Les locaux de la compagnie aérienne Air Austral ont été perquisitionnés jeudi par les gendarmes et les services de l’Autorité de la concurrence, a-t-on appris auprès de la direction de la compagnie aérienne.
Selon une source proche du dossier, appuyés par des gendarmes, les agents de l’Autorité de la concurrence ont saisi des ordinateurs et des documents. Des bureaux de la direction de l’entreprise ont été placés sous scellés. L’Autorité de la concurrence a confirmé jeudi après-midi sans plus de précisions que « des opérations de visite et saisies inopinées ont été réalisées auprès d’entreprises à La Réunion suspectées d’avoir mis en œuvre des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur du transport aérien de passagers inter-îles ».
« Cette enquête est en lien avec le dossier de non reconduction par les autorités malgaches des droits de trafic temporaires de la compagnie Corsair entre La Réunion et Tananarive en 2018 », a précisé Marie Joseph Malé, PDG d’Air Austral dans un courrier interne adressé aux salariés et dans un communiqué envoyé à la presse jeudi après-midi. « La compagnie a confirmé qu’elle collaborerait pleinement avec les Autorités dans le cadre de cette enquête », a aussi écrit Marie Joseph Malé.
La perte de ses droits de vols entre l’aéroport de Saint Denis-Roland Garros à La Réunion et celui d’Antananarivo-Ivato à Madagascar avait obligé Corsair à arrêter sa rotation entre Paris-Orly et la capitale malgache via La Réunion. Cette suppression avait été signifiée à la compagnie française après 21 ans de présence à Madagascar. Elle intervenait dans un contexte de partenariat vieux de plusieurs années entre Air Madagascar et Air Austral.
« Mieux contrôler la concurrence »
En avril 2017, Air Austral avait été « officiellement désigné comme le partenaire stratégique d’Air Madagascar », en entrant à 49% dans le capital de la compagnie malgache. La compagnie réunionnaise avait mis en place un plan de redressement de la compagnie malgache mobilisant 40 millions de dollars.
Le renforcement de cette collaboration avait eu lieu un an avant la suppression des droits de trafic de Corsair. « A ce stade, ces interventions ne préjugent bien évidemment pas de la culpabilité des entreprises concernées par les pratiques présumées, que seule une instruction au fond permettra le cas échéant d’établir », a indiqué l’Autorité de concurrence dans son communiqué.
Lors de son récent déplacement dans l’Océan Indien, Emmanuel Macron avait insisté sur la nécessité de développer la concurrence dans le transport aérien. « On doit mener des partenariats nouveaux avec d’autres compagnies, les pousser à se développer, et réussir aussi à mieux contrôler la concurrence dans ce secteur pour que les prix ne s’envolent pas ». À Mayotte, le monopole d’Air Austral accusée de maintenir des prix élevés, est vivement contesté par les usagers. Le chef de l’État s’était engagé à « encadrer les prix » et « obliger à plus de concurrence pour éviter qu’il n’y ait qu’une compagnie qui monte les prix par le haut ».
De son côté, une mission de l’Autorité de la concurrence est actuellement à La Réunion pour étudier le rachat du groupe Vindemia, leader de la grande distribution sur l’île, par le groupe GBH, toujours sur fond d’inquiétudes face à un possible monopole et de menace sur le pouvoir d’achat.
Avec AFP.