Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Tjibaou veut faire entendre la parole indépendantiste au Palais Bourbon

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Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Tjibaou veut faire entendre la parole indépendantiste au Palais Bourbon

Premier député indépendantiste de Nouvelle-Calédonie depuis 1986, Emmanuel Tjibaou, élu dans la 2ème circonscription de l’archipel, a fait sa rentrée parlementaire ce mardi 16 juillet à l’Assemblée nationale.

« Je sens sur mes épaules la charge de ce qui a été le combat, l'engagement du député Pidjot », député de l’Union calédonienne de 1964 à 1986, « c'est une charge que je compte assumer avec détermination pour que notre parole, en tant qu'indépendantiste, soit entendue ici au sein du Palais Bourbon ». 

Élu le dimanche 7 juillet, avec 57,44% des suffrages exprimés et plus de 51 000 voix sur la circonscription de la Grande Terre hors Nouméa, Emmanuel Tjibaou souligne la « prise de conscience » de l’électorat indépendantiste « des enjeux qui étaient rattachés à la députation ». Jusqu’ici peu mobilisé sur les élections législatives, l’électorat indépendantiste s’est en effet largement déplacé aux urnes pour celles de 2024, amenant une participation record de plus 70% pour ce scrutin.

Une mobilisation qui s’explique, estime le député, par « le passage du projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral aux élections provinciales », dont l’adoption d’abord par le Sénat puis l’Assemblée nationale a provoqué une crise jamais vécue sur l’archipel depuis les « événements » des années 80. Et donc, pour le mouvement indépendantiste calédonien, la nécessité de porter sa parole directement à Paris, sans passer par des intermédiaires.  

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Mieux encore, si sa collègue Omayra Naïsseline n’a pas remporté le scrutin dans la 1ère circonscription, les deux candidats de l’UC, soutenus au second tour par l’ensemble des mouvements indépendantistes, ont devancé les candidats non-indépendantistes de plus de 10 000 voix au total sur l’archipel. « Le projet indépendantiste appréhendé, compris pour ce qu'il est : une perspective d'avancer dans la poursuite au moins de l'accord de Nouméa » et « accompagner le pays vers sa pleine émancipation ».

« Charge à nous, signataires de l’accord de Nouméa, le FLNKS, les loyalistes et l'État français, de finalement s'atteler à donner du corps à cet élan démocratique. Puisque qu'on soit indépendantiste ou loyaliste, le taux de participation a montré aussi la volonté de nos compatriotes de de faire confiance aux signataires des accords de Matignon-Oudinot en 1988 et des accords de Nouméa en 1998 ».

Parmi les sujets que le député indépendantiste entend porter à l’Assemblée nationale, outre la parole de sa famille politique, la « crise économique » que traverse l’archipel. « C'est une période très difficile sur le plan économique. Et pour nous, une part de la solution, c'est de trouver une assise institutionnelle qui nous permettra, par la suite, de dégager une piste de sortie », qui soit « économique, institutionnelle autant que politique ».

Et pour faire avancer ses dossiers, Emmanuel Tjibaou devra rejoindre un groupe politique, de gauche naturellement, a-t-il assuré. Mais pour l’heure, le député ne s’est pas encore décidé. « Je fais des entretiens, on écoute tout le monde et on regarde ce qui est le plus pertinent pour nous ».