Ce samedi matin, plongeurs, chercheurs et passionnés de la mer avaient rendez-vous pour participer à l’opération de science participative « Connected by the Reef ». Cet événement porté par l’association Tama no te Tairoto vise à observer la ponte synchronisée des Porites rus. Cette espèce de corail qui libère ses gamètes, en plein jour, une fois par mois – cinq jours après la pleine lune – de décembre à mai, est présente dans le monde entier. Ce sont donc 36 pays et près de 200 observateurs qui se sont mobilisés pour recueillir des données, notamment l’heure de leur reproduction. Détails avec notre partenaire Radio 1.
Au fenua, comme dans le reste du monde, de nombreux « observateurs » ont répondu à l’appel lancé par Tama no te tairoto. À la pointe Vénus, sur les plages de la côte Ouest, à Moorea ou ailleurs, des petits groupes se sont mis à l’eau, aux environs de 7 heures, orientés par l’application développée par l’association, qui liste des emplacement de porites rus, et indiquait l’heure exacte de ponte. Mais c’est bien devant l’hôtel Intercontinental de Faa’a, que des représentants de Tama no te tairoto, d’associations partenaires, de l’État, du Pays et d’autres membres de la communauté scientifique se sont jetés à l’eau pour assister à cette ponte de janvier, une des plus intense de l’année.
« C’est quelque part un peu émouvant parce que c’est déjà une concrétisation du soutien qu’on a pu apporter à l’association à travers l’Ifrecor, de la résonance qu’on a pu lui donner. On l’a emmené présenter un peu son projet à l’ensemble de la communauté maritime qui a fait ses assises à Bordeaux en fin d’année dernière… Et donc là, de dire vraiment: on y est, on peut l’observer, on peut voir ça et que ça marche, ça fonctionne. C’est ça qui est extraordinaire », confie Étienne de La Fouchardière. Une belle expérience donc pour le secrétaire général adjoint du Haut-Commissariat qui n’a pas hésité à enfiler masque et tuba, confiant s’être senti lui aussi comme « sur un nuage » en voyant cette nuée laiteuse sortir des coraux.
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« Une compréhension à très grande échelle »
Cette observation était un objectif important pour Tama no te tairoto. Mais il ne s’agit que d’une étape, le début de longues recherches à venir. Car l’objectif est de multiplier les observations dans les prochains mois. Vetea Liao, biologiste marin et fondateur du collectif, insiste sur l’importance de ne pas se contenter de cette première récolte de données: « On veut savoir ce qui se passe dans le reste du monde, ce qui se passe dans l’hémisphère Nord où les saisons sont inversées, en mer Rouge, ou encore jusqu’aux côtes africaines. Peut-être que ça commence à des mois un peu décalés par rapport à nous. C’est pour vraiment avoir une compréhension à très grande échelle de la reproduction de cette espèce, ce qui est vraiment unique au monde. »
Au total l’événement a été suivi par environ 200 personnes réparties tout autour du globe dans 36 pays. « Nous, on sait qu’en Polynésie, le phénomène est synchronisé. Ça se passe en même temps sur plein d’îles. Mais l’objectif, c’est de savoir jusqu’où va cette synchronisation, précise encore Vetea Liao. Cette espèce peut changer complètement de forme, et on sait déjà que quand elle est en profondeur, la ponte est décalée. » Car selon lui, différents paramètres rentrent en compte dans cette ponte synchronisée et c’est aussi ce qu’il veut tenter de déterminer par cette opération. Les données récoltées seront donc analysées dans les prochains jours. Un premier bilan devrait pouvoir être fait d’ici une semaine selon le directeur de Tama no te tairoto mais un point global est prévu début juin, lors de l’exposition annuelle de l’association.
Par Radio 1