Polynésie : Les maires des Marquises demandent à Gérald Darmanin davantage d’autonomie pour l’archipel

Polynésie : Les maires des Marquises demandent à Gérald Darmanin davantage d’autonomie pour l’archipel

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et celui délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, se sont rendus, ce vendredi, aux Marquises, accompagnés du président de Polynésie Moetai Brotherson. Au cœur des échanges : l’évolution statutaire des Marquises vers davantage d’autonomie dans la Polynésie.

Lors de ce déplacement sur la Terre des Hommes -Te Henua Enana, il a notamment été question de l’avenir institutionnel des Marquises. Le maire de Nuku Hiva et président de la Communauté de communes de l’archipel, Benoît Kautai, a milité auprès de la délégation ministérielle pour une évolution statutaire, souhaitant que la communauté de communes mue en une communauté d’archipel.

Un projet qu’il porte, avec les autres Hakaiki (maires en Marquisien, ndlr), depuis un an et qui s’accompagnerait « d’un transfert des différentes compétences ». « Mais on ne va pas demander toutes les compétences, uniquement celles pour pouvoir développer notre archipel : la gestion du foncier, par exemple. Au niveau de la culture, du tourisme, on a besoin de ces compétences (…) Depuis 50 ou 60 ans, ce sont toujours les mêmes programmes. C’est toujours le Pays qui gère », a-t-il regretté, en marge de la visite.

Si les cadres du parti indépendantiste Tavini Huira’atira, Oscar Temaru en tête, s’opposent vivement à ce projet, Benoît Kautai a indiqué en avoir discuté avec le président Moetai Brotherson (lui-même cadre du parti indépendantiste, ndlr), « il y a un mois ». « Les échanges ont été formidables. Il était vraiment à l’écoute. Il n’était pas contre, ni pour, parce qu’il découvre notre projet. Mais on s’est mis d’accord pour mettre en place un groupe de travail ».

Malgré les vives critiques des cadres du parti indépendantiste, « la démarche continue ». « Le président, c’est Moetai. Nous avons eu une discussion avec lui et ça se passe bien », a insisté Benoît Kautai. « Dès mon installation j'ai mis en place un groupe de travail, entre les juristes du Pays et la Codim pour qu'on réfléchisse aux différentes modalités pour permettre aux Marquises de plus décider elles-mêmes » a par ailleurs rappelé Moetai Brotherson.

« La République sera là, à la hauteur de l’amour que vous lui portez », lui a simplement répondu Gérald Darmanin, la question d’une éventuelle évolution statutaire relevant davantage du chef de l’État. Le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, s’est d’ailleurs montré prudent sur cette demande. « Ce n’est pas à nous de décider à la place des Marquisiens de leur avenir (…) C’est d’abord aux habitants de Polynésie de savoir quel avenir ils veulent bâtir. Ils ont une place pleine et entière dans la République française. Et avec une chose : c’est que la Constitution a évolué depuis quelques années (…) et elle permet beaucoup d’ajustements, faire en sorte que chaque territoire puisse aller plus loin », a-t-il dit.

Pour rappel, la démarche d’évolution statutaire des îles Marquises à travers une Communauté d’archipel, encore au stade de souhait, a été initiée en octobre dernier, avant les élections territoriales de mai 2023. Une démarche qui ne fait pas l’unanimité à Papeete, le précédent président de la Collectivité d’Outre-mer, Édouard Fritch, autonomiste, n’étant, à l’image des indépendantistes, peu favorable au projet.

Une étude pour l’aéroport international aux Marquises

Autre sujet évoqué ce vendredi aux Marquises : la création dans cet archipel, candidat à l’UNESCO, d’un aéroport international. « Dès que nous rentrerons à Paris, nous lancerons cette étude, avec le Pays, pour pouvoir rapidement savoir ce qu'il faut faire ici aux Marquises pour le développement de cet archipel » a assuré Gérald Darmanin, tout en mettant en garde contre « les conséquences qui peuvent être négatives, comme un tourisme qui pourrait apparaître de masse ».

Ce projet d’aéroport international est d’autant plus important pour les maires marquisiens qu’il entre dans leur volonté d’autonomie économique et administrative vis-à-vis de Tahiti, où se concentrent tous les pouvoirs économiques et politiques dans cette Collectivité de cinq archipels. Il s’agit également d’un projet déjà évoqué il y a plus d’une dizaine d'années, par notamment Oscar Temaru, alors président de la Polynésie. L’indépendantiste historique évoquait cette possibilité pour désenclaver l’archipel, créer des lignes directes avec Hawaii par exemple, et offrir à la Collectivité un aéroport de secours en cas d’inondation de Tahiti-Faa’a, construit à même le lagon.

Du côté des annonces, Philippe Vigier a indiqué que le gouvernement central allait débloquer une aide de 25 000 euros (environ 3 millions de Fcfp) pour soutenir l’organisation du prochain Festival des arts des îles Marquises. Une enveloppe qui s’ajoute aux 15 000 euros (environ 1,8 million de Fcfp) déjà accordés pour l’évènement.

Avec TNTV