Patrimoine de Mayotte :  L’usine sucrière d’Hajangoua vers des travaux en 2025

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Patrimoine de Mayotte :  L’usine sucrière d’Hajangoua vers des travaux en 2025

En 2022, l’ancienne usine sucrière d’Hanjagoua, dans la commune de Dembéni, a été sélectionnée par la mission Bern. La subvention pourtant obtenue depuis, les travaux devraient débuter en 2025, après une étude des diagnostics et de recherche d’équipements en juin, et des fouilles archéologiques. La communauté d’agglomération Dembéni Mamoudzou, qui supervise, aimerait pouvoir accueillir les premiers visiteurs en 2027. Détails avec notre partenaire Mayotte Hebdo. 

 

 "Ah, lui, il s’est garé là pour laver sa voiture, il va souiller le site ", observe Alain Guicharousse, directeur culturel, patrimoine, loisirs et sports à la communauté d’agglomération Dembéni Mamoudzou (Cadema), en arrivant sur le site de l’ancienne usine sucrière d’Hajangoua, dans le village de Dembéni. Il lui demande gentiment de déplacer son véhicule et lui évoque la future restauration de ce lieu, classé monument historique. L’homme n’est pas le seul à y venir pour vaquer à ses occupations, un sac poubelle et quelques déchets sont repérés. 

Il faut dire que depuis 2022, date à laquelle la Cadema a fini lauréate de la mission Stéphane Bern portée par la Fondation du patrimoine, le projet n’a pas beaucoup avancé. La convention confiant le site géré par le conservatoire du littoral à la collectivité a été signée en 2023, et les premiers marchés publics ont été lancés en juillet de la même année. Alain Guicharousse, qui a repris le dossier en mai 2023, informe que l’étude de diagnostic quant à la qualité des murs et de recherche d’équipements (disséminés sur le site depuis un cyclone en 1898 ou juste ensevelis) débutera le 27 juin. Des plots anti-intrusion seront installés. Des fouilles archéologiques suivront en fin d’année. Les travaux, eux, pourraient démarrer en 2025. La subvention de 460.000 euros de la Fondation du patrimoine à destination des travaux de sécurisation et de stabilisation des murs, restée en sommeil, attend quant à elle, patiemment, d’être versée, sur factures. 

"La nature a repris ses droits " 

" C’est l’usine sucrière qui est la moins abîmée de l’île, alors c’est pour dire ", lance le directeur. En activité depuis le milieu du XIXème siècle, elle a définitivement arrêté de fonctionner en 1903, et n’a fait que se détériorer depuis (voir encadré). " La nature a repris ses droits ", constate cet originaire des Pyrénées. " Il y a un an, c’était vraiment recouvert de végétation. Là si on coupe ses arbustes, les murs maintenus par leurs racines vont s’effondrer ", remarque celui qui vient au moins une fois tous les six mois afin de rejoindre des jeunes volontaires du régiment spécial militaire adapté (RSMA). Ceux-là nettoient la parcelle depuis 2023 pour être sensibilisés au développement durable. L’arrivée de paysagistes professionnels devrait cependant précéder l’arrivée des géomètres. " Ça, ça ne s’était pas effondré il y a six mois. C’est pour ça qu’il y a urgence ", dit-il en sillonnant l’ancienne usine, sa tour, ses bassins et ses fosses où le concentré de suc (jus brut appelé " vesou ") de la canne à sucre était autrefois cristallisé. C’est l’un des trois bâtiments visés par la subvention. Il y a aussi un hangar accessible en traversant une bananeraie (plantée à la place de l’ancienne cocoterie), qui s’étend jusqu’à l’ancienne maison du contre-maître, habitée par la famille Marot jusqu’au milieu des années 1960. Cette bâtisse en ruine doit aussi être rénovée. Elle n’a plus de toit. " Les tuiles et la tôle, c’est ce qui a été volé en premier."

" On espère accueillir le public en 2027 " 

Si la première phase des travaux servira à renforcer les murs de ces ruines et à réaliser un parking, la seconde partie sera, elle, dédiée à aménager le paysager. " On veut réduire la bananeraie pour enrichir le patrimoine végétal afin de retrouver toute la diversité de la végétation de Mayotte et replanter des carrés de cannes à sucre ", indique le chargé de projet. Dans les pistes de réflexion, il est envisagé de réaliser un platelage et un sentier pour permettre aux futurs visiteurs de s’orienter tout en lisant des panneaux explicatifs sur l’histoire et le fonctionnement de l’usine. Près de la rivière, anciennement utilisée pour alimenter les chaudières servant à chauffer la sève extraite de la canne à sucre, préalablement broyée, une petite esplanade pourrait également permettre d’expliquer le processus. U

ne laverie à Hajangoua a d’ailleurs été inaugurée, à un euro symbolique la lessive, pour que les lavandières cessent d’utiliser la rivière. Enfin, un autre sentier pourrait être mis en place pour arriver à l’ancienne embarcadère au niveau du lagon, à environ 300 mètres, de l’usine. L’idée étant de mettre en valeur l’existant et non de reconstruire. Un petit peu plus loin, mais toujours dans le périmètre du site, " des Anjouanais pratiquent du maraîchage de façon informelle "

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La Cadema leur a proposé de se former en coopérative pour y vendre des produits naturels. " On va participer à leur intégration, les aider à régulariser leur situation ", déclare Alain Guicharousse. " L’idée, c’est de travailler en bons termes avec les personnes qui travaillent déjà là, pas de forcer le passage même si on pourrait. D’autant que la force viendrait à prendre le risque que l’on vienne tout casser ou embêter le public. " 

Un public qui devrait amené par l’office intercommunal du tourisme, et qui existe déjà localement grâce à des enseignants qui amènent leurs élèves. Le projet global de sécurisation et d’aménagement du site devrait se chiffrer à " 1,3 millions d’euros ". " Il pourrait aussi y avoir des possibilités de financements de la part de la direction des affaires culturelles de Mayotte ", signale-t-il. " On espère que tout sera bien entamé avant les prochaines élections, fin 2026, et accueillir le public en 2027. "

 

Par France-Mayotte Matin