Itinéraire de William Quach-d’Anglebermes, ingénieur calédonien engagé dans la transition énergétique au Gabon

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Itinéraire de William Quach-d’Anglebermes, ingénieur calédonien engagé dans la transition énergétique au Gabon

Il fait partie de cette jeunesse ultramarine mobile, qualifiée et engagée. Après un parcours d’excellence entre le Canada et l’Hexagone, le Calédonien William Quach-d’Anglebermes a posé ses valises au Gabon il y a un an et demi. C’est à travers un Volontariat International en Entreprise (VIE) qu’il a rejoint la société Asonha Énergie, en tant qu’ingénieur chargé de mission. Sur le chantier du barrage hydroélectrique de Kinguélé Aval, un projet stratégique pour l’approvisionnement énergétique du pays, il découvre un territoire qui lui rappelle le sien ; et une mission qui a profondément transformé sa vision du métier, et de lui-même.

Ce sont plus de 16 000 kilomètres qui séparent la Nouvelle-Calédonie du Gabon, et pourtant William Quach-d’Anglebermes l’affirme : il ne s’est jamais senti aussi proche de chez lui que depuis qu’il vit dans le pays d’Afrique centrale. « J’ai vécu quatre ans au Canada, deux ans en France, mais c’est ici que je me sens le plus proche de chez moi. Ici, je peux pêcher comme je pêchais en Calédonie. Même dans la nourriture, je reconnais des légumes que je ne trouvais pas ailleurs. Ils portent un autre nom, certes, mais je peux les cuisiner comme à la maison. Et puis, on mange beaucoup de manioc, de tubercules… Je m’y sens bien. »

Après un an et demi de mission à Libreville, dans le cadre d’un Volontariat International en Entreprise (V.I.E), celui qui a quitté Nouméa à 18 ans pour étudier à Polytechnique Montréal, au Canada, a donc tissé un lien inattendu sur ce territoire. « L’objectif, c’était de partir à l’étranger. L’Australie ou la Nouvelle-Zélande, c’était trop cher. Mon frère avait fait une partie de ses études au Canada, et ce qu’il m’en racontait m’a donné envie. » Sur place, il bénéficie des mêmes frais de scolarité qu’un étudiant canadien. Après son diplôme, William Quach-d’Anglebermes poursuit ses études à l’École des Ponts et Chaussées à Paris. Diplôme en poche, il postule chez Meridiam, un fonds d’investissement français spécialisé dans les infrastructures durables. L’entreprise lui propose alors un poste au Gabon, dans le cadre du projet hydroélectrique de Kinguélé Aval. « La structure pour laquelle je travaille aujourd’hui, Asonha Énergie, a été créée uniquement pour ce projet-là. Elle n’existe que pour ça. » Aujourd’hui, le Calédonien travaille comme ingénieur chargé de mission auprès de la direction générale et accompagne le suivi financier, technique et contractuel du projet.

Une mission au cœur d’un chantier stratégique

C’est donc à Libreville, dans une petite équipe de 18 personnes, que William Quach-d’Anglebermes exerce aujourd’hui ses fonctions d’ingénieur chargé de mission auprès de la direction générale d’Asonha Énergie. Le chantier, financé dans le cadre d’un partenariat public-privé, mobilise plusieurs centaines de personnes et vise, à terme, à fournir 35 mégawatts d’électricité au réseau gabonais, soit environ 7 % de la production nationale.

« On est maîtres d’ouvrage, et on a un maître d’œuvre qui construit le barrage », explique le jeune homme. « Mon travail, c’est de m’assurer que ce qui est prévu dans les contrats est respecté : les délais, les normes, les exigences techniques. » Dans cette structure, composée majoritairement de Gabonais, la polyvalence est indispensable. « Le but, c’était aussi que les acteurs locaux soient pleinement impliqués. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que sur les 18 personnes avec qui je travaille régulièrement, il n’y a que trois expatriés. Les responsabilités sont larges, les marges de manœuvre aussi. On apprend vite, et on apprend beaucoup. Il m’arrive de rédiger des courriers à l’administration, d’aller négocier directement avec la direction générale de l’énergie. Ce sont des choses qu’on ne fait pas ailleurs à ce stade de carrière. » Si le Calédonien a déjà renouvelé son contrat V.I.E une fois, il se laisse encore quelques semaines pour décider de la suite qu’il aimerait donner à son parcours professionnel. Pour lui, la question du retour en Nouvelle-Calédonie se pose, mais peut-être pas maintenant. « Je veux rentrer, c’est sûr. Mais je ne sais pas si dans six mois, ce n’est pas trop tôt. J’ai envie de revenir avec un bagage, avec quelque chose à apporter. »

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 Un V.I.E pour changer de vie

Une immersion professionnelle internationale possible grâce au dispositif du Volontariat International en Entreprise (V.I.E) ? Le concept séduit de plus en plus. William l’a découvert en fin d’études, presque par hasard. « Je pensais que c’était réservé à des profils plus expérimentés. Je venais juste de finir mon cursus, je ne savais pas vraiment que c’était aussi accessible. » Pourtant, ce contrat s’est révélé être un véritable accélérateur. « Le V.I.E permet d’accéder à des postes qu’on n’aurait jamais pu avoir tout de suite en CDI. À l’étranger, embaucher un jeune coûte cher à une entreprise, surtout pour un poste à responsabilités. Le V.I.E permet de lever cette barrière, tout en nous sécurisant, nous, en tant que volontaires. »

Le dispositif est notamment encadré par Business France. Toute personne de nationalité française, âgée de 18 ans et de moins de 28 ans peut candidater, à condition « d’être en règle avec les obligations de service national du pays dont vous êtes ressortissant, de justifier d’un casier judiciaire vierge, et d’avoir été déclaré médicalement apte à réaliser la mission », peut-on lire sur le site du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. « Durant votre séjour, vous devez pouvoir vous consacrer entièrement à la mission : vous ne pouvez pas effectuer de travail à temps partiel, d’entrepreneuriat, poursuivre des études ou réaliser une activité rémunératrice en parallèle de votre V.I.E », est-il encore écrit.

Pour William Quach-d’Anglebermes, l’expérience se doit d’être vécue. « Je fais de la finance, de la technique, de l’environnemental, du social… Le spectre est très large. » Cette variété d’expériences, combinée à un ancrage local fort, lui permet d’élargir son regard, sur le monde comme sur lui-même. « J’ai un travail passionnant et une vie sociale riche. J’ai découvert de nouvelles personnes, une langue, une culture, une faune et une flore extraordinaires… » En attendant de se décider quant à la suite après la fin de son contrat, William Quach-d’Anglebermes compte continuer de s’investir professionnellement et personnellement.
Parmi ses futurs objectifs: prendre le temps de réellement profiter du Gabon.

Abby Said Adinani