propos, qualifiant « les agissements coupables et intolérables » de ce bras armé des autorités d’Azerbaïdjan, qui se livre à « des manœuvres numériques aussi bien que physiques, inauthentiques et malveillantes qui visent nos régions, nos départements, nos collectivités d’Outre-mer ainsi que la Corse et en particulier la Nouvelle-Calédonie ». 

Le ministre affirme que le gouvernement « ne se laissera pas faire » face à « ce groupe a démontré sa volonté manifeste de tenter de s’ingérer dans notre débat public et de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation et en l’occurrence notre intégrité territoriale et la sécurité publique ».

« Ne pas tomber dans le piège »

Jean-Noël Barrot en profite pour rappeler les différentes interventions de l’État dans ce dossier : « Dès le 19 novembre, j’ai convoqué l’ambassadrice de l’Azerbaïdjan à Paris pour lui signifier notre réprobation absolue de ses agissements et lui demander à ses autorités de les faire cesser. C’est pourquoi au mois de décembre, le service Viginum, qui détecte et attribue les ingérences numériques étrangères, a publié un rapport circonstancié qui démontre l’ampleur de ses manœuvres, leur caractère inauthentique ainsi que leur échec à atteindre les objectifs qu’il s’était fixés », liste le ministre des Affaires étrangères, avant d’annoncer de nouvelles sanctions qui ont été prises en amont de la tenue des congrès à Nouméa et à Saint-Louis la semaine dernière. « Si l’intervention à laquelle vous avez fait allusion est intervenue en visioconférence, c’est précisément parce que nous avons empêché, par des sanctions, les autorités azéries de participer à ce forum ».

Dans ce contexte, Jean-Noël Barrot appelle les Calédoniens « à ne pas tomber dans le piège qui est ainsi dressé » et appelle l’Azerbaïdjan, « qui se déshonore, qui se déconsidère, qui se sanctionne tout seul à soutenir de telles manœuvres », à « résoudre, quel que soit le différend qu’il entretient avec la France, par la diplomatie plutôt que par les ingérences ».

 Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes

*Dominique Fochi, au bureau politique du FLNKS, précise que le Groupe initiative Bakou n'a pas participé en visioconférence au 44ème congrès du FLNKS, mais a publié une vidéo de soutien sur sa page Facebook.