Guadeloupe: EDF a porté plainte contre X pour «mise en danger d'autrui»

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Guadeloupe: EDF a porté plainte contre X pour «mise en danger d'autrui»

La société de fourniture d’électricité a porté plainte vendredi après l'arrêt des moteurs de la principale centrale de production d'électricité de Guadeloupe, provoquant un black-out généralisé.

 

Le rétablissement de l'électricité se poursuivait de manière «très progressive» samedi en Guadeloupe, avec 68% des foyers réalimentés selon EDF, plus de 24 heures après un «black-out» généralisé dans l'ensemble de l'archipel, et un retour à la normale espéré «durant le week-end».

L'électricité a été rétablie chez «155.500 clients», soit 68% des personnes touchées, selon un bilan de l'énergéticien réalisé à 11H00 heure locale (17H00 à Paris). «La réalimentation électrique des foyers se fait de manière très progressive pour assurer la stabilité du réseau électrique», a ajouté EDF, appelant les usagers à faire preuve de «sobriété énergétique» pour ne pas surcharger le réseau «durant cette période sensible de réalimentation».

Dans un communiqué, la préfecture de Guadeloupe a indiqué qu'une «perspective de retour à la normale (était) prévue durant le week-end».

Une coupure généralisée («black-out») affecte la Guadeloupe depuis vendredi à 08H30 locales, «à la suite de l'arrêt illégal» des moteurs de la centrale EDF-PEI de Jarry qui fournit la majorité de l'électricité sur le territoire de près de 380.000 habitants.

Plainte d'EDF

EDF, via sa filiale EDF-PEI, a déposé une plainte contre X vendredi, pour «mise en danger d'autrui», au commissariat de Pointe-à-Pitre, a fait savoir l'entreprise. Le «couvre-feu général» imposé vendredi par le préfet sur l'ensemble du territoire n'a pas empêché les pillages et les dégradations, notamment à Pointe-à-Pitre. Dans le chef-lieu de la Guadeloupe, onze boutiques ont été vandalisées dont un supermarché, une banque et trois bijouteries «attaquées au tractopelle», selon la vice-procureure de la République Alexandra Onfray. Sur place, la police a essuyé des tirs à balles réelles. Deux personnes ont été arrêtées, selon la même source.

Alors qu'un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d'EDF Production électrique insulaire (PEI), le préfet Xavier Lefort a accusé, peu après la coupure, «des salariés grévistes» de la centrale de Jarry qui «se sont introduits dans la salle des commandes» et ont «provoqué l'arrêt d'urgence de l'ensemble des moteurs».

Les gendarmes sont intervenus pour «sécuriser la salle des commandes», a expliqué le préfet qui a ensuite réquisitionné les salariés «nécessaires au fonctionnement» de la centrale.

L'annonce de la coupure avait provoqué l'inquiétude concernant la distribution d'eau, le fonctionnement de l'hôpital mais aussi les malades soignés chez eux. Grâce à ses groupes électrogènes, le CHU de Guadeloupe a continué son activité mais a dit avoir accueilli «en urgence trois familles» pour intoxication au monoxyde de carbone, dont un nourisson de 10 mois «pris en charge en réanimation». L'établissement a mis en garde contre la mauvaise utilisation de groupes électrogènes, notamment en milieu clos.

«Graves conséquences»

La situation en matière de réseaux de téléphonie mobile, critique vendredi, «s'améliore progressivement au rythme du rétablissement de l'alimentation», a annoncé samedi matin Orange Caraïbe, le principal opérateur mobile de Guadeloupe.

Samedi, les critiques et les réactions outragées à ce «black-out» se multipliaient. L'Union des entreprises de Guadeloupe, représentant du Medef sur le territoire, a dénoncé un «acte criminel», ajoutant que «les plus petites entreprises paieront le plus lourd tribut avec des pertes de stocks et de matériels».

Le président de la région Ary Chalus a dénoncé «l'irresponsabilité des actes qui ont gravement mis en péril la santé des Guadeloupéens et l'économie du pays», tout en déplorant «les séquences qui ont conduit à cet épisode désastreux». La fédération PS de Guadeloupe a de son côté pointé du doigt le «dialogue social en lambeaux» dans cette crise et réclamé «d'urgence un retour à la raison».

Des grévistes de la centrale avaient indiqué vendredi à l'AFP avoir procédé à la coupure des moteurs «après la convocation par la direction d'un de (leurs) chefs, peut-être en vue d'un licenciement». Samedi matin, «sept moteurs sur les 12 de la centrale de Jarry» avaient pu «être redémarrés» après la réparation d'un «des moteurs de secours, spécifiquement dédié à la relance du système électrique», a détaillé EDF Archipel Guadeloupe.

Le mouvement social, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en œuvre d'un accord signé début 2023, après deux mois de grève pour réclamer une mise en conformité des contrats et rémunérations avec le droit du travail. Il avait depuis provoqué des coupures d'électricité affectant jusqu'à 100.000 foyers. Lundi, la direction d'EDF-PEI avait proposé la signature d'un accord que la fédération de l'énergie de la CGT-Guadeloupe a refusé, un dernier point d'achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.

Avec AFP