ONU : Les autonomistes et l’État s’opposent à l’organisation en Polynésie d’un séminaire du Comité de décolonisation

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ONU : Les autonomistes et l’État s’opposent à l’organisation en Polynésie d’un séminaire du Comité de décolonisation

Les autonomistes polynésiens et l’État sont opposés à l’organisation d’un séminaire du comité de décolonisation de l’ONU, appelé aussi C24 ou Comité des 24, en Polynésie. Alors qu’indépendantistes et autonomistes sont actuellement au Timor-Leste pour le séminaire 2025 du Comité, la représentante du gouvernement indépendantiste polynésien a avancé l’idée d’une candidature de la Collectivité pour accueillir le prochain séminaire de ce comité. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Le Comité spécial de décolonisation de l’ONU est actuellement réuni en séminaire régional au Timor-Leste, pays anciennement inscrit sur la liste onusienne des territoires à décoloniser, et qui a obtenu son indépendance de l’Indonésie en 2002.

Une réunion à laquelle participent des représentants du parti indépendantiste polynésien Tavini Huira’atira -le président de l’Assemblée territoriale Anthony Géros et Richard Tuheiava- mais aussi du principal opposant et parti autonomiste de la Collectivité, le Tapura Huira’atira -le député Moerani Frébault, la représentante à l’Assemblée Tepuaraurii Teriitahi et le maire de Nuku Hiva Benoît Kautai-.

À ces participants politiques s’ajoute une représentante du gouvernement de la Polynésie française. Mareva Kitalong-Lechat, déléguée aux Affaires internationales, qui avait annoncé à TNTV son intention de proposer la Polynésie comme hôte du prochain séminaire dédié au Pacifique, qui doit avoir lieu en 2027. Une « possibilité offerte » puisqu’un séminaire de ce comité a déjà été organisé en Nouvelle-Calédonie en mai 2010.

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Cette candidature, confirmée à Dili -la capitale du Timor-Leste- a fait réagir la délégation autonomiste. Pour Tepuaraurii Teriitahi, le Tavini essaye de mettre la pression sur la France et de « l’embarquer dans un processus de décolonisation », qui à la différence de la Nouvelle-Calédonie, n’est pas entamé pour la Polynésie. « Évidemment, il faudra être vigilant sur la tenue de ce séminaire », explique-t-elle, tout en précisant que « la position du Tapura, c’est de dire qu’on n’a rien à cacher ».

« Ingérence de l’ONU »

La position de l’État est visiblement plus ferme. Tepuaraurii Teriitahi explique que la France, par la voix de son ambassadrice pour le Pacifique, Véronique Roger-Lacan, a « très mal réagi » à cette proposition d’organisation. 

« Le gouvernement polynésien n’a pas prévenu la France de cette volonté d’inviter le comité à tenir son prochain séminaire en 2027 en Polynésie », reprend l’élue Tapura. « L’ambassadrice a clairement fait savoir que la France s’opposait à cette ingérence, on va dire, de l’ONU en Polynésie française parce que, pour l’heure, il n’y a aucun sujet de discussion prévu sur le dialogue de décolonisation ».

En revanche, le Tapura a renouvelé son souhait de voir une mission de l’ONU à Tahiti. Quelle différence avec un séminaire régional ? Les membres du Comité des 24 ne restent que quelques jours pour cette réunion, ils « n’ont pas forcément le temps de faire un travail d’investigation sur le pays » et surtout ils viennent parler de leur propre situation, précise Tepuaraurii Teriitahi. Alors qu’une mission de l’ONU « permettrait de sonder la population, d’observer les paramètres économiques, la démocratie ».

Pour l’élue, ce serait bien que des personnes « qui entendent des choses très négatives » sur la vie en Polynésie, viennent constater par eux-mêmes que « la réalité est très loin de tous les messages qui ont été véhiculés depuis plusieurs années ».

Lucie Rabreaud pour Radio 1 Tahiti