Grâce à un accompagnement sur mesure de Business France et une stratégie export vers le Japon, l'entreprise polynésienne Tahiti Candles -marque de bougies artisanales parfumées- a pris un tournant décisif vers l’international. Rencontre avec Linda Temzi, fondatrice et directrice de la marque, qui nous dévoile les coulisses de cette aventure et les leviers qui lui ont permis de passer de l’artisanat local à l’export structuré.
Voyager à travers une bougie : c’est le pari olfactif relevé par Linda Temzi avec Tahiti Candles, une marque artisanale née à Tahiti, à la croisée du luxe, du bien-être et de l’identité polynésienne. Éditrice, graphiste de formation et passionnée de beaux-arts, Linda Temzi lance sa marque début 2020, juste avant le confinement. Ironie du sort, la pandémie devient un catalyseur : les besoins de cocooning et de réconfort propulsent les ventes locales. Mais dès l’origine, son ambition est claire : faire voyager les senteurs polynésiennes à l’international. Chaque bougie raconte une histoire -celle de la Tiare (fleur-emblème de Tahiti), des légendes et de la culture insulaire- offrant une expérience sensorielle immersive. Pour Linda, son produit, aussi simple soit-il dans sa composition, puise sa force dans sa narration : « peu de marques peuvent exprimer ce que raconte la Polynésie », dit-elle.
Dès sa conception, le projet a été pensé pour l’international (normes, étiquetage, packaging) et s’est structuré grâce à l’accompagnement de la TEAM France Export et de Business France, notamment via le concours « Accélérateur Export ». Avec l’appui d’études de marché ciblées et d’un accompagnement sur-mesure (préparation culturelle, interprétariat, mise en relation avec des distributeurs qualifiés), Tahiti Candles a pu confirmer le potentiel du marché japonais, séduit par l’univers sensoriel et culturel de la marque, et qui représente aujourd’hui 30 % du chiffre d’affaires de l’entreprise : « Il existe un lien très fort entre le Japon et la Polynésie française. La culture polynésienne y est très appréciée notamment le 'Ori Tahiti : de nombreuses écoles ont vu le jour au Japon, et plusieurs passionnées font même le voyage jusqu’ici pour se former ou participer à des concours. »

Grâce à l'accompagnement de Business France, Linda a pu franchir une étape majeure en intégrant le dispositif du pavillon France à l’Exposition universelle d’Osaka 2025, qui l’a sollicitée pour fournir des bougies artisanales destinées aux cadeaux officiels. Une opportunité aussi prestigieuse qu’inattendue pour la jeune marque polynésienne.
Les prochains horizons : la Corée et Singapour
Mais l’exportation depuis la Polynésie reste un défi logistique et stratégique. Pour y faire face, Linda insiste sur trois piliers : avoir un plan clair, assurer la faisabilité technique et administrative du projet (tous les produits ne sont pas exportables en l’état. Règlementations, normes, formalités douanières… chaque pays a ses propres exigences, parfois très contraignantes), et faire preuve de patience et de persévérance. C’est cette approche qui l’a poussée à privilégier le marché japonais plutôt que de se disperser : « Je préfère ne pas multiplier les démarches trop rapidement. Je sais que l’Australie pourrait être un marché porteur, mais avant tout, je veux consolider ce que j’ai déjà construit. On reste isolés dans le Pacifique, et l’export représente toujours un défi : les coûts sont élevés, la logistique complexe. Dans ce contexte, il est essentiel d’avoir un positionnement clair. Je ne peux pas concurrencer les produits à bas prix. Mon choix, c’est le haut de gamme, le luxe. Cela implique de trouver des distributeurs rares, mais de grande qualité, avec qui établir une vraie relation de confiance sur le long terme. »

Deux ans auront été nécessaires entre la structuration du projet export et les premières ventes au Japon en 2024. Pour les petites structures artisanales, Linda recommande de se préparer comme une grande entreprise : branding, discours, logistique… Tout compte. C’est dans cette phase cruciale que l’accompagnement de Business France a fait toute la différence : « Quand je suis arrivée au Japon, tout était parfaitement organisé. Nous avons d'abord été accueillis à l’ambassade de France, où l’on nous a consacré près d’une heure pour nous expliquer les codes du protocole japonais : comment se présenter, offrir une carte de visite, conduire un rendez-vous… » Un soutien sur mesure, qu’elle juge déterminant : « L’accompagnement de Business France était vraiment de grande qualité. Et il continue : je sais que je peux encore les solliciter à tout moment. Nous sommes d’ailleurs déjà en réflexion sur de nouveaux projets, notamment en Corée et à Singapour. »
A l’international, ce n’est pas seulement une bougie que Linda exporte, mais une promesse de voyage sensoriel depuis la Polynésie, un souvenir, une émotion.
EG
