La Réunion : La Région s'oppose à la vente du terrain de l'hôtel Lux au groupe mauricien IBL

La Réunion : La Région s'oppose à la vente du terrain de l'hôtel Lux au groupe mauricien IBL

La Région Réunion a exprimé son opposition ferme à la vente du terrain hébergeant l’hôtel Lux, une transaction en cours par l’État en faveur du groupe mauricien IBL. Réunie ce vendredi sous la présidence d'Huguette Bello, la Commission Permanente du Conseil Régional a adopté une motion demandant la suspension de cette vente et la tenue d'une concertation avec les acteurs locaux.

La vente concerne un terrain de sept hectares, dont une partie appartient au Domaine Public Maritime (DPM). Pour la Région, ce foncier est stratégique tant sur le plan économique qu’environnemental et fait partie intégrante du patrimoine de l'île. La motion souligne que la cession de ce terrain à un acteur extérieur comme le groupe IBL pourrait nuire aux intérêts de La Réunion et, par extension, à ceux de la France.

Parmi les préoccupations soulevées par la Région, figure le fait que l'État n’a pas consulté directement le Conseil Régional, pourtant responsable du développement économique, du tourisme et de l’aménagement du territoire indique t-elle. De plus, la possibilité pour des investisseurs réunionnais de se positionner n’a pas été suffisamment explorée, selon la collectivité.

La Région estime que cette vente pourrait avoir des conséquences graves, notamment en facilitant la prise de contrôle par des acteurs étrangers de pans importants de l'économie réunionnaise, comme cela a déjà été observé dans les secteurs du sucre, de l'eau, de la grande distribution et du tourisme.

Dans sa motion, la Commission Permanente a réaffirmé la nécessité de promouvoir un "patriotisme économique réunionnais" et a demandé l'ouverture d'une expertise juridique sur l'inaliénabilité et l’imprescriptibilité des terrains relevant du DPM. Elle appelle également l’État à suspendre toute décision concernant la vente, en attendant une consultation avec les acteurs économiques et institutionnels de l'île.

Enfin, la présidente Huguette Bello a été autorisée à engager toutes les voies légales, y compris l’éventualité d’un recours en justice, pour défendre les intérêts de La Réunion dans ce dossier. Ci-dessous, en détail, l’ensemble des points soulevés par la Commission Permanente du Conseil Régional du 6 septembre 2024. Cette dernière :

- S’étonne que le Conseil Régional, chef de file en matière de développement économique, de tourisme et d’aménagement du territoire, n’ait pas été directement concerté par l’État sur ce projet de vente, nonobstant la saisine de la commission des 50 pas géométriques, et l’avis défavorable exprimé en séance par le représentant de la collectivité. 

- Rappelle l’importance stratégique du Domaine Public Maritime, au carrefour des intérêts économiques et sociaux et des impératifs environnementaux. 

- Souligne que ce Domaine Public Maritime fait partie intégrante du patrimoine de notre île et que sa gestion, qui relève certes de la responsabilité de l’État, concerne directement tous les Réunionnais. 

- Considère que l’intention de l’État de vendre à un pays étranger 7 hectares dont une partie relève du DPM constitue un acte d’une extrême gravité. 

- Observe qu’en l’espèce la cession envisagée de la totalité de ce foncier au groupe IBL permettrait à des intérêts extérieurs à notre île, d’acquérir la pleine propriété d’un complexe hôtelier situé sur un emplacement stratégique et emblématique de l’offre touristique. 

- Constate que l’engagement par l’État de négociations directes avec le groupe IBL n’a pas permis que puissent être étudiées d’autres options permettant à des investisseurs réunionnais de se positionner. 

- Considère que la cession d’un foncier aussi stratégique à un acteur extérieur tourne le dos aux intérêts de La Réunion et donc de la France. 

- S’inquiète de la prise de contrôle par des acteurs extérieurs de certains pans de notre économie au détriment des acteurs réunionnais (activités dans les secteurs sucrier, de l’eau, de la grande distribution, du tourisme…). 

- Réaffirme la volonté régionale de promouvoir un patriotisme économique réunionnais au profit du développement de notre île. 

- Estime que les contraintes réglementaires et législatives doivent être adaptées ou modifiées si elles ne permettent pas de garantir la maîtrise de nos intérêts fondamentaux. 

- Demande à la Présidente du Conseil Régional d’engager une expertise juridique sur le caractère de l’inaliénabilité et de l’imprescriptibilité de terrain appartenant au Domaine Public Maritime et relevant de la zone des 50 pas géométriques. 

- Demande à l’État de suspendre toute décision concernant le foncier hébergeant le Lux dans l’attente d’une concertation avec l’ensemble des acteurs institutionnels et économiques de La Réunion. 

- Autorise la Présidente à utiliser tous les voies et moyens juridiques, et, le cas échéant, à ester en justice. 

Damien Chaillot