A l'école du Manguier à Mamoudzou, l'atmosphère est teintée de tristesse et de résignation. Deux semaines et demie après le passage dévastateur du cyclone Chido, la préparation de la rentrée scolaire est prioritaire. Les familles hébergées doivent trouver un autre toit.
Dans la cour de l'école élémentaire Paulette Henry - connue sous le nom du Manguier - c'est l'heure du petit-déjeuner : pain et thon, accompagnés d'un petit jus. « Ici, il n'y a pas d'électricité... Nous avons donc essayé de stocker des aliments non périssables », explique Mrahati Abdallah, membre de l'équipe qui gère le centre.
Au milieu des bouteilles d'eau, de lait, des boîtes de biscuits et de compotes, les agents de la mairie et les bénévoles présents font le point une dernière fois avant de distribuer les provisions aux familles sinistrées réfugiées ici depuis deux semaines. « Parfois, on a des dons. On peut alors donner autre chose ».
En ce dernier jour de l'année, les visages sont tendus. Tous savent que le centre doit fermer dans quelques heures, comme la petite vingtaine de lieux d'hébergement d'urgence ouverts dans le chef-lieu mahorais le 13 décembre, veille du passage du cyclone Chido. Ces centres ont servi de refuge à près de 12 500 personnes.
Lundi, Roukia Abdillah se préparait déjà au départ. Habitante de Mamoudzou, elle vivait à quelques mètres de l'école. De sa maison, il ne reste plus rien. « Nous ne partirons pas d'ici avec des vêtements sales », soupire-t-elle en lavant son linge dans une grande bassine métallique. « Cela séchera dans l'après-midi. Et demain, nous partirons ». Au Manguier, 21 nourrissons, 118 enfants et 63 adultes sont concernés.
Nettoyage nécessaire
« Ils nous ont donné un toit pour nous abriter. Maintenant qu'ils nous demandent de partir, nous partirons sans chercher à faire de problème », poursuit Nadjati Mouhoudhoire, autre habitante du quartier. Ses affaires, elle a déjà commencé à les ramener chez elle, à quelques mètres de là : des vêtements, des bidons d'eau, des documents précieux cachés sous des tôles.
« Je ne sais pas où aller, alors je vais revenir ici », explique-t-elle au milieu de ce qui reste de sa maison. « Je dois y réfléchir, mais là je n'y arrive pas ». Son fils et elle ont prévu de reconstruire. Quand ? Comment ? Ils ne savent pas encore.
Lundi, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, avait indiqué devant le Premier ministre François Bayrou que l'ensemble des centres d'hébergement d'urgence de sa commune seraient fermés à compter du 1er janvier « pour que nous puissions récupérer les écoles ». « Il est nécessaire de faire le nettoyage pour que la rentrée, normalement prévue le 20 janvier, puisse se faire dans les meilleures conditions possibles », a-t-il fait valoir.
Devant le chef du gouvernement, le maire avait aussi déploré que l'on ait « brûlé une école de la République » sur sa commune, un établissement transformé en centre d'hébergement d'urgence. Une enquête est en cours sur ces faits, a confirmé le parquet de Mamoudzou mardi à l'AFP.
Difficile de savoir où les familles iront après avoir quitté les lieux d'hébergement. « Nous avons juste besoin de temps pour reconstruire notre maison », plaide Siti, élève de 3ème au collège de Mgombani, situé à quelques centaines de mètres de l'école élémentaire. « Avec ma mère, nous sommes six. Le plus petit a quelques mois. Aujourd'hui, nous ne savons pas où aller. Nous savons où construire, mais nous n'avons pas encore eu le temps ».
Le maire rappelle que l'État, « à travers le Premier ministre », s'est engagé à « prendre en charge l'ensemble de ces familles qui n'auront pas d'endroit où dormir », selon des modalités que le préfet doit encore préciser.
Avec AFP