Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), ancienne ministre du Logement, s’est rendue à Mayotte pour une mission de plusieurs jours afin de réaffirmer l’engagement du Mouvement Hlm aux côtés des acteurs locaux. Ce déplacement, prévu de longue date, intervient dans un contexte particulièrement éprouvé, à la suite des cyclones Chido et Dikeledi, qui ont fortement fragilisé un territoire déjà confronté à de profonds défis sociaux, urbains et climatiques.

Répondre à l’urgence, préparer l’avenir

Mayotte traverse une crise multiple : catastrophes climatiques, habitat informel, pénurie aiguë de logements sociaux, pression démographique, précarité économique. Le passage des cyclones Chido et Dikeledi n’a fait qu’accentuer ces vulnérabilités, mettant à nu l’insuffisance des infrastructures et la fragilité des conditions de vie.

Face à cela, l’USH est un acteur engagé pour accompagner les bailleurs, sociaux, les collectivités et acteurs de l’habitat mahorais dans la structuration de réponses durables.

Un colloque fondateur à la Technopôle de Dembeni

Le déplacement de l’USH a débuté par la participation à un colloque organisé par la Communauté de Communes du Sud de Mayotte (CCSud) à la Technopôle de Dembeni. Consacré à l’accession sociale à la propriété, avec la tenue de trois tables rondes, cet événement a permis de poser trois priorités claires :

• Sortir durablement de l’habitat informel ;
• Sécuriser le foncier et faciliter l’accession sociale ;
• Développer les réseaux et les équipements essentiels.

À cette occasion, un accord de partenariat a été signé entre l’USH et l’association des Intercommunalités de Mayotte (Interco 976), en vue d’une convention plus large attendue au Congrès Hlm de Paris en septembre prochain. 

Un dialogue institutionnel à tous les niveaux

Tout au long de la mission, Emmanuelle Cosse a multiplié les échanges avec les trois bailleurs sociaux (la SIM, AL’MA et Hippocampe habitat) du territoire ainsi que :

• Le préfet M.François-Xavier Bieuville, le Générale Pascal Facon et Mme Isabelle Richard qui mènent la mission interministérielle de reconstruction de Mayotte
• Les services de l’État (la DEAL, la DEETS) pour parler des efforts de politiques publics ;
• L’Agence Française de Développement, la Banque des Territoires et la Commission d’Urgence Foncière pour les enjeux de cohésion, financement et foncier ;
• La Croix-Rouge et Coallia pour parler de l’appui aux populations et de l’hébergement ;
• La mairie de Mamoudzou, dans le cadre du NPNRU et du plan Mayotte 2030 ;
• Le RSMA, pour évoquer la formation et l’insertion des jeunes mahorais ;
• Une discussion sur les freins et renforcement économique du territoire avec les représentants des entreprises locales (le MEDEF, la FMBTP, la CAPEB) ;
• Le CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) et les bureaux d’architectes Harappa et Likoli Dago et du pour parler des techniques de construction adapté à Mayotte ainsi que les
• Le Centre d’étude des revenus et des coûts de Mayotte (CERC-M) pour approfondir l’analyse des réalités économiques locales et de leurs impacts sur les politiques de logement.

De nombreuses visites de terrain

Une série de visites ont permis d’illustrer les dynamiques locales, d’innovation sociale, de mobilisation et de volonté de changement avec des projets concrets :

Avec la CCSUD et Hippocampe Habitat :

• Les opérations de résorption de l’habitat insalubre (RHI) à Hamourou ;
• Le projet PSLA à Karajavenza, dont la livraison est prévue en 2028 ;
• Le site de la future maison de l’autonomie avec en partenariat avec Al’ma ;
• Les actions de réhabilitation à Bandrélé ;
• Une belle séquence de remise des clés aux habitants à M'Tsamoudou.

Avec la Société Immobilière de Mayotte :

• A l’invitation de la CADEMA, la pose de la première pierre d’un programme d’une cinquantaine de logements à Ongojou ;
• Le village Relais de Tsoundzou 2, un modèle d’hébergement d’urgence et d’insertion ;
• La visite de la résidence « Vili Vili Manga » (60 logements), une offre mixte incluant des logements sociaux, intermédiaires et libres, récemment inaugurée.

Avec AL’MA et le Comité Territorial d’Action Logement :

• La visite de l’opération de construction de la Résidence Autonomie d’AL’MA dont la livraison est prévue pour cette fin d’année ;
• La visite d’un projet NPNRU de Kaweni avec la ville de Mamoudzou qui vise à requalifier les quartiers, améliorer les conditions de vie des habitants et renforcer l’ancrage territorial des actions sociales.

La présidente aussi effectuée une visite d’un site du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) de Petite-Terre aux côtés de la Communauté de Commune de Petite-Terre. Cela a permis de constater l’avancement des opérations engagées et de mesurer les enjeux d’amélioration du cadre de vie, de requalification de l’habitat et de développement des équipements publics.

Enfin, des modes de construction et d’habitats innovants avec la visite de l’unité de production Habit’Âme, acteur de l’économie circulaire, a mis en lumière le potentiel de développement local autour de l’éco-construction adaptée aux spécificités climatiques, l’autonomie en termes de ressources et la réduction des déchets. 

« À Mayotte, la République doit passer par un logement digne »

Au terme de cette mission, Emmanuelle Cosse a rappelé que le logement est une condition sine qua non de l’égalité républicaine : « À Mayotte, la République doit évidemment s’incarner dans la sécurité due à tous nos concitoyens, mais la République ne sera rien sans un logement digne pour celles et ceux qui font vivre cette île, sans un engagement fort pour le développement des mobilités, sans une pensée d’un développement soutenable, sans la mise en œuvre constante et sans failles de toutes les politiques publiques. Avec les acteurs du monde Hlm, nous prenons et nous prendrons toute notre part pour développer l’offre de logements à Mayotte et faire vivre la promesse républicaine.»

Ce déplacement de l’USH à Mayotte marque la continuité d’une mobilisation sans précédent autour de la reconstruction post-catastrophe, la lutte contre l’habitat précaire et le développement d’un logement digne, durable et ancré dans les réalités locales.

L’USH reste pleinement engagée aux côtés des bailleurs du territoire, des Mahorais et de leurs élus pour bâtir un avenir plus juste et plus résilient.