Arrivée d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, pour ouvrir « une nouvelle page » institutionnelle

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Arrivée d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, pour ouvrir « une nouvelle page » institutionnelle

Emmanuel Macron est arrivé lundi en Nouvelle-Calédonie pour débuter une tournée dans le Pacifique au cours de laquelle il doit se pencher sur le casse-tête institutionnel du territoire d'Outre-mer, sur fond de menace de boycott d'une partie du camp indépendantiste.

Le chef de l'État a atterri peu avant 18h (9h, heure de Paris), à l'aéroport La Tontouta de Nouméa.  « Il y a 5 ans, j’étais là pour essayer de bâtir une feuille de route » a-t-il déclaré à son arrivée. Rappelant que « trois référendums ont été tenus » conformément aux accords de Matignon (1988) et Nouméa (1998), Emmanuel Macron a dit « venir ouvrir » une « nouvelle page de projets et d’institutionnel ».

Peu après son arrivée, il doit enregistrer une interview en duplex qui sera diffusée dans les journaux de 13H00 de TF1 et France 2, pour clore la séquence politique entamée mi-avril après la crise des retraites et qui a abouti à un remaniement ministériel la semaine dernière. La visite va ensuite débuter par un geste symbolique : le président doit remettre lundi soir les insignes de commandeur de la Légion d'honneur à Marie-Claude Tjibaou, veuve du leader kanak assassiné Jean-Marie Tjibaou.

Lors de son premier déplacement en Nouvelle-Calédonie en 2018, Emmanuel Macron avait remis au gouvernement collégial du territoire les deux actes de prise de possession de ce territoire, en 1853, au nom de Napoléon III. « Nous ne sommes plus au temps de la possession », avait-il dit alors. Mais ce geste, qui se voulait hautement symbolique, n'a pas vraiment marqué les esprits dans l'archipel, où les indépendantistes continuent de demander des actes en termes de réparations pour tourner la page du « contentieux colonial ».

 Manifestation d’une partie des indépendantistes

Une section du nord de l'île de l'Union calédonienne, principal parti des indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS), a d'ailleurs dénoncé dans un communiqué la venue du chef de l'État, accusé d'être favorable à « la frange radicale non-indépendantiste ». Le FLNKS conteste toujours le troisième et dernier référendum d'autodétermination prévu par l'accord de Nouméa de 1998, qui s'est tenu en 2021 et s'est soldé comme les deux premiers par un « non » à l'indépendance. Les indépendantistes l'avaient boycotté.

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Cette frange de l'Union calédonienne appelle à manifester en marge de la visite présidentielle, mardi à Touho, sur la côte est, où Emmanuel Macron doit évoquer l'érosion du littoral, et mercredi à Nouméa où il doit prononcer un discours place de la Paix. Elle entend aussi boycotter la réunion de tous les acteurs politiques prévue mercredi autour du président, en soulignant que le FLNKS n'a pas encore accepté le principe de négociations tripartites sur le futur statut institutionnel du territoire. Le Parti travailliste a également lancé un appel à la mobilisation ce mardi, devant son siège de Nouméa.

« Je souhaite voir l’ensemble des parties prenantes » et « poser les bases d’un nouveau cadre à venir et du statut à venir à la suite de ces trois référendums » a également déclaré le chef de l’État, venu avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna, le nouveau ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier, et la secrétaire d’État à la Citoyenneté, la Calédonienne Sonia Backès, également présidente de la province Sud et tête de file de la droite loyaliste. Il est également accompagné du président de la Commission des Lois de l'Assemblée nationale, Sacha Houlié.  Sont également présents Rémy Rioux, Directeur général de l’Agence française de développement, Emmanuel Kasarherou, Président du musée du quai Branly,  Christian Robert, fondateur de la maison d’édition Au vent des îles, François Houllier, Président de l’IFREMER, Marine de Carne de Trecesson de Coetlogon, représentante permanente de la France auprès de la communauté du Pacifique, Christopher Lohro, Directeur général Easyskill, Jacques Rivoal, Président du GIP Rugby 2023, Elisabeth Claverie de Saint Martin, Présidente-directrice générale du CIRAD

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Concédant que les référendums n’ont pas « tout levé », « ils ancrent dans la durée la Nouvelle-Calédonie (…) dans la République », a-t-il toutefois insisté. Emmanuel Macron a aussi mis en avant sa volonté de travailler à la fois sur des sujets politiques, institutionnels mais aussi économiques, environnementaux et géopolitique. « La Nouvelle-Calédonie c’est aussi une chance pour l’ensemble du territoire français dans l’Indopacifique où beaucoup se joue », a-t-il ajouté, prévoyant des annonces pour les militaires basés dans cette zone.

Emmanuel Macron se rendra ensuite jeudi au Vanuatu et vendredi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il sera le premier président français à se rendre dans ces États insulaires du Pacifique.