Le ministre de l’intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, entament ce dimanche un déplacement à Mayotte, où la population, excédée par le climat d’insécurité, a érigé des blocages et manifeste son mécontentement.
Baptême de feu pour la nouvelle ministre chargée des Outre-mer, nommée jeudi soir et officiellement entrée en fonction vendredi matin. Son ministre de tutelle, Gérald Darmanin est, lui, plus familier de la situation mahoraise, où le climat social et sociétal s’est tendu ces dernières semaines, qualifié d’insurrectionnel par le ministre, sur fond d’immigration et d’insécurité.
Avant de prendre l’avion, hier soir, le locataire de la place Beauvau avait déjà déroulé quelques mesures. Le ministre s'est engagé à procéder à « l'évacuation totale du camp de Cavani (le stade départemental, ndlr) » où des migrants en provenance de la région des Grands lacs en d'Afrique sont réfugiés. Ce camp avait été le point de départ du regain de tension sur l’île, et de la mobilisation du collectif Force Vives de Mayotte. « Ceux qui ont le droit d'asile pourront être rapatriés dans l'Hexagone », a-t-il précisé hier soir depuis Paris.
« Quant à ceux qui sont en situation irrégulière sur le territoire national, ils doivent être, dans les heures qui viennent, assignés à résidence ou intégrer au Centre de rétention administrative en vue d'une expulsion immédiate vers leur pays d'origine ». Le ministre de l'Intérieur a ensuite confirmé la mise en place de l'opération Wuambushu II. Il promet pour celle-ci : « plus de moyens, plus de forces de l'ordre et de justice ».
La première opération Wuambushu, déclenchée en avril 2023, avait pour objectif d'expulser les étrangers en situation irrégulière et de détruire les bidonvilles, afin de rétablir la sécurité sur l'archipel. L’État s’était fixé pour objectif de détruire plus d'un millier de cases d’ici la fin 2023. En septembre 2023, « 400 logements des bidonvilles ont été détruits, 1 327 interpellations ont eu lieu, dont la quasi-totalité des chefs de gang qui avaient été identifiés (55 sur 59) et les violences sur les personnes -comme les vols avec violence- ont baissé de 10 % ».
Gérald Darmanin souhaite également lutter « contre les filières d'immigration irrégulières » notamment ceux qui en profitent et qu'on retrouve « parfois dans la bonne société mahoraise ». Enfin, le ministre annonce la création d'un « rideau de fer maritime prochainement », à la demande du président de la République, pour empêcher l'immigration clandestine vers Mayotte, et en provenance des Comores et de l’Afrique des Grands Lacs. Il annonce également « de nouveaux moyens d'interceptions, de nouveaux radars... ».
Fin du droit du sol uniquement à Mayotte
Gerarld Darmanin rappelle que « le projet de loi Mayotte sera présenté à l'Assemblée nationale et au Sénat dans quelques semaines ». « Ce qui permettra à chaque Mahoraise, Mahorais d'avoir les mêmes droits et devoirs que tous les autres français sur le territoire national » a affirmé le ministre.
Ce dimanche matin, dès son arrivée sur l’île, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a fait une nouvelle annonce : « la fin du droit du sol à Mayotte ». « Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parents français, nous couperons l'attractivité qu'il y a dans l'archipel », a-t-il déclaré, précisant qu’il s’agit d’une « mesure radicale circonscrite à Mayotte », qui passera par une modification constitutionnelle.
« Il y a aussi beaucoup de sujets sociaux et environnementaux » a aussi poursuivi le ministre, alors que la crise sociale actuelle succède à une violente pénurie d’eau, qui a forcé la distribution gratuite de plusieurs centaines de milliers de bouteilles d’eau potable. « Mayotte, c'est la France. Ce qui se passe ici concerne toute la République », a assuré de son côté la nouvelle ministre Marie Guévenoux.
« L'île connaît des difficultés très fortes, l'économie est au ralenti, pour ne pas dire pire, la situation sanitaire est préoccupante, les enfants ne vont plus à l'école », a-t-elle poursuivi. Marie Gévenoux devrait notamment travailler sur le projet de Loi Mayotte, qui permettra notamment de répondre aux problématiques « de convergence sociale » et « d'infrastructures ». Il devrait, selon elle, être présenté avant l’été.
Concernant la délinquance, et dans un climat « insurrectionnel », Gérald Darmanin a affirmé vouloir « rétablir la paix publique à Mayotte », annonçant des « interpellations systématiques » et « massives » contre la délinquance les prochains jours dans l'archipel.