Rétro 2016: Les Cultures ultramarines sur le devant de la scène

Rétro 2016: Les Cultures ultramarines sur le devant de la scène

A la charnière entre 2016 et 2017, Outremers360 vous propose un coup de rétroviseur sur les événements qui ont ponctué l’actualité de ces 12 derniers mois dans les Collectivités ultramarines. Cette sélection de quelques unes parmi les centaines de dépêches publiées cette année par notre site et relayées par la presse ou les réseaux sociaux témoigne de l’extrême vitalité de ces pays et de leurs régions dont nous rendons compte chaque jour, de leurs problématiques, mais surtout des défis qu’ils relèvent et des dynamiques dont ils sont porteurs. Rubrique par rubrique, voici ce que fut l’année d’Outremers360. Merci de la partager.

Poursuivons notre rétrospective de l’année 2016. Après le sport, les déplacements officiels et les coups d’éclat politiques, place à la Culture. Incontestablement, le Pacifique a fait une entrée fracassante dans le cinéma en 2016, avec notamment la sortie de Vaiana, La légende du bout du Monde, dernier né des studios Disney. Côté littérature, on retiendra les nombreuses nominations de Tropique de la Violence de Nathacha Appanah ou encore le premier roman du Comorien Ali Zamir.

Disney enchante le Pacifique

Avec Vaiana, Disney frappe fort. Sorti fin novembre aux Etats-Unis, le film d’animation retrace la quête identitaire d’une jeune polynésienne, aidée par le demi-dieu Maui, à travers le Pacifique. Disney offre ainsi la première princesse polynésienne de sa firme et plonge le spectateur au cœur du vaste Océan Pacifique, théâtre des grandes migrations polynésiennes. Émaillé de nombreuses polémiques avant sa sortie –absence de voix polynésiennes pour la version française, costume controversé et corpulence de Maui-, le film a finalement fait consensus auprès des spectateurs polynésiens. Dans l’Hexagone, Vaiana a engrangé 3,9 millions d’entrées depuis sa sortie, sans pour autant déloger « Rogue One ». Au niveau mondial, Vaiana a rapporté 342,8 millions de $ à la firme aux grandes oreilles.

Mercenaire ou l’hommage aux rugbymen wallisiens

En 2016, Wallis et Futuna est aussi à l’honneur au cinéma avec le film Mercenaire du réalisateur français Sacha Wolff. Le film retrace la vie de Soane, jeune wallisien vivant à Nouméa, recruté pour intégrer une petite équipe de rugby dans le sud-ouest de la France. Loin des siens et déraciné, Soane vivra des désillusions, celles réservées aux joueurs wallisiens, seulement bons à balayer les adversaires et offrir un peu de folklore dans les vestiaires. Si la première réalisation cinématographique de Sacha Wolff ne rencontre pas le succès escompté, lui et son acteur principal Toki Pilioko ont marqué le cinéma français. Toki Pilioko est pré-sélectionné pour recevoir le César du meilleur espoir masculin. Il est également nommé dans la catégorie révélation masculine de l’Académie des Lumières tandis que Mercenaire concourt dans la catégorie Meilleur film.

Tanna, du Vanuatu à Hollywood

S’il n’a pas fait grand bruit lors de sa sortie en novembre, le film Tanna des réalisateurs australiens Martin Butler et Bentley Dean a toutefois reçu de belles récompenses: celui du Meilleur directeur de la photographie et le prix du public de la Semaine de la critique au Festival du Cinéma de Venise. Tanna a également été choisi par l’Australie pour la représenter à la prochaine cérémonie des Oscars. Entièrement réalisé sur l’île éponyme au Vanuatu, le film « Tanna » a été tourné avec des membres de la tribu Yakel. Il raconte l’histoire de la jeune Wawa, issue de la tribu Yakel, qui vit un amour secret avec Dain, beau et jeune chasseur. Leur amour sera néanmoins compromis par la « kastom »: un mouvement de rejet du mode de vie hérité des colons pour revenir à un système religieux et social ancestral.

Gang des Antillais, le BUMIDOM en ligne de mire

Réalisé par le Guadeloupéen Jean-Claude Barny, ce long-métrage, sorti en octobre, retrace la dérive de quatre jeunes Antillais, déçus par l’espoir suscité par le BUMIDOM et qui tomberont dans la délinquance. Dans les années 70, ce groupe défraiera la chronique en commettant une série de braquages. Tourné entre Toulouse et la Guadeloupe, Le Gang des Antillais met sur grand écran une réalité peu connue, celle d’une génération d’Antillais appelée Génération BUMIDOM, confrontée au racisme et à l’exclusion. Lors de sa première semaine de sortie en France en fin novembre, le film fait 18 000 entrées, « ce qui, compte tenu de la dureté du marché,n’est pas mal. Face à Vaiana et Sully, c’est rude » se félicite le producteur Sébastien Onomo.

Tropique de la Violence, dans l’enfer de Mayotte

Avec Tropique de la Violence, l’auteure Nathacha Appanah plonge le lecteur dans l’enfer réel vécu par le jeunesse de Mayotte. Le roman relate l’histoire d’un enfant qui perd sa mère adoptive et se retrouve livré à lui même à Mayotte, dans un contexte où l’insécurité et le chômage massif des jeunes dominent. Avec Tropique de la Violence, Nathacha Appanah est sélectionnée pour les prix Medicis, Goncourt et Femina. Au final, le roman remportera le Prix Femina des lycéens et se hissera dans les meilleurs ouvrages de la rentrée 2016.

©Vincent Nguyen

©Vincent Nguyen

Anguille sous roche, haletant et suffocant

Première publication de l’écrivain comorien Ali Zamir, le roman Anguille sous roche ne compte qu’une seule phrase qui s’étend sur 320 pages et se clôt par un point d’exclamation symbolisant le dernier souffle de la narratrice. Sélectionné pour le Prix de Littérature Francophone Senghor 2016, le Prix du Roman Fnac 2016, le Prix du Livre sur la place à Nancy et le prix Hors Concours 2016, Ali Zamir remportera finalement le Prix Senghor 2016 et s’imposera comme l’« Ovni » de la rentrée littéraire 2016.

Ali Zamir ©DR

Ali Zamir ©DR

La Matière de l’absence, le deuil selon Patrick Chamoiseau

A partir de la mort de sa mère, l’écrivain martiniquais visite l’histoire encore méconnue des Antilles: leur genèse, leurs rituels, leurs modes de vie remontant aux origines de l’humanité, retraçant l’étonnante créativité d’un peuple qui a inauguré ses mythes et ses combats dans le ventre du bateau négrier. Si ce récit autobiographique n’a pas beaucoup fait parler de lui à sa sortie en août, il marque toutefois le grand retour de l’auteur Patrick Chamoiseau et se hisse parmi les plus grandes œuvres de celui-ci, avec Texaco.

Patrick Chamoiseau ©DR

Patrick Chamoiseau ©DR

Pina, la face cachée de la Polynésie

13 ans après la sortie de son premier roman Mutisme, Titaua Peu revient en 2016 avec Pina: une plongée fracassante dans le quotidien d’une famille désemparée, vivant dans « les misères contemporaines » de la Polynésie. Le roman est « aux antipodes du politiquement correct », il « crie la rage trempée dans la sueur, le sang, le sperme,… et les larmes ». A sa sortie, il défraie la chronique et devient le principal sujet de discussion du dernier Salon du Livre en Polynésie française. L’auteure, peu enclin à la célébrité et aux faux-semblants, deviendra pourtant la coqueluche des réseaux sociaux et s’imposera dans le monde littéraire polynésien.

©DR

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Alexandre Juster, expert en Histoire et Culture d’Océanie

Ancien chroniqueur Histoire & Culture d’Océanie à Outremers360, l’ethno-linguiste Alexandre Juster s’imposera tout au long de l’année comme l’expert et le porte-parole des connaissances ancestrales océaniennes. Il fait notamment partie de ceux qui valideront les données culturelles et historiques reprises par Disney dans Vaiana. Véritable encyclopédie vivante, Alexandre Juster rencontrera le succès avec L’Histoire de la Polynésie française en 101 dates, sortie milieu 2016. Le livre décrit « tous les événements, des plus graves comme les engagements des Poilus tahitiens de la Première Guerre Mondiale aux plus légers, comme la quatrième place remportée par Tahiti face au Brésil, à la coupe du monde de Beachsoccer ».

Alexandre Juster ©Outremers360

Alexandre Juster ©Outremers360

Murmures à la Jeunesse, cri du cœur et de la raison

A cause du projet de loi sur la déchéance de nationalité, Christiane Taubira démissionne du gouvernement avec fracas début 2016 et dans la foulée, publie ses Murmures à la Jeunesse. L’essai sera dès la première semaine un best-seller, clouant au pilori tous ses détracteurs et autres livres-programmes politiques. Très vite, les quelques premiers exemplaires sont en rupture de stock, confirmant que même hors du gouvernement, Christiane Taubira fait toujours sensation.

L’année 2016 a été marquée par d’autres événements célébrant les Cultures des Outre-mer. On retiendra notamment le premier anniversaire du Memorial Acte en Guadeloupe, la réouverture de la Fondation Clément en Martinique, les nombreux carnavals qui rythment les Outre-mer chaque année, le Heiva I Tahiti qui célèbre la Culture polynésienne ou encore, le Festival Liberté Métisse, la commémoration de l’abolition de l’esclavage et la Fet Kaf à La Réunion.