Nouvelle-Calédonie : Le gouvernement collégial affiche de nouveau son unité pour porter la relance économique du pays

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Nouvelle-Calédonie : Le gouvernement collégial affiche de nouveau son unité pour porter la relance économique du pays

Les tensions entre indépendantistes et loyalistes au sein de l’exécutif semblent appartenir au passé. Le gouvernement collégial calédonien a annoncé, ce vendredi, travailler de nouveau main dans la main au redressement économique du pays, frappé par une crise sans précédent. Les contours et propositions de ce plan de relance seront présentés aux acteurs du monde économique et social, lors d’une grande conférence, prévue fin mai. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Indépendantistes et loyalistes réunis autour de la table dans une « démarche commune » pour le pays, voilà de longues semaines que les conférences de presse ne prenaient plus cette tournure. C’est donc « au nom du gouvernement collégial » que son président Louis Mapou a pris la parole, ce vendredi 3 mai, pour officialiser « la première étape » du plan de relance économique que compte mettre en œuvre l’exécutif, toutes sensibilités politiques confondues. 

« La crise la plus importante que l’on ait connue »

« J’ai la chance d’avoir un gouvernement composé de membres avec de forts caractères, mais qui parviennent à avancer pour comprendre que nous avons une responsabilité à assumer dans ce contexte politique, mais aussi dans la situation économique qui, actuellement, prend des coups de boutoir de part et d’autre, et que nous devons maintenir à flot », lance le chef du gouvernement, qui ne veut pas pour autant verser dans l’alarmisme, en dépit des « crises successives » qui frappent le pays depuis 2020. « Nous avons une économie relativement solide, bien que bousculée par la crise du nickel qui est la plus importante que l’on ait connue. Aujourd’hui, nous sommes dans l’œil du cyclone, ce qui veut dire que les choses vont bientôt aller mieux. »

Mais pour tenir sa promesse, Louis Mapou insiste : l’unité doit être le maître-mot et transcender les clivages politiques. « Après avoir travaillé en interne, nous avons désormais des orientations à présenter. Mais nous devons maintenir ce cap avec toutes les forces politiques et les deux forces partisanes, pour ou contre l’indépendance. Et ce, pour ne pas tomber dans une dynamique qui nous conduirait à dilapider le capital des trente dernières années. »

« S’unir pour apaiser certaines inquiétudes »

Une vision partagée et affichée par l’ensemble des autres membres du gouvernement, dont Thierry Santa : « Cette démarche collective et volontaire a pour objectif de redresser et relancer l’économie, mais elle a aussi un objectif psychologique. Dans un contexte où beaucoup de Calédoniens s’interrogent sur l’avenir institutionnel, professionnel et sur celui de leurs enfants, cette unité pourra, j’espère, apaiser certaines inquiétudes », glisse l’ancien chef du gouvernement, qui revient sur la récente division des indépendantistes et loyalistes au sein de la collégialité« Il y a eu des tensions, mais cela a été un épisode positif dans la mesure où cela nous a tous permis de mettre les choses sur la table, d’avoir une discussion franche pour repartir sur une base plus sincère et constructive. Je suis donc convaincu que l’on arrivera à proposer quelque chose de pertinent pour les Calédoniens. »

Prochain rendez-vous : le 30 mai

Car ces dernières semaines, chaque membre du gouvernement a établi des mesures prioritaires à mettre en œuvre dans ses secteurs respectifs, qui prendront donc la forme d’un vaste plan de relance économique du pays. Ces orientations et propositions seront ainsi présentées et débattues avec les acteurs concernés, notamment issus de la société civile et des collectivités, vraisemblablement le 30 mai prochain, à l’occasion d’une « grande » conférence sociale et économique.

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Un rendez-vous dont il conviendra de faire la synthèse, avant de proposer, probablement en juillet prochain, une autre conférence pour aborder plus précisément les enjeux et les leviers à activer autour de la diversification économique et des filières innovantes de la Nouvelle-Calédonie. Objectif : « traiter l’urgence sans hypothéquer sur l’avenir ».

« Il faut rénover le modèle calédonien »

De quoi, ainsi, proposer un plan de relance valable pour une période de « trois à quatre ans », qui devra également « s’inscrire dans les nouvelles perspectives de la séquence institutionnelle en discussion ». D’autant plus qu’il y a urgence à réformer le pays à en croire Louis Mapou : « Nous sommes au bout du bout de ce que nous avons pu faire sans revisiter notre modèle. Au sein du gouvernement, tout le monde est unanime pour dire qu’il faut rénover le modèle calédonien dans tous les domaines, dans la gestion des institutions, etc » martèle Louis Mapou, pour qui « nous avons beaucoup théorisé sur le sujet », et qui entend donc « dès aujourd’hui » entrer dans la pratique.

Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de la pandémie à Thierry Santa : « Comme lors de la crise sanitaire où nous n’avions pas le choix que de prendre des mesures pour protéger la population, actuellement, le contexte économique, social et institutionnel nous oblige », insiste le membre du gouvernement, exemples à l’appui. « Il y a dix ans, le Ruamm ou Enercal n’avaient pas de tels déficits, l’avenir institutionnel n’était pas encore un sujet tel qu’il l’est devenu et le nickel n’était pas dans cette situation. » Autrement dit, comme le résume Vaimu’a Muliava : « Le pays est en réanimation et ce qui pouvait être caché sous le tapis, hier, ne peut plus l’être désormais. »

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes