UNESCO : L’île de Mohéli aux Comores, réserve mondiale de biosphère

UNESCO : L’île de Mohéli aux Comores, réserve mondiale de biosphère

C’est à la fin de mois d’octobre dernier que l’UNESCO a décidé de faire de Mohéli une réserve mondiale de biosphère. Un geste environnemental fort qui reconnait toute une démarche de travail mise en place sur la plus petite île des Comores. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin. 

L’histoire commence en 2001 lorsqu’est créé le parc naturel de Mohéli. L’objectif de ce parc est de recréer le lien entre habitants et ressources naturelles ou comment accompagner les pêcheurs et les agriculteurs à vivre tout en préservant l’environnement. Une démarche partenariale avec l’ensemble des parties intéressées locales, une véritable dynamique de développement durable puisque permettre aux générations d’aujourd’hui de répondre à leurs besoins sans pénaliser la génération suivante est le fil conducteur de tout ce qui a été mis en place dans ce projet. 

Mohéli n’a pas été choisie pour rien : elle est un sanctuaire de biodiversité en termes de faune et de flore avec un taux d’espèces endémiques quasi inégalé dans la zone. Cette richesse exceptionnelle se développe à la fois sur la terre mais aussi en mer. Tous ces écosystèmes sont sensibles, on peut citer par exemple la zone du récif avec son lagon dans le sud dans la région de Sambia, on peut aussi parler des bancs et des fonds coralliens, les poissons récifaux ou encore des espèces pélagiques, des holothuries des langoustes, des céphalopodes et de nombreux mollusques comme les bénitiers et les tritons. Bien évidemment, difficile de parler de la biodiversité mohélienne sans parler des tortues marines.... Mohéli est aussi un carrefour pour les dauphins, les cachalots et de nombreuses espèces de requins. 

« Il faut protéger la richesse de la biodiversité locale. Pour notre bien et la génération future, montrons un geste de responsabilité. Préservons bien l’environnement, qui est d’ailleurs devenu un combat mondial. On a eu cette chance d’être parmi les pays qui ont une réserve de la biodiversité. Donc, il faut montrer qu’on l’a mérité », se félicite Mohamed Said Fazul, le gouverneur de l’île. Il a d’ailleurs reçu samedi dernier l’attestation de classement à l’occasion des célébrations liées à la journée mondiale de l’environnement. 

Le principe de fonctionnement d’une réserve mondiale de biosphère repose sur la volonté de réconcilier activités humaines et préservation de l’environnement, les associations locales et le parc naturel de Mohéli vont ainsi pouvoir continuer leurs actions. Un partenariat scientifique existe d’ailleurs entre le Parc Marin de Mayotte et le Parc Marin de Mohéli. Mayotte apporte à Mohéli les techniques et les analyses scientifiques qui font parfois défaut et Mohéli apporte à Mayotte le savoir-faire pour faire changer les représentations des différents usages des espaces naturels afin qu’ils modifient leurs comportements de manière durable. L’Agence Française de Développement est l’un des financeurs de cette réserve.

Reste maintenant à déterminer l’intérêt politique du Gouvernement comorien car évidemment rien ne peut durer sans l’engagement des autorités en la matière : « C’est une grande nouvelle pour le pays notamment l’île de Mohéli, car cela signifie que notre pays a des ressources potentielles pour rehausser l’éco-tourisme », explique Bianrifi Tarmidhi, le Ministre comorien de l’Environnement. 

Cela suffira-t-il pour ancrer de manière durable de nouvelles pratiques ? En effet, la vitalité des écosystèmes se mesure aussi dans leur imbrication dans la zone : la déforestation massive d’Anjouan par exemple a des incidences sur le climat au-delà de l’île Étoile. Les tortues et autres espèces marines ne sont pas sédentaires, elles ne restent pas sur une seule des îles mais ont tendance à évoluer dans la région. L’engagement comorien sur la préservation de leurs ressources naturelles a immanquablement des effets bénéfiques bien au-delà des frontières nationales. Il conviendra d’en mesurer la portée. 

Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin.