Polynésie : Le ministre de l’Intérieur interpellé sur la mutation des policiers

Polynésie : Le ministre de l’Intérieur interpellé sur la mutation des policiers

Suite à la décision de la dernière commission de mutation de la Police nationale, en Polynésie française de sept fonctionnaires, dont aucun n’est originaire du territoire, le sénateur Teva Rohfritsch a interpellé le 25 mai dernier, depuis Paris, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à ce sujet.

Dans un courrier soulignant les « vives inquiétudes concernant la mobilité des fonctionnaires de police originaires de territoires ultramarins », le sénateur RDPI de Polynésie demande au locataire de la place Beauvau « éclairage sur les éléments de faits ou de droit ayant conduit à » la nomination récente de huit fonctionnaires de police non originaires de la Collectivité d’Outre-mer, alors que « des policiers originaires de Polynésie française attendent leur mutation, souvent depuis plusieurs années, afin de rentrer avec leur famille ».

Dans son courrier, le sénateur rappelle : « L’article 85 de la loi n° 2017-256 du 28 février 2017 de programmation relative à l’égalité réelle outre-mer et portant autres dispositions en matière sociale et économique a inséré, à l’article 60 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l’État, une disposition prévoyant de donner priorité en matière d’affectation, aux fonctionnaires qui justifient du « centre de leurs intérêts matériels et moraux » dans une des collectivités régies par les articles 73 et 74 de la Constitution ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie ». 

L’affectation de policiers ultramarins dans leur territoire d’origine est un sujet de longue haleine. La récente décision de la commission de mutation en Polynésie française a aussi fait réagir localement. Lundi, plusieurs fonctionnaires et familles se sont rassemblés à Papeete pour dénoncer ces dernières mutations, et surtout chercher à comprendre à qui incombe la responsabilité de ces mutations. Le directeur de la Police nationale en Polynésie, Mario Banner, aurait appris « comme tout un chacun, par un télégramme, la mutation de sept fonctionnaires d'origine métropolitaine », assurant à Tahiti-infos que « l'avis du DTPN n'a jamais été sollicité ».

En pleine période électorale, il va sans dire que le sujet a été saisi par les candidats polynésiens. Six d’entre eux se sont par ailleurs joints à la mobilisation des policiers polynésiens. La sénatrice Lana Tetuanui s’est aussi insurgée, dans un communiqué, contre la décision de mutation des sept policiers hexagonaux. D’après TNTV, en moyenne, dix jeunes quittent chaque année le pays pour l’École nationale de Police, et au regard des mesures statutaires et en l’absence d’un recrutement local, il n’est pas facile pour eux de revenir travailler sur leur île d’origine.