Le président Emmanuel Macron effectue sa deuxième visite en Nouvelle-Calédonie depuis son premier quinquennat, avant de se rendre au Vanuatu et en Papouasie. Une visite qui, à l’instar de la première, le mènera sur le sujet diplomatique de l’Indopacifique, une stratégie qu’il avait amorcée en 2018 en Australie, et qui doit mener la France à jouer un rôle prépondérant des côtes est africaines aux confins du Pacifique sud.
C’est la première fois qu’Emmanuel Macron se rend, la semaine prochaine, sur un État insulaire du Pacifique sud. Et en choisissant le Vanuatu et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le chef de l’État met l’accent sur deux États au cœur des batailles diplomatiques sino-américaines, dans lesquelles la France se veut jouer le rôle de puissance d’équilibre, légitime à travers La Réunion, Mayotte, les TAAF, la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, la Polynésie jusqu’à Clipperton. Cette stratégie indopacifique, il l’avait pour la première fois déclinée lors d’un passage en Australie avant son premier déplacement en Nouvelle-Calédonie, en mai 2018.
« 1,5 million de concitoyens », « l'espace le plus important de la zone économique exclusive » française, ou encore « une présence militaire » de 7 000 femmes et hommes : autant d’arguments qui justifient, dans un contexte de « menaces » à la fois sécuritaires, environnementales et institutionnelles, que la France s’investisse dans cette « nouvelle approche qui consistait à tenir compte des souhaits et des besoins de ces pays, c’est-à-dire de prendre en compte leur vision, leur stratégie ».
En amont de ce déplacement, l’Élysée évoque 4 axes déjà déroulés depuis 2018, et qui devraient ponctuer cette visite dans le Pacifique. Le premier axe sera « focalisé sur les questions de sécurité et de défense, qui a pour ambition de pouvoir aider ces pays à protéger leur territoire, à défendre et à faire respecter le droit, non seulement dans leur propre intérêt, mais aussi pour une question de sécurité collective ». Le second est focalisé sur les questions d'économie et de connectivité, « en gardant à l'esprit que cette région représente près de 40% de la production de richesses au monde, et sans doute près de 50% d'ici 2040, donc un véritable enjeu économique pour la France et l'Union européenne ».
Le troisième axe porte précisément sur les questions de multilatéralisme et de règles de droit. « Le but est simple, c'est créer des coalitions, agir de manière efficace face aux grands enjeux globaux, être présents dans les instances multilatérales régionales ». L’Élysée cite pêle-mêle le Forum des îles du Pacifique, la Communauté du Pacifique sud, l’IORA, l’ASEAN, ou encore le système FRANZ qui est activé après, notamment, des typhons ou des catastrophes naturelles de grande ampleur, « ce que nous avons fait au Vanuatu en mars dernier ».
« Le dernier axe porte spécifiquement sur l'environnement, à savoir le changement climatique et la protection de la biodiversité » poursuit l’Élysée. « Nous avons mené plusieurs initiatives depuis le début du quinquennat qui prennent en compte la réalité de l'Indopacifique. Pour en citer une sur laquelle nous revenons régulièrement mais elle est particulièrement emblématique de notre action, l'initiative sur la biodiversité. Au total, nous avons réussi à mobiliser 75 millions d'euros entre l'Union Européenne, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et la France. Et nous cherchons à obtenir de nouvelles adhésions. Et c'est un exemple assez emblématique de cette capacité à obtenir des résultats concrets et à coordonner nos efforts pour la préservation de la biodiversité ».
Des « offres d’alternatives »
Face aux États-Unis, allié historique, d’une rive, à l’influente Chine, de l’autre rive, la France veut jouer la partition de l’alternative : « ces États devraient d’abord être en mesure de pouvoir choisir leurs partenaires et tous nos programmes de coopération, vont dans ce sens-là, soit dans le renforcement de leurs capacités, que soit en termes de sécurité, de gouvernance sur l’institution ». Et pour proposer ces offres d’alternatives, l’Élysée évoque « l'élargissement des compétences et du mandat de l'AFD dans la zone pour pouvoir proposer de nouveaux projets, notamment des projets d'infrastructure ». Le président de la République en annoncera pendant sa visite, afin de contribuer à la connectivité de ces territoires.
Bien que les poids géopolitique et économique des États-Unis et de la Chine supplante sans conteste ceux de la France, l’Élysée veut croire en ses atouts : le soutien de l’Union européenne comme « démultiplicateur de puissance », sa présence géographique dans la zone et sa « constance ». « Nous avons toujours été présents. Nous avons des ambassades sur place. Nous nous sommes projetés dans le Pacifique. Les États-Unis se sont retirés du Pacifique et c'est que maintenant qu’il se réengage. Les chinois sont arrivés récemment, mais effectivement avec des moyens conséquents. Et maintenant notre objectif doit être de pouvoir soutenir cette ambition, d'en avoir les moyens ».
L’autre volet diplomatique que l’État et Emmanuel Macron voudraient appuyer sur ce déplacement concerne la diplomatie environnementale. « Des actes forts » sont notamment évoqués sur le domaine forestier de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur la biodiversité de la Mélanésie et sur l’élévation du niveau de l’océan liée au réchauffement climatique.