« Impossibilité (…) d’une indépendance » contre indépendance préparée et accompagnée : ce sont deux visions politiques de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie qui dialoguent en ce moment à Paris, dans le cadre des travaux sur les conséquences du oui et du non à l’indépendance lors du prochain référendum.
Pour Thierry Santa, membre de la délégation loyaliste de l’Avenir en Confiance et actuellement président du 16èmegouvernement chargé des affaires courantes, ces journées de travail « font ressentir clairement l’impossibilité, si on est honnête, objectif et sincère d’une indépendance ». « La Nouvelle-Calédonie n’a absolument pas la capacité ni humaine, ni sociale, ni économique, ni financière de prendre en charge une indépendance quelle qu’elle soit », ajoute-t-il franchement.
« Je n’ai pas le sentiment que nos collègues indépendantistes partagent ce que je viens de dire. Ils restent dans leur posture, leurs fondamentaux », a-t-il encore expliqué. Pour cette figure du parti Le Rassemblement-LR, nouveau nom du RPCR de Jacques Lafleur, la classe politique calédonienne « doit réfléchir à faire en sorte que la population calédonienne vive en paix et dans prospérité », et surtout, dans la France.
S’il estime ces journées de travaux « très intéressantes », Thierry Santa demande, comme les autres membres de sa délégation, un troisième référendum le plus rapidement possible, « à la fin de cette année 2021 ». « Je suis convaincu qu’on ne pourra pas passer au stade des discussions constructives tant que la population calédonienne n’aura dit clairement sa volonté de rester française », ajoute-t-il, regrettant que « l’État ne soit peut-être pas dans cette logique et essaye de nous emmener vers un référendum le plus tardif », c’est-à-dire en octobre 2022.
Pour la délégation indépendantiste Union calédonienne, la seule qui représente cette partie de l’échiquier politique calédonien, la date du référendum ne semble pas être une priorité. Il s’agit davantage d’écouter les travaux des services de l’État sur les conséquences du oui et du non à l’indépendance. « Le fameux trou noir dont il était questions en cas de oui n’était pas une réalité », estime Gilbert Tyuienon.
« Des dispositifs d'accompagnement et de soutien sont prévus en cas d’indépendance. C'est le cas de conventions d'entraide au niveau judiciaire, au niveau de l'accompagnement des cadres ... La période de transition que prône l'Union Calédonienne prend finalement tout son sens », assure-t-il, rappelant que l’UC est « la seule délégation venue à Paris avec un document ». « Nous avons remis au Premier ministre Jean Castex, au ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu et à l’ensemble des délégations le projet d’indépendance du FLNKS ».
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Gilbert Tyuienon joue par ailleurs la main tendue : « On a eu l’occasion d’inviter nos amis loyalistes à participer à la préparation du oui, comme nous, nous avons participé à la préparation du non », soulignant qu’ « aucun pays au monde n’a jamais autant préparé l’indépendance que la Nouvelle-Calédonie ».