Le barrage KO2 sur le site de l’usine de Goro ©ValeNC
Outre l’actionnariat du futur repreneur de l’usine de Goro, les risques environnementaux sont également au cœur des préoccupations liées à l’épineux dossier de la vente de Vale NC. Associations et collectif « Usine du sud : usine pays » font part d’inquiétudes sur l’état du barrage KO2, et l’industriel veut rassurer.
Depuis plusieurs semaines déjà, la fédération des associations calédoniennes pour l’environnement EPLP (Ensemble pour la planète) relaie ses observations et préoccupations sur la fiabilité du barrage stockant les résidus produits par l’usine de traitement de nickel. Des préoccupations partagées par le collectif « Usine du sud : usine pays », rassemblant coutumiers et indépendantistes. Et pour cause, la rupture du barrage de Vale dans la région de Brumadinho au Brésil en 2016 a eu un écho jusqu’en Nouvelle-Calédonie.
« Le rapport Mecater de novembre 2020, donc un rapport extrêmement récent, fait état d’un certain nombre d’anomalies, d’abord les matériaux qui constituent le barrage ont été mal évalués en termes de comportement et ce qu’on peut craindre c’est une liquéfaction lors d’un séisme », a rapporté Martine Cornaille, Vice-présidente d’EPLP sur Facebook. « Ensuite ce barrage est mal surveillé, il ne respecte pas les normes de sécurité internationales, et pour finir les experts préconisent qu’il soit conforté. Donc tout ça, dans une région sismique, sur un site faillé, cela nous préoccupe énormément ».
Selon Nouvelle-Calédonie la 1ère, l’autre source d’inquiétude réside dans l’étanchéité de la membrane qui tapisse le fond du barrage. « Depuis trois ou quatre ans, on sait que malheureusement cette membrane, qui était réputée étanche, ne l’est pas et laisse passer un certain nombre de produits chimiques toxiques qui empoisonnent la nappe phréatique », ajoute Martine Cornaille. « Ces différents points nous poussent à exiger un certain nombre de contre-expertises et d’études épidémiologiques et d’écotoxicité parce qu’aujourd’hui ça n’a pas été réalisé », plaide Subama Mapou, experte mandatée par le collectif « Usine du sud : usine pays ».
De son côté, l’industriel a assuré que des études éco-toxicologiques sur ces fuites sont réalisées et que celles-ci ne démontrent aucun danger actuellement. « Cette eau est contrôlée par notre équipe environnement », a répondu Maureen Brésil, directrice technique de Vale NC, interrogée par NC la 1ère. « On a 30 points de collecte. L’eau qu’on échantillonne, c’est l’eau du sud avec des sels en plus, avec des sulfates, du magnésium et du calcium ».
Capacité maximale en 2023, et après ?
« Le barrage de Brumadinho est un barrage qui repose sur les résidus, donc il repose sur des boues. L’eau des boues n’était pas évacuée à Brumadinho, donc c’est instable, et ce n’est plus une technique autorisée aujourd’hui », poursuit-elle. « Notre barrage, ce n’est pas du tout le même concept. Il est sur un seul morceau et il repose non pas sur des résidus mais sur le sol, stable ». Toujours selon nos confrères, le barrage KO2 a été approuvé par le comité des grands barrages en France et selon Vale NC, sa fabrication avec du remblai et de la latérite compactée ne présente pas de risque de liquéfaction.
« Aujourd’hui pour être en conformité avec les normes, on doit faire un confortement au niveau du barrage, ce n’est pas lié à une instabilité du barrage, c’est lié à l’évolution des normes », a ajouté Maureen Brésil. D’une longueur d’1,3 km pour 60 mètres de haut, le barrage stock actuellement 25,7 millions de m3 de résidus produits par l’usine de traitement de nickel, pour une capacité autorisée de 45 millions de m3. KO2 devrait donc être plein en 2023 et dans un courrier adressé à l’État, EPLP a évoqué la gestion des résidus toxiques une fois la capacité maximale atteinte. Elle demande également un état des lieux indépendant complet des installations du site de Vale NC.