Dans le cadre d’un projet éducatif mêlant citoyenneté et culture, une délégation de jeunes issus de l’association ANEF Loire a récemment effectué un séjour à Paris. Parmi les moments forts de ce voyage, une visite à la délégation de Mayotte a permis à trois jeunes Mahoraises – Mayna, Léa et Mélissa – de renouer avec leurs racines, tout en les partageant avec leurs camarades venus d’autres horizons.
Cette initiative s’inscrit dans un projet annuel mené par l’équipe de prévention spécialisée de l’ANEF Loire, structure implantée à Roanne, au plus près des quartiers populaires. L’objectif : accompagner des jeunes âgés de 12 à 25 ans dans leur construction personnelle et citoyenne à travers des actions concrètes de terrain.
« Notre travail, c’est d’aller vers les jeunes, notamment ceux en voie de marginalisation, pour les raccrocher aux institutions de droit commun. On agit sur un territoire, pas sur une famille, ce qui crée un vrai lien de confiance », explique Cynthia Moreau, éducatrice spécialisée à l’ANEF Loire.
Le projet, intitulé « Culture et Citoyenneté », vise à permettre aux jeunes de mieux comprendre leurs origines culturelles tout en s’appropriant leur place dans la société française. Tout au long de l’année, les participants ont mené des recherches aux archives départementales, réalisé des micro-trottoirs à Roanne sur les parcours migratoires et interrogé leurs familles pour retracer leurs histoires personnelles.
« Beaucoup d’entre eux sont issus de l'immigration, avec des origines algériennes, marocaines, turques, syriennes ou encore comoriennes et mahoraises. L’idée, c’était de leur faire prendre conscience qu’ils peuvent être à la fois d’ici et d’ailleurs », précise l’éducatrice.
À Paris, le groupe a multiplié les visites à haute portée symbolique : Institut du monde arabe, Bastille, Panthéon, Montmartre, mais aussi les Champs-Élysées et la Tour Eiffel, à l’approche de la fête nationale.
À la délégation de Mayotte, les jeunes ont été accueillis pour un moment d’échange autour de l’identité et de l’histoire du 101e département. Ils ont aussi assisté à la projection du documentaire « Cher futur moi – Mayotte », du réalisateur Irvin Anneix. Un moment fort, autant pour les Mahoraises que pour les autres jeunes, qui ont pu découvrir un autre pan de la France, souvent méconnu.
« Le simple fait de dire à nos jeunes Mahoraises qu’on allait visiter la maison de Mayotte, c’était symboliquement fort. Trop souvent oubliée, cette culture fait pourtant partie intégrante de notre pays. Et à Roanne, la culture mahoraise est bien présente dans les quartiers, à travers la musique, les odeurs, les fêtes… C’était essentiel de la valoriser », confie Cynthia Moreau.
Charles Baudry
