Outremers360 avait annoncé, ce lundi, la publication hebdomadaire une cartographie du paysage électoral de certains territoires d’Outre-mer, réalisé par un groupe de jeunes étudiants coordonné par Bradley Chan Tsun Ching, étudiant en Master II Management des Affaires Publiques et des Institutions à l’École des Hautes Études Internationales et Politiques.
Il nous livre aujourd’hui le résultat d’une analyse réalisée sur le territoire de La Réunion, à partir des chiffres de votes, de la dernière élection présidentielle. Cette cartographie a été faite à partir de chiffres de l’Insee et des commentaires de certains de nos confrères, notamment Le JIR, Le Quotidien, l’Express.
En vue des élections législatives et de la présidentielle de 2017, 639 391 personnes étaient inscrites sur les listes électorales à La Réunion. Nous notons que trois-quarts ont voté à au moins un des quatre tours. Mais ils privilégient l’élection présidentielle. Les trois-quarts restants ont opté pour l’abstentionnisme. - Un comportement électoral tendancieux des jeunes, des personnes sans diplôme ou éloignées de l’emploi.
À La Réunion, les trois-quarts des inscrits ont voté à au moins un tour de scrutin en 2017. - Soit au premier tour de la Présidentielle, soit au premier tour des Législatives, soit au second tour d’un des deux scrutins. Mais une minorité d'entre eux, 26 %, a voté de façon systématique, aux deux tours de chaque élection. Une proportion de participation en baisse de 9 points, comparé à 2012.

On remarque toutefois que la part de vote intermittent augmente de 6 points et concerne un électeur sur deux à La Réunion, pour cette même période de 2017. Pour la seule élection présidentielle, la part des votants est en hausse de 3 points, passant de 24 % en 2012 à 27 % en 2017. Aussi, 22 % des électeurs en 2017 contre 19 % en 2012, ont voté aux deux scrutins, mais se sont abstenus à l'un des deux tours.
De façon générale, les Réunionnais sont beaucoup moins mobilisés pour les élections législatives, contrairement à l'élection présidentielle. La moitié seulement des inscrits ont voté aux législatives contre les trois-quarts à la présidentielle. Ces taux de participation restent tout de même inférieurs de 9 à 10 points à ceux de l’Hexagone : respectivement 59 % pour les législatives et 86 % pour la présidentielle.
Jeune sans diplôme et éloigné de l’emploi, le profil type de l'abstentionniste
Les régions et les départements d’Outre-mer restent les territoires pour lesquels les taux d’abstention sont les plus forts au niveau national. Toutefois, comme dans l’Hexagone, l’abstention systématique à La Réunion est surtout répandue chez les électeurs qui semblent les moins insérés socialement. Ceux qui, de par leur insertion dans la société, incarnent une certaine forme d’insensibilité pour les élections. Ce qui se traduit par un comportement électoral ou bien encore, une difficulté à participer aux élections dans certaines situations malgré le dispositif des procurations.

L’âge d’une personne est un premier facteur déterminant pour être abstentionniste. Ainsi, on dessine deux profils : les jeunes de moins de 29 ans, non-étudiants, sortis du système éducatif et scolaire s’abstiennent plus souvent que les personnes d’âges intermédiaires. Aussi, les personnes âgées de 75 ans, et plus, se rendent, eux aussi, moins souvent aux urnes que les 30 à 74 ans. « La part des abstentionnistes de moins de 29 ans est ainsi plus de deux fois supérieure à celle des personnes de 45 à 59 ans, tandis que celle des 75 ans, et plus, est trois fois supérieure », comme le précise l’Insee dans son enquête sur la participation électorale de 2017.
De plus, la situation vis-à-vis de l’emploi fonde un deuxième facteur déterminant d’abstention. En effet, plus une personne est proche du marché du travail, plus elle est susceptible de participer aux élections. Et au contraire, ceux au chômage, qui sont surreprésentés à La Réunion, s’abstiennent deux fois plus que ceux qui disposent d’un emploi, représentés au nombre de 30 % contre 14 %.

Au même titre que l’emploi, le niveau de diplôme est le troisième facteur déterminant pour dessiner le profil type d'abstentionniste. Les personnes sans diplôme s’abstiennent davantage que les autres. « La part de l’abstention décroît à mesure que le niveau de diplôme augmente. Ainsi, 30 % des personnes sans diplôme s’abstiennent contre 14 % des diplômés du supérieur », souligne l’Insee.
La structure familiale est le dernier élément favorisant l’abstentionnisme. Les personnes vivant seules ou appartenant à une famille monoparentale s'abstiennent davantage que celles vivant dans un couple avec enfant(s) : 30 % contre 16 %. Par conséquent, un jeune sans diplôme éloigné de l’emploi et vivant seul réunit davantage de critères pour être abstentionniste. À l’inverse, les votants systématiques sont surtout des personnes en emploi et ayant 30 ans ou plus.