Regards sur les Outre-mer avec la journaliste engagée Mémona Hintermann

Regards sur les Outre-mer avec la journaliste engagée Mémona Hintermann

Journalistes, écrivains, personnalités du monde audiovisuel, influenceurs, figures de la société civile, sportifs, médecins, bénévoles... Ils viennent de tous horizons et partagent un lien profond avec les Outre-mer. À travers la série Regards des Outre-mer avec..., Outremers 360 vous invite à explorer les parcours inspirants de ces personnalités, qui, par leur engagement et leur talent, incarnent la richesse et la diversité de nos territoires et contribuent à la compréhension de ce qu'est véritablement l'archipel France.

 

Cette semaine, nous avons l'honneur de recevoir Mémona Hintermann, une figure emblématique du journalisme en France, reconnue comme l'une des voix les plus respectées du paysage médiatique. À l'occasion de l'inauguration de la Maison des Femmes, de la Mère et de l’Enfant à La Réunion, une structure dédiée à la protection des femmes victimes de violences dont elle est la marraine, Mémona nous a partagé sa vision des défis actuels dans les Outre-mer ainsi que son combat inébranlable pour l'égalité et la dignité humaine.

Née à La Réunion d'un père indien musulman et d'une mère créole d'origine bretonne et catholique, elle a grandi dans une famille multiculturelle très modeste avec ses onze frères et sœurs. En 1971, elle remporte le concours de l'ORTF à Saint-Denis-de-la-Réunion, et en 1976, elle intègre la rédaction de France 3 à Paris. Spécialiste des questions du Moyen-Orient, elle devient grand reporter et couvre des événements majeurs, tels que la chute du mur de Berlin et la guerre en Yougoslavie. En parallèle, elle présente le journal Soir 3 en deuxième partie de soirée et, en 2013, elle est nommée membre du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA). Lauréate du Grand Prix International de la Presse Étrangère, elle a signé une chronique hebdomadaire intitulée Sans filtre dans Midi Libre de septembre 2020 à octobre 2022. Depuis septembre 2022, ses chroniques sont publiées dans La Dépêche du Midi.

Mais c'est en tant qu'écrivaine que Mémona dévoile une autre facette de son talent. En 2007, elle publie son autobiographie, Tête haute, où elle revient sur son enfance à La Réunion. À travers une plume sincère et engagée, elle défend des valeurs profondes : la méritocratie, le respect de la diversité religieuse et l’importance de l'ascension sociale républicaine. Ce récit inspirant reflète son parcours personnel et son engagement fort pour l'éducation, la cause des femmes et la diversité. En 2021, Les vulnérables explore les parcours de ceux que la société laisse souvent de côté, rappelant l’urgence de tendre la main à ceux qui en ont besoin.

Dans cette interview, Mémona Hintermann nous rappelle l’importance de la solidarité et l’impact que chacun peut avoir pour construire un avenir meilleur. Une conversation à ne pas manquer pour découvrir une femme de conviction dont le parcours inspire et qui invite à réfléchir sur les enjeux cruciaux auxquels notre société doit faire face.

Mémona Hintermann © François Régis Salefran
© DR

L’engagement comme moteur

Le 8 octobre dernier, Mémona Hintermann inaugurait la Maison Léonie, la deuxième Maison des Femmes, de la Mère et de l'Enfant à La Réunion dont elle est la marraine. Située à proximité du Centre Hospitalier Universitaire du Nord, la structure accueille les femmes victimes de violences, qu'elles soient récentes ou anciennes. Depuis son ouverture en juillet, une vingtaine de femmes y ont déjà trouvé soutien et accompagnement. La Maison Léonie offre un espace intime et sécurisé. L'équipe pluridisciplinaire, composée de gynécologues, psychologues, assistantes sociales et autres professionnels, assure une prise en charge complète, tant sur les plans médical, psychologique, social que juridique. Les services sont en lien direct avec les urgences du CHU voisin, garantissant une continuité dans l’accompagnement des victimes pour leur permettre de se reconstruire pleinement. Ce type de structure permet non seulement de protéger les femmes victimes de violences, mais aussi d’offrir un lieu de guérison à leurs enfants, souvent les premières victimes indirectes comme l’explique Mémona : « J’ai eu l’honneur d’inaugurer la Maison des Femmes, de la Mère et de l’Enfant, en tant que marraine, et j’en suis extrêmement fière. Ce lieu est essentiel. Ce n’est pas qu’une question de #MeToo, c’est bien plus large. Il ne s'agit pas seulement des femmes, mais aussi de l'impact des violences sur les enfants. Lorsqu'une mère est victime de violence, ce sont souvent les enfants qui en subissent les conséquences. C’est donc un lieu de guérison pour tous. » Elle plaide pour des ressources supplémentaires et une mobilisation collective : « Cependant, comme beaucoup d’institutions, cette maison manque de moyens. C’est pourquoi j’encourage vivement la mobilisation des bénévoles. Il y a tant de personnes, qui ont du temps et des compétences à offrir, qui pourraient s’engager dans cette dynamique de solidarité que nous n’avons pas encore pleinement explorée. » mettant en avant l'importance de l’entraide et du partage de compétences pour créer un véritable impact.

 L’éducation, pilier de la réussite et de l’émancipation

Pour Mémona, cet événement a une résonance toute particulière. Née dans une famille modeste de La Réunion, elle a grandi en voyant les difficultés et les injustices auxquelles sont confrontées les plus vulnérables, notamment les femmes. Elle-même a dû surmonter de nombreux obstacles pour se hisser au sommet du journalisme. Sa carrière témoigne de son courage et de son intransigeance face à l’injustice. Mémona Hintermann n’a jamais perdu de vue ses racines créoles, qu’elle revendique comme une part essentielle de son identité : « Je suis créole à 100%, française par ailleurs. Mais mon identité fondamentale, mon identité de cœur, d’âme, c’est mon identité créole », affirme-t-elle avec force. Née dans le sud de l’île, elle souligne l’importance de cet environnement volcanique « très visible, très intense » qui a façonné son lien profond avec sa terre natale.

Dans cet environnement difficile, à une époque où les opportunités étaient rares, surtout pour une petite fille issue d'une famille pauvre, Mémona rappelle que c’est l’éducation qui a ouvert les portes de son avenir : « À mon époque, ce n'était pas évident pour une famille très pauvre d’envoyer une petite fille à l'école, particulièrement une petite fille… », se souvient-elle.

Elle nous confie alors un moment marquant qu’elle a dû affronter lors de son arrivée à la rédaction nationale de France 3. À l’époque, elle fait la connaissance de Jean-Marie Cavada, une figure emblématique de la télévision française, mais aussi de quelques rédacteurs qui, avec un certain mépris, l’interrogent sur la valeur de sa maîtrise de droit obtenue à Saint-Denis de La Réunion insinuant que son diplôme ne peut pas être à la hauteur de ceux obtenus en métropole. Face à ces doutes, la jeune diplômée réagit avec détermination. Elle rappelle la qualité de l’enseignement de ses professeurs formés à l’université d'Aix-en-Provence, et du travail fournit. Malgré ses arguments, elle ressent un certain regard, une suspicion, simplement parce qu'elle vient d’une île. Bien qu’elle navigue aujourd’hui avec succès dans le monde du journalisme, elle garde de cette expérience l'importance de l'éducation pour gagner le respect et l’estime de ses interlocuteurs.

© Memona Hintermann

Aujourd'hui, c'est cette conviction en l'importance de l'éducation qui motive son retour régulier à La Réunion, non pas pour les vacances comme elle aime à le préciser, mais pour des projets éducatifs et souligne les liens qu’elle a pu tisser avec des enseignants locaux, comme au collège Cambuston, dans l’est de l’île. Selon elle, les Outre-mer doivent s’appliquer à cultiver la qualité et l'excellence éducative pour de multiples raisons. Viser la réussite professionnelle en est une mais certainement pas la première. Pour elle, la priorité essentielle est de former des individus confiants et fiers de leurs parcours et de leurs origines. « Le premier objectif de l'éducation, c'est de former les êtres. » nous rappelle Mémona qui souligne l'importance des connaissances fondamentales, comme la maîtrise de la langue française : « Sans ce bagage académique élémentaire, il devient plus facile d’être dominé », prévient-elle. Et cet enjeu est crucial dans le contexte historique des Outre-mer. Cette lutte pour l'égalité des chances et l’équité de traitement, passe par le regard que l'on porte sur soi-même et sur les autres, rappelle Mémona : « Je suis aussi compétent que toi, je suis aussi cultivé que toi. » Cette conviction est le fondement de sa propre réussite, car elle s'est toujours efforcée de prouver sa valeur, malgré les préjugés.

Accueil au collège Cambuston avril 2019 ©Lions Club Saint-André Les Vacoas
College Cambuston avril 2019 ©Lions Club Saint-André Les Vacoas

Une responsabilité envers La Réunion

Lorsqu’on lui demande pourquoi elle choisit de s’engager autant à La Réunion plutôt qu’ailleurs en France, elle répond sans hésiter : « Je me sens une responsabilité ici. Moi, je suis de ce pays-là, je suis de cette terre-là, je suis de ce peuple-là. » Et face aux critiques qui pourraient l’accuser de communautarisme, elle répond fermement : « Je n’en ai vraiment rien à faire. »

Pour elle, son engagement est naturel : « Mon attachement à La Réunion est trop fort pour ne pas donner un peu de mon temps. » Un engagement qui illustre le lien viscéral qu’elle entretient avec son île, et sa volonté de contribuer, à son échelle, à l’épanouissement des nouvelles générations réunionnaises.

Mémona Hintermann insiste sur l'importance de donner de la visibilité aux jeunes Réunionnais et de valoriser leurs compétences. « Si je peux donner un peu d'aide aux lycées », notamment pour renforcer les options de formation, elle n'hésite pas à le faire. Elle souligne que les jeunes de l'île sont instruits et compétitifs, et qu'il n'y a plus de discrimination en métropole concernant l'équivalence des diplômes : « On ne se demanderait pas si ton diplôme équivaut à celui d'un autre jeune à Montpellier ou à Brest. » Pour elle, la visibilité n'est pas une demande de traitement spécial, mais une manière de montrer l'énergie et les compétences locales tout en rappelant que « les jeunes réunionnais sont à égalité avec les autres ».

Cette évolution de perspective est déjà en cours. Depuis plusieurs décennies, on observe un changement de mentalité chez les jeunes, qui optent de plus en plus pour des formations à La Réunion. Mémona Hintermann observe que, contrairement à sa génération, qui considérait "la métropole" comme la référence en matière de formation, la qualité de l’enseignement sur l'île est désormais largement reconnue, notamment en médecine. « À La Réunion, on forme dans presque toutes les spécialités médicales, et chacun sait que l'excellence est au rendez-vous. Qui voudrait se faire soigner par un médecin formé au rabais ? » dit-t-elle non sans humour.

 Dans le sillon d’une pionnière

Véritable modèle pour toute une jeune génération de journalistes, Mémona Hintermann évoque la rareté des femmes ultramarines dans les médias, en particulier dans des rôles de reporter en zones de conflit. Elle souligne qu'à son époque, elle était souvent la seule femme créole à couvrir des événements dans des contextes difficiles. Depuis, pour toute une génération de jeunes femmes, Mémona est devenue une figure inspirante. Elle est touchée par ce rôle de modèle et admire en retour la volonté et le professionnalisme de la nouvelle génération. Elle observe avec fierté que de nombreuses femmes issues des Outre-mer réussissent aujourd'hui dans des domaines variés, notamment en tant que médecins ou cadres. Ces femmes, dit-elle, « ont fait des études solides et sont désormais en mesure d'aider la population locale, en particulier en médecine, où leur connaissance de la culture locale leur permet d'être encore plus efficaces auprès des patients. Une femme créole médecin, qui comprend la langue et les réalités locales, apporte un soutien précieux à la communauté. » Pour Mémona, cette génération montante est remarquable, et elle se réjouit de voir tant de jeunes, hommes et femmes, « à la hauteur » de leur potentiel.

Cependant, elle déplore que des discriminations persistent encore à La Réunion, où certaines personnes se heurtent à des barrières dans leur carrière. Elle cite un exemple récent : un cadre réunionnais, pourtant plus qualifié qu'un candidat "métropolitain", n'a pas été nommé à un poste parce que « on voulait absolument nommer un métropolitain qui n'a pas le même niveau de diplôme ». Pour elle, ces pratiques sont « inadmissibles » et ne devraient plus avoir lieu, car les compétences locales méritent d'être reconnues à leur juste valeur.

En Libye pour l'élection du Congrès national, le 7 juillet 2012.©Memona Hintermann
Elections US 2012 © Memona Hintermann
Photo prise dans un tunnel entre Gaza et l'Egypte. © Memona Hintermann
Gaza Palestine, Mémona Hintermann avec SALAH AGRABI, journaliste caméraman, Pierre GUENY, monteur et Mounir, Fixeur. © Memona Hintermann

Pour une reconnaissance authentique des talents Outre-mer

Mémona Hintermann plaide avec force pour une reconnaissance authentique des talents issus de l’Outre-mer, en insistant sur le rôle clé des institutions, notamment dans l'audiovisuel, pour donner à ces créateurs la place qui leur revient. Selon elle, il ne s'agit pas de proposer une vision stéréotypée ou misérabiliste des réalités ultramarines, mais de permettre à ces jeunes artistes de s'exprimer sur des thématiques universelles, à l'image de leurs aspirations. « On ne cherche qu'une chose, que ce soit une bonne production », affirme-t-elle, soulignant que les talents d’Outre-mer ne doivent pas être réduits à des clichés exotiques.

Elle appelle aussi à une approche plus égalitaire dans l'évaluation de ces talents, sans condescendance ni paternalisme. « On ne veut pas une petite place, mais toute notre place, comme les autres », insiste-t-elle. Pour elle, les institutions de la République ont le devoir d’ouvrir des portes et de reconnaître pleinement la valeur de ces créateurs, qui forment aujourd’hui une nouvelle génération prête à briller. Elle souligne que « les éditeurs et les producteurs audiovisuels privilégient des noms et des visages facilement reconnaissables, alors qu'il existe une multitude de talents artistiques et littéraires » et déplore que la richesse créative de ces jeunes soit encore trop souvent ignorée ou sous-évaluée.

Face à ce constat, Hintermann propose une solution audacieuse et innovante : organiser des concours à l'aveugle, tant dans le domaine littéraire qu'audiovisuel. En 1973, elle-même a bénéficié d'un tel concours, où les évaluations étaient faites sans connaître l'identité des candidats, permettant une justice réelle et une reconnaissance fondée uniquement sur le mérite. « On serait étonné des résultats si l’on soumettait des critiques de livres ou des productions à l’aveugle », avance-t-elle, convaincue que cela pourrait bouleverser les perceptions et révéler la diversité des voix créatives des Outre-mer. Un concours littéraire à l'aveugle pourrait ainsi devenir un puissant levier pour révéler ces talents et leur offrir une place à la hauteur de leur potentiel. L’idée est lancée !

Mobiliser la société civile, un puissant levier de progrès de la société

Pour Mémona, chacun à un rôle à jouer, les institutions, les professionnels mais la clé de la solidarité est à chercher dans la société civile : « Il existe un potentiel important parmi ceux qui, bien que retirés de leurs activités, pourraient consacrer du temps à aider les autres. »

Pour illustrer son propos, Mémona partage une expérience personnelle mémorable qui témoigne de sa passion pour l’art. Un jour, elle décide d’offrir à son frère un moment inoubliable en l'emmenant au musée d'art moderne à Paris. « Il a peu fréquenté l'école. Et de mon côté, je ne suis pas une grande experte, mais j'adore ce musée, qui est si joyeux, coloré et vivant », confie-t-elle. En franchissant ensemble les portes de cet espace qu'il n’avait jamais visité, elle observe son frère, qui rayonne de bonheur. Cet instant simple lui fait réaliser combien de personnes, comme lui, n'ont jamais eu l'occasion d'explorer ces trésors culturels. Elle évoque alors toutes ces personnes érudites, « tellement cultivées, qui connaissent l’histoire des tableaux, l’histoire de la peinture » qui pourrait donner un peu de leur temps pour partager ce savoir avec ceux qui n’y ont pas accès. « On pourrait organiser cela avec des écoles, des enseignants », réfléchit-elle. « Il ne s’agirait pas de quelque chose de compliqué ou bureaucratique. Non, juste une demi-heure, trois quarts d'heure, de la part de ceux qui détiennent cette richesse culturelle. Pourquoi ne pas prendre ce temps pour expliquer un tableau à un enfant ? » s’interroge-t-elle, avec la conviction que ces moments pourraient transformer des vies, comme celui qu'elle a vécu avec son frère ce jour-là.

Selon elle, « si cette société civile existait vraiment, elle pourrait être un véritable soutien pour ceux qui n'ont pas eu accès à l'éducation, afin de leur offrir les mêmes opportunités et ainsi faire avancer les choses. » Une telle mobilisation pourrait contribuer à réduire le mépris ressenti par ces individus et à lutter contre les inégalités qui les marginalisent. « Offrir aux enfants des expériences enrichissantes dès le plus jeune âge peut faire toute la différence. Le manque d'exposition à des domaines comme l'art ou certaines normes sociales peut laisser des cicatrices », souligne-t-elle. Se sentir en décalage dans des environnements plus cultivés ou professionnels peut sérieusement éroder la confiance en soi. Le mépris perçu dans le regard des autres, même accompagné d'un sourire en coin, peut générer tristesse ou agressivité. « Je suis passée par là », confie Mémona, se rappelant comment elle-même avait pu réagir avec agressivité face à cette condescendance : « Cette réaction, alimentée par le sentiment d'infériorité, fait perdre du temps et de l’énergie. »

Le soutien et la mobilisation de la société civile sont essentiels pour aider ceux qui n'ont pas eu accès à l'éducation ou qui ont dû l'abandonner prématurément, conclut Mémona Hintermann : « Si cette dynamique se mettait en place, elle pourrait devenir un véritable levier de progrès. En comblant ce fossé, nous avons l'opportunité de prévenir de nombreuses frustrations et d'éviter que ces sentiments d'injustice n’allument les braises de révoltes plus profondes. »

Plus d’infos

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