Philippe Marie, actuel président de Marara Paiements, a officiellement été nommé ce lundi Président-directeur général de la compagnie internationale polynésienne par son Conseil d’administration, rapportent nos partenaires de Radio 1 Tahiti. Un poste qu’il occupera à partir du 1er juillet, et qui devrait l’amener à opérer des changements majeurs pour la compagnie.
Après 11 ans à la tête d’Air Tahiti Nui (ATN), Michel Monvoisin sera remplacé par Philippe Marie le 1er juillet. Ancien directeur de la Banque de Tahiti, conseiller technique dans un gouvernement de Gaston Flosse, mais aussi secrétaire général de la compagnie à la fleur de Tiare de juin 2004 à mars 2007, l’actuel président de Marara Paiements, une filiale de l’Office polynésienne des Postes et Télécommunications, est entré au Conseil d’administration de la compagnie en octobre dernier.
Son nom avait été choisi, avec celui de l’ancien pilote Hiro Arbelot devenu patron du centre Te Tiare, par Moetai Brotherson, président de la Polynésie chargé notamment du tourisme et du secteur aérien international. Un choix qui faisait des deux principaux intéressés les supposés successeurs de Michel Monvoisin. La décision finale a finalement été prise mercredi dernier en Conseil des ministres, comme l’avait révélé Tahiti-infos, entérinée ce lundi en Conseil d’administration, a rapporté cette fois-ci Radio 1 Tahiti.
« Au fil des réunions et des conseils d’administration qu’on a pu tenir, j’ai vite remarqué ses qualités, sa connaissance du domaine et la vision qu’il portait », a expliqué le chef du gouvernement à Radio 1 Tahiti. « C’est un secteur où ça n’est pas évident de trouver les personnes adéquates. Philippe Marie a le gros avantage de connaître ATN, il en a été secrétaire général et il a été celui qui a opéré le financement des premiers avions de la compagnie. C’est un avantage non négligeable à mon sens ».
En attendant son entrée en fonction, le président de la Polynésie devrait transmettre à Philippe Marie, cette semaine, une « feuille de route » qui va « repréciser la vision du Pays » pour l’avenir de la compagnie « créée comme un outil au service du tourisme ». Il faut dire que la compagnie, qui a fêté l’an dernier ses 25 ans, rencontre quelques turbulences, comme la plupart de ses pairs, entre la crise du covid, la flambée des prix du pétrole, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement. Plus localement, elle fait face à une concurrence accrue ces dernières années sur les lignes entre Tahiti et les États-Unis, créant une distorsion entre les offres de sièges et le manque d’hébergement.
Un nouvel acteur au capital d’ATN ?
En mars dernier, un rapport de la Chambre territoriale des Comptes avait souligné un manque de directives et de stratégie du gouvernement de la Polynésie, propriétaire à 85% de la compagnie, sur la période 2018-2022. Et pour l’heure, le déficit enregistré en 2023 -alors même que la Polynésie a battu son record de fréquentation touristique la même année- est « tenable », à condition qu’il ne dure pas. À l’annonce de ces résultats, Moetai Brotherson évoquait lui-même un « point d’inflexion » pour la compagnie et pour la suite, espère que son nouveau dirigeant « fasse en sorte qu’ATN soit une compagnie qui puisse voler de ses propres ailes ».
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D’après Radio 1 Tahiti, il serait question de faire entrer au capital de la compagnie un nouvel opérateur, de préférence aérien, tout en baissant la participation de la Collectivité. « Quand on voit ce qui se passe au niveau mondial dans le secteur, quand on voit ce qu’a opéré une compagnie qu’on connait bien et qu’on observe attentivement qui est Fiji Airways, on voit que l’entrée au capital de grands groupes du secteur est un facteur de progrès », a justifié Moetai Brotherson. « Est ce qu’il faut aller vers là ? Si oui, quels sont les partenaires à qui il faudrait proposer d’entrer au capital d’ATN… C’est à la future équipe dirigeante de nous faire des propositions ».
Créée en 1996, Air Tahiti Nui a effectué son premier vol, un Papeete – Los Angeles, le 20 novembre 1998. Deux jours plus tard, la compagnie effectue son premier vol vers le Japon, à Tokyo, puis Osaka et Auckland en 2000. Elle arrive à Paris en 2002, et ouvre New York et Sydney en 2005. Les premières difficultés pour Air Tahiti Nui, qui opère à l'époque cinq Airbus A340-300, remontent à 2008. En raison de la crise économique mondiale et de déficits importants, la compagnie ferme ses lignes New York, Sydney et Osaka.
« Réinventer » Air Tahiti Nui
Après plusieurs années de difficultés, marquées notamment par plusieurs changements de dirigeants, ATN retrouve la santé financière à l’horizon 2013, avec l’arrivée de Michel Monvoisin. Ce dernier entreprend le changement le plus radical pour la compagnie polynésienne qui, en 2018 pour ses 20 ans, se sépare de ses Airbus A340 pour acquérir quatre Boeing 787-9 Dreamliner. En octobre 2022, elle ouvre un Tahiti - Seattle qu'elle prolonge sur Paris. En juillet 2023, une grève des PNC perturbe fortement les vols de la compagnie, en pleine haute saison. Toutefois, ni les syndicats, ni la nouvelle majorité aux commandes de la Collectivité ne jugent opportun de se séparer du dirigeant.
Avant Michel Monvoisin, la compagnie avait été dirigée par Nelson Levy, de sa création au décès brutal de ce dernier en 2007, puis par Christian Vernaudon, Cédric Pastour et Étienne Howan. Avec la nomination de Philippe Marie et au lendemain de ses 25 ans, la compagnie internationale polynésienne entame un nouveau tournant majeur, qui vraisemblablement devrait voir évoluer son modèle économique. « Le moment est venu de réinventer ATN », avait insisté Moetai Brotherson il y a quelques semaines.
Avec Radio 1 Tahiti