Sans surprise, l'annonce de Gérald Darmanin d'une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol à Mayotte a divisé dimanche la classe politique, la droite et l'extrême droite réclamant l'élargissement de la mesure à toute la France, et la gauche promettant de s'y opposer.
En déplacement dans l’archipel confronté à une grave crise migratoire et à une situation sociale et sécuritaire explosive, Gérald Darmanin a annoncé « l'inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle ». Cette mesure a été aussitôt applaudie par la droite et l'extrême droite.
« C'est beaucoup de temps perdu pour en arriver à cette conclusion que supprimer le droit du sol, non seulement à Mayotte mais partout en France, est non seulement nécessaire mais possible », a souligné sur Europe 1 le député du RN Sébastien Chenu, rappelant que Marine Le Pen avait déposé une proposition de loi en ce sens « dès 2018 ». Selon lui, pour éviter « les foudres du Conseil constitutionnel », il faut « que la fin du droit du sol s'applique à toute la France, à travers un référendum et une révision de la constitution ».
La candidate du parti Reconquête ! aux européennes, Marion Maréchal a aussi salué sur BFMTV l'annonce, réclamant l'extension de la mesure « à l'ensemble du territoire français », car « ce que vit Mayotte aujourd'hui, c'est ce que vivra la métropole dans 30, 40, 50 ans si nous ne faisons rien », a-t-elle affirmé. Le patron des Républicains Éric Ciotti a réagi de manière identique : « Ce qui se passe à Mayotte risque de toucher demain la France métropolitaine. Partout sur le territoire national nous devons supprimer le droit du sol ! », a-t-il écrit sur X.
De l'autre côté de l'échiquier politique, l'annonce a au contraire hérissé la gauche : le Parti socialiste et La France insoumise ont d'ores et déjà promis de s'opposer à toute révision de la constitution, dénonçant le risque de la fin du droit du sol en France, si Marine Le Pen arrive au pouvoir.
« Fondement de la République »
Le patron des députés PS Boris Vallaud a rappelé sur France 3 que Mayotte était « déjà sous l'empire d'un régime juridique qui est beaucoup plus sévère pour obtenir la nationalité française que tout le reste de la France » et qui « n'a pas changé quoi que ce soit ». Sur France Info, le député insoumis Éric Coquerel, remarque que si on « commence à faire une dérogation pour une des parties du territoire », « après on pourrait les multiplier ».
« Après avoir brisé le tabou de la préférence nationale, la Macronie attaque la conception même de la nationalité, fondement de la République », a aussi dénoncé l'eurodéputée insoumise Manon Aubry sur X. « Mettre fin au droit du sol à Mayotte ne résoudra pas les difficultés du territoire », a abondé la tête de liste écologiste aux européennes, Marie Toussaint, fustigeant sur X « un président de la République qui devance l'extrême droite ».
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Dans la majorité, les ministres Éric Dupond-Moretti et Roland Lescure ont argué que la « situation exceptionnelle » de Mayotte justifiait « des mesures exceptionnelles ». « Nous devons être en capacité d'avoir des actions fortes face à une situation épouvantable », a confirmé la porte-parole Prisca Thévenot sur BFMTV, soulignant que la mesure « est réclamée par l'ensemble des élus du territoire mahorais ».
Le président du MoDem François Bayrou, qui a fait part récemment de désaccords avec l'exécutif, a considéré que la suppression du droit du sol à Mayotte était « inéluctable », rappelant que lui-même l'avait proposé dès 2007 et jugeant que « les gouvernements successifs n'ont pas fait ce qu'il fallait ».
Avec AFP