Les deux associations des maires de Nouvelle-Calédonie ont pris la parole, ce lundi à l’occasion du Congrès des maires de l’AMF à Paris, pour sonner l’alarme et demander à l’État des aides exceptionnelles pour les communes de l’archipel, dans une « situation douloureuse et dramatique » depuis les émeutes du 13 mai.
Sept mois après le début des troubles en Nouvelle-Calédonie, les deux associations des maires en Nouvelle-Calédonie est à Paris, avec l’appui et la présence de David Lisnard, président de l’Association des maires de France, pour demander une aide directe à l’État, « seule entité capable de nous sauver » estime Pascal Vittori, maire de Boulouparis et président de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie, plutôt non indépendantiste.
Selon l’édile, le besoin des communes se chiffre à date à 180 millions d’euros, dont 64 millions pour la reconstruction, 54 millions de perte sur le fonctionnement des communes, 13 millions d'euros de baisse liées à la perte « d’autres recettes de fonctionnement » ou encore 50 millions de perte sur la fiscalité additionnelle. Si l’État aide le gouvernement local, notent les édiles calédoniens, ces derniers déplorent, pour eux, un manque de soutien et ce, malgré le financement à 100% de la reconstruction des écoles et à 70% des bâtiments publics par l'État. « Certaines communes ne peuvent pas apporter les 30% complémentaires ».
« On arrive dans une situation où les gens commencent à manquer de nourriture (…), et les communes n’ont plus les moyens de les aider » déplore encore Pascal Vittori. Pour se faire, les deux associations ont donc transmis un courrier commun à l’État demandant, d’une part, « un report des investissements de 2024 sur 2025 » et d’autre part, « une aide sur les budgets de fonctionnement des communes, puisqu'on a perdu 25% sur nos budgets de fonctionnement », provenant du gouvernement local.
Si d’après Pascal Vittori, les associations ont eu un retour sur le report des investissements, elles attendent toujours une réponse sur l’aide sur les budgets de fonctionnement. « Pour la Nouvelle-Calédonie, l'État veut accorder des prêts. (…) Mais vous avez des collectivités qui sont déjà très endettées. La Nouvelle-Calédonie passerait à 360% de taux d'endettement parce qu'il ne faut pas oublier qu'on sort d'une période COVID qui a déjà endetté les collectivités », rappelle l’édile.
Autre proposition, aidée par l’AMF : la création d’un fond de prélèvement sur recettes. « C'est un mécanisme de prélèvement sur recette de l'État qui vise à compenser les pertes de recettes supportées par les communes de Nouvelle-Calédonie du fait de la crise actuelle, plutôt que de solliciter une augmentation de la dotation globale de fonctionnement qui, habituellement, sert pour les communes. C’est une solution plus souple, plus rapide et plus efficace qu'une hausse éventuellement de la DGF. Cette proposition nécessite de définir le paramètre du dispositif collectivement afin d'accompagner au mieux les budgets communaux » a expliqué Pascal Vittori.
Le maire de Boulouparis précise demander une aide exceptionnelle qui ne soit pas fléchée sur le budget de l’État « pour ne pas que ça pèse sur les collectivités métropolitaines ou outre-mer mais que ce soit vraiment une aide exceptionnelle qui tienne compte d'une situation exceptionnelle ». Pascal Vittori espère ainsi une loi de programmation de cette aide sur trois ans.
Représentant l’association des maires de Nouvelle-Calédonie, Wilfrid Weiss a lui souligné l’impact social et sanitaire de cette crise, dans un archipel qui se vidait déjà de ses personnels soignants. « Il reste cinq postes en province Nord sur les 28 » alerte le maire de Koumac, « l’école des infirmiers à Nouméa a brûlé », sans compter la pénurie de sages-femmes sur le territoire. « Le développement économique va passer par les communes » ajoute-t-il encore, sur le volet des discussions sur l’avenir de l’archipel.
Désignée ce samedi présidente de l’ACCD’OM, Florence Rolland, la maire de La Foa a, elle, alerté sur la sécurité, alors que le territoire connaît encore des tensions. Elle appelle notamment au maintien sur l’archipel des forces de l’ordre envoyées lors des émeutes, alors que des élections provinciales devraient avoir lieu fin 2025, pour avoir « une garantie de l’État que nous serons accompagnés dans l’organisation » de ces élections majeures sur l’archipel.