« J'ai considéré que » les Outre-mer, « et nos compatriotes, à ce moment précis de notre Histoire commune, avec tous les risques et dangers, devaient être promus au rang de toute première préoccupation de la Nation » a déclaré le Premier ministre dans sa Déclaration de politique générale, ce mardi devant l’Assemblée. Déclaration froidement accueillie par l’opposition ultramarine.
Défendant le plan « Mayotte Debout », « un plan ambitieux, non seulement pour traiter de l'urgence, mais aussi pour refonder », François Bayrou a estimé, sur la crise migratoire, que « le débat doit être ouvert sur ce sujet, notamment sur les conditions nouvelles d'exercice du droit du sol ».
« La Nouvelle-Calédonie doit construire son avenir. Les événements de mai 2024 ont plongé ce territoire dans un profond marasme » a poursuivi le Premier ministre qui « souhaite que le processus politique reprenne, avec des négociations qui devront aboutir à la fin de ce trimestre ». « J'inviterai en janvier les forces politiques à venir à Paris pour ouvrir ces négociations en demandant au ministre des Outre-mer de suivre particulièrement ce dossier », a ajouté François Bayrou.
« Je pense à tous nos Outre-mer, eux qui sont cette fenêtre ouverte sur le monde que nous vantons souvent et nous enrichissent par leur identité propre. Chacun de ces territoires a sa situation, ses chances et ses difficultés. Nous définirons pour chacun un plan de développement et de financement dans le cadre d'un nouveau comité interministériel des Outre-mer que le ministre d'État préparera avec les élus de ces territoires » a aussi annoncé le Premier ministre
« Il n’y a rien, aucune déclaration, rien de consistant, on ne s’attendait pas à mieux de toute façon », a réagi le député socialiste de Guadeloupe Christian Baptiste. « Je n’ai pas été convaincu par son discours. Ce que j’attends, ce sont les actes », a ajouté son collègue de Martinique, Jiovanny William. « On attendait quelques éléments sur la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, mais pas un mot ».
« Le discours du Premier Ministre était fleuve, pas convaincant du tout ! », a estimé de son côté Max Mathiasin, député Liot de Guadeloupe. « C’est un catalogue de poncifs (…), ce que je veux ce sont des actes ». S’il souligne l’évocation de Mayotte et la Nouvelle-Calédonie, « pour le reste, il nous renvoie au CIOM ». Olivier Serva, lui aussi député Liot de Guadeloupe, appelle à un budget des Outre-mer « à hauteur d’un ministère d’État ».
Plus cinglant, le député de Guyane Jean-Victor Castor (GDR) a « trouvé ça pathétique, pas seulement pour les Outre-mer, pathétique en général ». « Sur Mayotte il n’y a pas de chiffre, rien (…). Comment peut-on déterminer un plan Mayotte s’il n’y a pas un vrai diagnostique sur la réalité », déplore le député.
Du côté des parlementaires de Mayotte d’ailleurs, la députée RN Anchya Bamana évoque « un monde entre la réalité de ce que vivent les Mahorais sur le terrain après deux cyclones et ce que les représentants de l’État remontent ici à Paris ». « Je n’ai pas l’impression que la mesure de la tâche est prise à bras le corps par le gouvernement » estime la députée qui souligne « des urgences de bases pas satisfaites », comme l’accès à l’eau, le logement, l’approvisionnement en nourriture sur l’île.
À l’issue de la déclaration de politique générale de François Bayrou, le groupe LFI a déposé une motion de censure, qui doit être examinée au plus tôt dans 48h. « Le refus du Premier ministre de solliciter un vote de confiance de l’Assemblée nationale à l'issue de sa déclaration de politique générale est un aveu (...) la motion de censure sera l’occasion d’un vote de défiance qui permettra de clarifier la position des parlementaires » déclare le texte.