Sept ans après l'engagement pris en 2018, le Mémorial national des victimes de l'esclavage avance vers sa concrétisation. En ce 23 mai, journée nationale en hommage des victimes de l'esclavage, le Président de la République Emmanuel Macron, en hommage de cette commémoration, a annoncé le lauréat chargé de la scénographie de ce mémorial qui inscrira au coeur de la capitale, les noms de 224 000 affranchis. Il s'agit de l’équipe composée de Michel Desvignes Paysagiste et de l’Agence d’Architecture Philippe Prost.
A quelques encablures de la Tour Eiffel, 224 000 noms d’affranchis de 1848 — originaires de Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion et Saint-Martin — seront gravés dans un lieu de recueillement unique dans les Jardins du Trocadéro, là même où fut signée la Déclaration universelle des droits de l’Homme en 1948. Au sein d'un jardin mémoriel de 4000 m² imaginé par Michel Desvigne et l’architecte Philippe Prost, lauréat de l'appel à projet lancé par le comité de pilotage , co-présidé à l'époque par le ministre des Outre-mer Philippe Vigier et le président de la Fondation Esclavage et Réconciliation Serge Romana. Ce mémorial, porté par le Président de la République et né d’une initiative citoyenne, se veut comme un « message de la Nation, message de reconnaissance et de réconciliation» a écrit Emmanuel Macron sur son réseau social X.
«Ce projet propose un jardin mémoriel, un lieu de calme, de recueillement et de partage, au cœur d’un des quartiers les plus touristiques et animés de la capitale. S’insérant dans les jardins historiques du Trocadéro, ce nouvel espace ajoute une épaisseur historique à un lieu déjà chargé de symboles, tout en respectant son héritage architectural et paysager.», soulignent les porteurs de ce projet. S'inspirant de la Rivière Suisse, élément patrimonial des lieux, le jardin mémoriel propose un parcours au sein d'un écrin naturel composé de méandres, îles fluviales et de végétation luxuriante. Les visiteurs pourront déambuler dans deux chemins : le Chemin de l’Histoire, retraçant l’esclavage dans les colonies françaises, et le Chemin des Noms, qui dévoile les identités retrouvées des affranchis. En son centre, « l’île de l’esclave sans nom » rend hommage aux millions d’âmes anonymes, dont les noms se sont perdus dans l’Histoire.
Ce mémorial n’est pas un monument aux morts, mais se veut un «monument aux vivants», précisent les concepteurs. Il célèbre la vie, la mémoire, la transmission, et s’impose comme un lieu de reconnaissance et de réconciliation nationale. Un espace où l’Histoire retrouve ses voix, et où les visiteurs sont invités à entendre, voir et ressentir l’héritage de l’esclavage. Les noms des affranchis seront gravés sur des panneaux en pierre de lave émaillée, métaphores de la douleur, mais aussi de la renaissance. «Ce jardin contemporain, profondément marqué par une dimension mémorielle et paysagère, répond pleinement au besoin de consacrer un lieu de commémoration aux descendants de victimes de l’esclavage — et plus largement, à toute la société».
Ce projet d’ampleur est aussi le fruit de décennies de mobilisation : des milliers de bénévoles ont exploré les archives coloniales pour redonner une identité à ceux que l’Histoire avait effacés. Le jardin du Trocadéro portera désormais leur mémoire.