Ce mardi, la société Biopack Tahiti a inauguré son usine de production de bouteilles compostables. Présentées comme une alternative aux bouteilles en plastique traditionnelles, elles sont fabriquées à partir de bagasse de canne à sucre et ne contiennent aucun plastique issu de l’industrie pétrochimique. L’objectif affiché de Marotea Vitrac, directeur de la société, est clair : proposer aux petits producteurs locaux une solution plus écologique pour le conditionnement des liquides. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Une alternative aux bouteilles en plastique traditionnelles, c’est ce que propose la société Biopack Tahiti, qui a inauguré ce mardi sa petite usine dans la commune de Arue. Une initiative sur laquelle Philippe Maunier, président de la société, et Marotea Vitrac, directeur général, travaillent depuis 2022 mais qui, au hasard du calendrier, émerge alors que le Pays met à exécution ses menaces concernant la lutte contre le plastique à usage unique, promis à une interdiction entre 2025 et 2028.
De quoi motiver les initiateurs du projet qui, grâce à une collaboration avec Nicolas Moufflet, fondateur de la société Lyspackaging, ont pu mener à bien cette initiative. Car ce concept, ils ne l’ont pas inventé : « Nous produisons sous licence de cette société, qui a obtenu tous les certificats », explique le directeur. Compostabilité, enfouissement, recyclage, certificat alimentaire… bref, « un procédé de fabrication de contenants à partir de matières végétales brevetées ».
Une petite usine adaptée aux petits producteurs
Fabriquées à partir de polymères bio-sourcés, obtenus par transformation de la bagasse de canne à sucre (les résidus fibreux du broyage des cannes), ces bouteilles ont été imaginées pour répondre aux besoins des producteurs locaux. L’entreprise cible notamment les secteurs de l’agroalimentaire, de la cosmétique et des produits d’hygiène : producteurs de miel, de lait et d’eau de coco, de jus énergétiques, mais aussi ceux qui fabriquent du monoï, des savons et des produits de beauté.
« Le gros avantage de notre société, c’est aussi qu’on a des petites machines qui font des petites séries très adaptées à des productions personnalisées », précise le directeur. L’entreprise prévoit ainsi de produire des bouteilles de différentes tailles, allant de 25 cl à un litre, avec des bouchons également compostables. Mais l’arrivée de ces bouteilles soulève plusieurs questions quant à leur fin de vie et leur impact réel sur l’environnement.
En effet, leur biodégradabilité dépend de conditions spécifiques de température et d’humidité, qui ne sont pas toujours réunies en compostage domestique. À l’heure actuelle, la Polynésie ne dispose pas encore d’une filière de compostage industriel adaptée aux bioplastiques.
« Elles ne se dégradent jamais en nano-plastiques »
Mais peu importe, pour le directeur, « ce ne sont pas des bouteilles issues du pétrole », donc, à l’entendre, leur impact sur l’environnement est moins important. « Lorsque nos bouteilles se retrouvent dans la terre, elles vont se dégrader beaucoup plus vite. Une bouteille en plastique met entre 500 et 1 000 ans à disparaître. Nos bouteilles, c’est entre 2, 3 et 10 ans maximum. Et surtout, elles se dégradent véritablement en retournant à l’état de terre, et jamais à l’état de nano-plastiques. C’est ça la grande force de nos bouteilles ». Pour les acteurs de l’environnement, cette solution est certes « moins pire » que les bouteilles en plastique que l’on a l’habitude d’utiliser, mais elles restent des produits à usage unique.
Alors, est-ce une solution pertinente face à d’autres options comme le réemploi ou les contenants rechargeables ? Pas sûr, à les entendre. Biopack Tahiti espère toutefois que ces bouteilles seront adoptées par les producteurs locaux comme une alternative aux bouteilles en plastique importées. Marotea Vitrac plaide également pour une interdiction progressive des bouteilles en plastique pétrosourcé, afin d’encourager le développement d’alternatives comme la sienne. L’usine de production, en tout cas, est désormais opérationnelle, avec un lancement officiel prévu pour mi-avril.
Vaitiare Pereyre pour Radio 1 Tahiti